Photos du jour
Scott
Van Duzer, propriétaire d’une pizzéria de Ft. Pierce, en Floride, a soulevé
Barack Obama dans les airs aujourd’hui après que le président eut passé une
remarque sur son physique imposant. Van Duzer est un républicain.
(Photo
AP)
On évalue que
Barack Obama pèse 180 livres. Scott Van Duzer pourrait-t-il en faire autant
avec Newt Gingrich ? On évalue son poids entre 275 et 300 livres.
Ducalme, Cyberpresse
Citations du jour
Interrogé sur ce qui occupait le plus son
esprit, Stephen Hawking a cependant répondu au magazine New Scientist: «Les femmes. Elles sont un mystère total.»
Stephen Hawking
Les rêves sont les clés pour nous sortir de nous-mêmes.
Georges
Rodenbach
La communication
repose sur le même principe et sur les mêmes pratiques que la vente : le
bon communicateur est celui qui sait s’ajuster au récepteur du message. En créateur talentueux, il contrôle le
désordre en établissant une logique entre des éléments qui sont souvent
disparates.
Jacques
Languirand
Languirand
a récemment écrit qu’il tenait à remercier tous les auteurs qu’il a «pillés»,
même si habituellement, il indique ses sources. À vrai dire, j’en viens parfois à ne plus savoir au juste ce qui est de
moi. Mais je ne m’en soucie guère. Il m’arrive même de me demander s’il est
possible pour un individu d’avoir une pensée originale.
Jacques
Languirand
Les politiciens sont comme les tapis : toujours plus propres après avoir
été battus.
Albert Brie
Chacun a son domaine. Le mien est l’assassin multiple.
Truman Capote
Je ne me sens pas en rivalité avec les autres écrivains. Parce que je n’en
connais aucun qui traite les mêmes sujets que moi.
Truman Capote
L’État est notre serviteur et nous n’avons pas à en être les esclaves.
Albert Einstein
Le droit de supprimer tous ceux qui nous agacent devrait figurer en
première place dans la constitution de la Cité idéale.
Cioran
Cioran
Vidéos et Conférences du jour
Ce
vidéo est associé à un poème de la section poésie, c’est émouvant, j’aime le
choix des mots…
Être handicapé
de Rolling Man
Jack Kerouac
interviewed by Fernando Pivano
Crusing with
Jack Kerouac
Indonésie: sur
les berges du Citarum, le "fleuve le plus pollué au monde"
Si vous voulez un autre point de vue qu’Éric Duhaime sur
l’actualité. Écoutez Benoit Perron sur
les élections provinciales, dans le cadre de l’émission du 4 septembre à Zone
de résistance :
Si vous ne souriez pas, je ne vous crois pas!
Les Cavaliers de
la CAQ
Saviez-vous
qu’Apocalypse Now, de même qu’Aguirre, la colère de Dieu sont des
adaptations de romans de Joseph Conrad?
Au coeur des ténèbres, de Joseph Conrad
Au cœur des ténèbres
(titre original : Heart of Darkness) est une longue nouvelle de Joseph
Conrad, parue en feuilleton dans une revue1
en 1899.
Elle relate le voyage de Charles Marlow, un jeune
officier de marine marchande britannique, qui remonte le cours d'un fleuve au
cœur de l'Afrique noire. Embauché par une compagnie belge, il doit rétablir des
liens commerciaux avec le directeur d'un comptoir au cœur de la jungle, Kurtz,
très efficace collecteur d'ivoire, mais dont on est sans nouvelles. Le périple
se présente comme un lent éloignement de la civilisation et de l'humanité vers
les aspects les plus sauvages et les plus primitifs de l'homme, à travers à la
fois l'enfoncement dans une nature impénétrable et potentiellement menaçante,
et la découverte progressive de la fascinante et très sombre personnalité de
Kurtz.
Orson Welles avait projeté d’adapter Heart of Darkness (pour la RKO), avec une hypothèse de « caméra subjective » – il aurait lui-même joué le rôle de Kurtz – mais ce projet n'a finalement jamais abouti2.
Le film Apocalypse Now de Coppola transpose le récit dans le contexte de la guerre du Viêt Nam. La trame (un bateau remontant une rivière au cœur de la jungle) et les thèmes abordés (la « déshumanisation » de l'homme au fur et à mesure qu'il remonte le fleuve) sont identiques.
Aguirre, la colère de Dieu, un film du réalisateur allemand Werner Herzog, sorti en 1972, a également une trame proche, mais transposée dans l'Amérique latine des conquistadors, se rapprochant plus d'un autre livre de Conrad, La folie Almayer.
Le roman de Conrad est également cité à diverses reprises dans le film King Kong de Peter Jackson en 2005, en écho à la progression vers l'île perdue.
Dans le livre Les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt utilise "au coeur des ténèbres" pour analyser un des facteurs explicatifs du totalitarisme; ses vues sont loin d'être actuellement partagées par les historiens.
Wikipédia
L’actualité pertinente
Selon l'étude, Bell/Astral détiendrait
37,8% des parts d'écoute de la télé privée au pays. Parmi les pays du G8, seule
l'Italie a un conglomérat plus puissant au petit écran: le Mediaset Group
contrôlé par l'ex-premier ministre Silvio Berlusconi, qui détient 45% des parts
de marché.
À
l'imagination de ma génération, il n'aura répondu que par la répression et le
mépris. Devant une mobilisation généreuse et fondée sur des principes, il n'aura
répondu que par des attaques personnelles et dégradantes. Depuis le début de
notre grève, il n'a reculé devant aucun moyen pour nous briser, autant comme
mouvement que comme personnes. La loi spéciale et la brutalité policière se
sont doublées d'atteinte à la réputation, de filatures, de déni du droit
d'expression, d'interrogatoires injustifiés par la police, d'attaques nominales
à l'Assemblée nationale, de sous-entendus constants que notre organisation
était à la frontière du terrorisme: tous les coups ont semblé permis,
qu'importent les effets sur la jeunesse.
Gabriel Nadeau-Dubois
Ça m’horripile de penser que des gens aiment bien Option
nationale, mais qu’ils vont voter pour autre chose pour bloquer quelqu’un
d’autre », dit-il. Il voit là une anomalie en démocratie. « [Un mode de scrutin
de type proportionnel], c’est dû depuis longtemps, au Québec. Le système
britannique, ça ne marche pas dès qu’il y a plus que deux partis.
Jean-Martin
Aussant
Tous les partis souverainistes devraient souhaiter
l’instauration d’un mode de scrutin de type proportionnel, même pour des
raisons stