Photo du jour
Citations du jour
Après Kant, la
philosophie n’est plus guère qu’un genre littéraire parmi d’autres. La science
l’a détrônée.
Jean-François Revel
Dans l’ensemble, la pensée antique n’a au fond plus beaucoup de sens pour
notre temps, même si «ce qu’il y a de
périmé dans l’héritage grec reste ignoré ou n’apparaît qu’à grand-peine. […] Ils
[les Grecs] n’ont plus, en vérité, que peu de choses à nous dire.» Aussi
y a-t-il quelque chose d’absurde et de révoltant à voir s’effectuer un
véritable retour à Platon dans toute une partie de la pédagogie philosophique
actuelle.
La sagesse des Anciens nous est en effet devenue largement étrangère, car
aujourd’hui «la société n’est pas la même. Les sciences, la morale, la
politique… ne sont pas les mêmes. Comment aurions-nous la même vie, la même
façon de nous sauver ou de nous perdre ?»
Laurent-Michel Vacher
La philosophie n’est pas tant amour de la sagesse
qu’amour de la science.
Robert Guarrigues
La majeure partie de la philosophie moderne est d’abord
un désaveu de la pensée scientifique.
Laurent-Michel
Vacher
Trop
souvent, le professeur de philosophie n'est pas un esprit supérieur en cela
qu'il aurait une véritable maîtrise de la problématisation ou de
l'argumentation théorique, mais simplement à cause de sa familiarité avec de
grands auteurs [...].
Laurent-Michel Vacher
Ce
qu'une philosophie devrait être selon moi, c'est d'une part, en harmonie avec
le savoir humain et respectueuse des connaissances acquises, d'autre part,
soucieuse de clarté, d'argumentation rationnelle et d'esprit critique [...].
Laurent-Michel Vacher
Des siècles de discussions
philosophiques et de multitudes de religions ne nous ont strictement rien
appris sur la structure réelle du monde : les découvertes véridiques sont
le fruit de la science, [qui est] notre seul et unique moyen de comprendre le
monde dans sa réalité.
Christian Magnan
Perdre la foi en la science, c’est perdre la foi en ce
qu’il y a de meilleur dans l’homme.
Bertrand Russel
La thèse qu’il existe un monde
extérieur, indépendant des esprits des humains et fait d’une substance
quelconque, est si manifestement utile et si fortement confirmée par
l’expérience la plus ancestrale que nous pouvons affirmer sans aucune
exagération qu’elle est mieux vérifiée qu’aucune autre hypothèse empirique.
Cette proposition est à ce point indispensable qu’il est pratiquement
impossible à quiconque, excepté un aliéné mental ou un métaphysicien
professionnel, de concevoir la moindre raison valable d’en douter.
Martin Gardner
Vidéos du jour
Vidéos pour perdre du temps
Dansons la capucine
Un raton laveur vole des croquettes de chats et
s'enfuit
Shocking Moment
Kangaroo Tries To Drown A Dog
McNugget Rampage (with audio!)
Vidéos pour s’informer
Un grand poète québécois
Pierre Nepveu
Un essayiste québécois que
j’aime beaucoup
Yvon Rivard
Michel Collon, un journaliste fascinant, meilleur qu’André Arthur ou Claude Poirier!
Quoi, vous ne connaissez pas Golman Sachs ?
Banque Goldman Sachs - Les Plus Gros
Arnaqueurs du Monde
Vous voulez prendre position sur la guerre en Syrie?
MICHEL COLLON APRES LA SYRIE C'EST NOUS
Michel Collon - Les Enjeux de la Crise Mondiale /1
http://lucierenaud.blogspot.ca/2013/05/ouvrir-le-21e-siecle-80-poetes.html
La revue Moebius
s'unit aux Cahiers du Sens pour proposer une anthologie
de poésie d'aujourd'hui. Pas question ici d'établir un panthéon des
intouchables, mais d'offrir un portrait vivant, en mouvement, de voix qui, tant
ici que de l'autre côté de la grande mare, ont publié au moins un recueil entre
2000 et 2010. Les éditeurs précisent: « Loin de
nous donc la tentation de verser dans l'antho-nostalgie; nous pencherions
plutôt ud côté d'une antho-énergie (de anthos, fleur, et lein, choisir), car
pratiquer des choix provoque de la turbulence. »
Lucy, Blogue Clavier Bien
tempéré,
J’ai lu avec plaisir cette anthologie. J’ai décidé de vous faire
partager quatre de mes coups de cœur… Je tiens en haute estime, ces maîtres de
la prose. Ce choix est très suggestif bien entendu, vous devez lire les autres
poèmes. Vous pouvez vous procurer l’exemplaire pour la modique somme de 20
dollars. J’espère que dorénavant cette revue fera partie de vos choix de
lecture. Voici mon panthéon, je leur laisse la parole et me tais :
Poèmes du jour
Jean Royer
BLUES
DE L’HIPPOCAMPE *
Je
suis votre fiction, votre image océane
L’hippocampe en rut depuis quatre cent mille siècles
Debout, d’une seule nageoire, j’avance depuis l’éocène Auguste figure du poète, éloge de la lenteur
L’hippocampe en rut depuis quatre cent mille siècles
Debout, d’une seule nageoire, j’avance depuis l’éocène Auguste figure du poète, éloge de la lenteur
Cheval des mers, j’habite une éternité de nuit(s)
Je défie toute grammaire, déroute l’onde des mots
J’appréhende l’étrange langage des herbes et des pierres Poète caméléon, mémoire des profondeurs
Entre l’algue et l’oiseau, j’étais votre premier séjour
Sous mon ventre de mâle amour les constellations de vos désirs
L’énigme du silence, musiques d’origine
Aujourd’hui vos pêches barbares déchirent l’horizon
Nous voici de même poussière, fossiles d’ardoise et de boue
La terre aurait besoin de son eau, quelle était votre soif ?
* "L’hippocampe, mammifère premier et
singulier, est un modeste pèlerin des âges. Comme nous, sœurs et frères
humains, il est une espèce en voie de disparition. Chaque année en effet des
millions d’individus sont pêchés, séchés et utilisés en herbologie
traditionnelle chinoise comme aphrodisiaque. Faut-il tuer des chevaux d’écume
pour faire tourner le carrousel de nos rêves?
Michel Baglin
DÉGATS DES EAUX
À Marie
Claude et Georges Cathalo
Maintenant qu’à n’importe quelle heure du jour et en tout
lieu
l’homme qui lève les yeux contemple un ciel balafré
où les traînées d’avions en tous sens lessivent le bleu,
maintenant que l’acide des pluies brûle les arbres,
que le feu ronge les poumons exténués des forêts à la
façon des
rouilles,
et que les fleuves n’atteignent plus la mer…
Maintenant que les ruisseaux moussent et que les torrents
puent,
que les glaciers tournent en boue et tout le reste à
débâcle,
maintenant que la banquise perd le nord avec ses ours
et qu’on vide la mer de ses poissons et qu’on en racle le
fond
jusqu’à la dernière arête…
Maintenant que les fleuves n’atteignent plus la mer,
que les îles sombrent à leur tour
et qu’au centre de l’océan naît un continent nouveau de
détritus
à la dérive…
Maintenant que le temps nous a eus à l’usure
et que le futur en des flaques nauséeuses s’est décomposé
avec nos utopies…
Oui, maintenant, qui saura dire
à quelle eau encore se laver si toute les sources sont
polluées,
et ce qu’il restera à aimer encore de cette terre qu’on
naufrage ?
Qui saura dire comment soigner une planète bleue dont les
fleuves n’atteignent plus la mer ?
dire à quel puits abreuver encore de sortilèges
l’enfance ?
De quel embrun lui promettre un baptême,
de quelle neige éclairer le voyage ?
Christophe Daupin
BARTOK
La vie est un trait d’insecte aux cris partagés
une veine brûlée jusqu’à l’os
un lâcher tout d’usines
dans l’alphabet de l’homme-brouillard
La vie est la promesse d’un silence
qui saigne le réel
Cet accident
que je découpe ave les ciseaux de la vigne
Chacun l’habite comme un songe
avec un mort à l’intérieur
Chacun l’habite
trente-quatre couchers de soleil
Et un bol de cendres pour tout pourboire
Mais qu’importe
qu’importe aussi que le ciel soit vide
Mes yeux avancent comme le hasard
dans une statue que ta peau éclaire
Mes yeux sont les deux nuits
qui s’endorment sous la rivière
Les deux nuits
qu’un géranium traduit de son sang
Une solitude
aussi tranchante qu’un quatuor à cordes
Le sixième
celui qui vise la tête
avec des balles vitriol
Celui qui réalise le crime parfait
dans la nuit du bourreau
Celui qui étrangle le rêve
avec le gant du réel
Et la nuit déborde
du piano de mes entrailles
un gratte-ciel chavire pour rompre ses chaînes
Je m’allonge alors dans tes yeux
Budapest à portée de rêve
Ville-rivière
Une femme d’écume
baguée comme une vague de fond
autour de chaque doigt
Mes lettres de feu
dans un brasier de lèvres et d’acier
Ton regard
Partition des comètes aux insignes de chiens
Violoncelles d’un horizon rattrapé par ses rides
Ta tête violon-rasoir
d’une ville en dents de loup
Tes poumons
barytons des nerfs
et de voyelles égorgées
Ton cerveau
clavier d’un solfège immigré
dans les mâchoires du Nouveau Monde
que je vomis
New York New York !
L’île des apparences
cernée par la lumière
qui s’effeuille goutte à goutte
dans deux doigts de crasse et de whisky pour 2 $
New York brille
comme ton cadavre
Balance tes fenêtres par-dessus bord !
Gratte et essaye de vivre
Un paysan sans terre bouge dans ta tête
gratte et essaye de vivre
Le regard noyé dans une page de vin
Le regard cassé comme une vitre
Gratte et essaye de vivre
Joue Bartok ! Joue !
Sur ton piano aux artères tranchées
Tes épaules crachent le sang
les bras coupés
les croix de guerre
Joue Bartok ! Joue !
Il pleut des suicidés entre ciel et la nuit
des amputés de service
aux yeux mangés par les vers
des charniers qui renversent le paysage
Joue Bartok ! Joue !
Squelettes
qui dormez dans la nausée du réel
vous êtes priez d’Être
tripes à l’air !
Joue Bartok ! Joue !
Une femme sur le papier des yeux
une femme merveilleusement nue
sort du violon de la flamme
dont elle est taillée
Il faut à présent
vivre dans la hauteur
Le dur désir de vivre
Je suis en marche
je délivre la pierre-transatlantique de son mur
Dehors un géranium traduit la nuit
L’éternité est anonyme
Denis Emorine
MOARTEA MEREU
Tu es venue me rejoindre alors
Que je ne t’attendais pas.
Je sirotais un café noir
Amer comme il se doit
La mort s’agitait au fond de la tasse
Comme à l’accoutumée.
J’attendais que tu prononces les mots
Que je pressentais
Que tu me dises en cet instant
que les femmes aimées sont éternelles
Ainsi mon père s’est-il retiré avec ma mère
Ainsi prendrais-je congé de mon Amour.
«Il n’a pas souffert» m’a-t-on dit
J’ai eu envie de hurler :
«Qu’en savez-vous ? Il souffrait depuis tant
d’années déjà !»
La bienséance ( ?) a repris ses droits
Je n’ai rien répondu.
Toi et moi
Nous avions quelques millions d’années en commun.
En cet instant
je savais que je te nommerais Amie.
Ton intelligence et ton sourire étaient la plus
Belle des lettres de recommandation
Sans doute aurais-je souhaité que
Tu me parles d’un dieu qui n’existe pas
Mais je ne m’en souviens plus
(Le premier mari de ma mère
Rescapé des camps
Est mort dans ses bras
Quelques années plus tard)
Non
Ne me parle pas de Dieu
Je t’en prie
Je me suis égaré une fois encore
Il n’y a que la mort
Toujours la mort
Elle s’agite toujours au fond de ma tasse
Comme à l’accoutumée.
à Gwen Ladish
Voilà un philosophe que j’aime beaucoup, un grand vulgarisateur…
C’est notre Hubert Reeves québécois de la philosophie… Vous pouvez
retrouver une grande partie de ses œuvres à la maison d’édition Liber.
Michel Vacher (1944-2005)
est un essayiste et professeur de philosophie canadien d'origine française. Il
est né dans une famille modeste d'une petite ville discrète du Massif central.
Un diplôme de licence ès-lettres en philosophie et une scolarité de troisième
cycle en poche, il arrive au Canada en septembre 1966 pour un stage de deux ans
comme enseignant en philosophie dans le cadre d’un programme de coopération. Il
restera au pays, où il enseignera à ce qui s'appellera bientôt le collège
Ahuntsic et qui portait alors le nom d'Institut de technologie Laval. «Peu
importe les raisons profondes (était-ce mon allergie à la hiérarchie sociale
française, ou bien l’attirance pour la vie relativement facile qui s’offrait à
moi, etc.), le fait est que mon choix [de rester] s’est avéré définitif et
dénué d’hésitation» (Une petite fin du monde, 2005).
Caractérisée par une
très grande clarté de l'expression, son écriture engagée et polémique est mise
au service d'une pensée réaliste et matérialiste de plus en plus sensible aux
avancées de la science. Réfractaire à toute forme d'idéalisme, d'irrationalisme,
de métaphysique, tant du point de vue philosophique que du point de vue
politique, à partir des années 1980, sa réflexion suivra essentiellement deux
voies thématiques: l'une consacrée à faire comprendre et à défendre le travail
de la raison scientifique
Défenseur acharné du
rationalisme, du matérialisme et de l'humanisme, Laurent-Michel Vacher, se caractérisait aussi par «sa soif de
connaissance, son acharnement au travail, son souci de clarté, son engagement
politique à gauche, son admiration pour la science, son sens critique».
Pédagogue dans l'âme et activiste intellectuel, il était attaché à «la
diffusion des connaissances et des opinions» et n'avait pas son pareil pour
déclencher de stimulants débats d'idées.
Giovanni Calabrese, éditeur
du professeur Vacher
Livre du jour : La passion du réel La philosophie devant les sciences
Les mathématiques ne portent que sur les idées (et non des objets
matériels) ; elles sont l’étude rigoureuse, systématique et idéalisée des
structures formelles et des relations abstraites, ce qui suffirait à en faire
la base obligée de toute construction théorique, quelle qu’elle soit. Et
pourtant la philosophie contemporaine est, pour l’essentiel, demeurée
absolument étrangère à l’évolution foudroyante de la pensée mathématique.
A défaut des outils
intellectuels fantastiques qu’elles (les mathématiques) mettent à notre
disposition, les humains n’auraient probablement jamais pu sortir de l’état
d’ignorance et d’impuissance où ils étaient voici 5000 ans.
…
Le philosophe s’étant mué en obsédé de l’irréel et sectateur du paradoxe,
tout ce qui lui rappelle le réel et le sens pratique devant être écarté de sa
route, et la pensée scientifique étant devenue, sur le terrain de la
rhétoricité, son principal concurrent ou son ennemie inavouée, il n’a de cesse
de la contenir et de la discréditer à défaut de
pouvoir, mis à part quelques cas exceptionnels, l’embrigader dans son
combat douteux. Il combine donc au besoin toutes les stratégies disponibles
pour parvenir à la détourner ou à la disqualifier.
…
La philosophie telle que la culture occidentale moderne l’a conçu comporte
intrinsèquement 3 moments complémentaires et indissociables : l’exercice critique ; la
recherche du vrai ; la quête d’une sagesse
ou d’un art de vivre.
Le fait frappant, c’est que chez la plupart des «grands intellectuels»
contemporains, la première dimension a tendu à l’emporter sans mesure sur les 2
autres. De son côté, si la troisième est demeurée vivante chez de nombreux
essayistes, écrivains et gens de culture, elle s’est trouvée au total assez mal
représentée parmi les philosophes reconnus comme tels.
…
Se pourrait-il que les philosophes qui attaquent le scientisme et font mine
de défendre contre lui l’art ou la moralité songent surtout à garantir
indirectement une place à part pour leurs propres spéculations ? Car ce
qu’ils voudraient, c’est réserver à leur discipline une validité cognitive d’un
type spécial et autant que possible supérieur, une sorte de super-connaissance
spirituelle, philosophique ou métaphysique, dont on attend encore, après des
siècles, qu’on nous fournisse un seul exemple vraiment probant.
…
On désigne par scientisme la thèse selon laquelle, en matière de connaissance théorique et de savoirs sur le monde réel, le meilleur des acquis humains réside pour l’essentiel dans ce qu’on appelle les sciences, qui nous offrent le seul espoir raisonnable de découvrir ce qu’il en est du réel.
La contribution à nos connaissances proprement dites de l’art, de la
littérature, de la morale, de la spiritualité, du vécu affectif et ainsi de
suite, tels qu’énumérés à l’instant, sans parler des métaphysiques ou des
idéologies, est au mieux accessoire, au pis négative.
…
L’état lamentable de la philosophie actuelle, qui s’est peu à peu réduite à
n’être qu’une discipline d’une part repliée de façon stérile sur son passé (se
consacrant avant tout à des entreprises essentiellement rhétoriques de
réinterprétation perpétuelle des grandes
pensées classiques et de l’histoire de la philosophie) et de l’autre vouée aux
modes les plus insignifiantes, à la fumisterie verbale, à l’obscurité la plus
absconse et vaine ou à l’imposture intellectuelle pure et simple
(poststructuralisme, déconstruction, relativisme, nihilisme, hypercriticisme,
postmodernisme, pour ne pas dire, dans quelques cas extrêmes,
quasi-pataphysique négative et involontaire), cet état, donc, pourrait
peut-être s’expliquer en bonne partie par l’action dévastatrice de cette
nouvelle et décisive rivalité (inavouée) de la part de la connaissance savante.
…
De Kant à nos jours, le pont aux ânes de la critique philosophique de la
science, c’est le constructivisme épistémologique. Toute connaissance,
argue-t-on, n’est jamais qu’une
construction subjective et historique, conditionnée par l’esprit humain et par
les limites même de la perception animale et humaine, de nos structures
mentales, de nos traditions socioculturelles, de nos méthodologies
scientifiques ou de tout ce qu’on voudra.
Ce paradigme constructiviste infecte
de manière endémique tout discours prétentieux sur la connaissance : tout
«connu» n’est par définition qu’un construit, voire une pure et simple
création, de sujet connaissant.
La «connaissance» humaine ne nous
livrerait donc pas une (impossible) «vérité objective» sur un «réel»
indépendant ou en soi (dont nous serions à jamais coupés), mais seulement des
modèles ou représentations inventés de toute pièce, relatifs et entachés d’une marge irréductible d’arbitraire –
modèles et représentations qui engendreraient leur objet tout autant, sinon
davantage, qu’ils ne le découvriraient.
Ce genre de bavardage pontifiant et équivoque exprime l’un des dogmes
philosophiques dominants de notre temps. Cette vulgate paraît inséparable d’un
certain ethos aristocratique soucieux de montrer qu’il plane au-dessus de la
réalité commune où peinent ouvriers, techniciens, marchands et
expérimentateurs, esprits réputés inférieurs et non critiques puisqu’ils
croient «naïvement» à la réalité des choses et à la vérité des savoirs qu’ils
en ont.
…
Des idées clés, puissantes, étranges et belles, mais parfaitement
compatibles avec le réalisme et l’objectivité, sont régulièrement sorties des grandes théories scientifiques
contemporaines. Il ne fait guère de doute que l’histoire des idées au vingtième
siècle retiendra que la relativité a renouvelé profondément notre compréhension
de l’espace et du temps, que la théorie quantique a suggéré un fondement
probabilitaire de la nature, que la chimie a élaboré une véritable conception
moléculaire et électronique du monde matériel, que la biologie a entamé le
décryptage de la logique du vivant, pour ne prendre que quelques exemples.
Pendant ce temps, les philosophes patentés «produisent des concepts» aussi
douteux et stériles que la «mise entre parenthèses» de Husserl, la «dualité
ontologique de l’en-soi et du pour-soi» de Sartre, le «retrait de l’Être» de
Heidegger ou la «différance» de Derrida, la «liberté absolue de Sujet
transcendant» de Luc Ferry, pour ne dire de la «ritournelle» de Deleuze et
Guattari, et s’attardaient à disserter sur l’abolition du réel, l’impossibilité
de la connaissance vraie de la chose en soi ou la dissolution de tout
déterminisme.
Livre du jour
La passion du réel
La philosophie devant les
sciences
Laurent-Michel Vacher
Maison d'édition Liber
Maison d'édition Liber
Fondées en 1990, les
éditions Liber publient des études et des essais en philosophie, en sciences
humaines et en littérature. Depuis 2006, elles ont lancé une collection de
poche, la «petite collection»; une collection de psychanalyse dirigée par
Michel Peterson, «Voix psychanalytiques»; et, en collaboration avec la
Fondation pour l'art brut et l'art thérapeutique du Québec, la collection «Les
impatients», dirigée par Andrée Lajoie. Les Éditions Liber publient également
des ouvrages de réflexion en éthique publique et biomédicale, ainsi que sur la
pratique clinique en santé mentale.
Wikipédia
Aucun commentaire:
Publier un commentaire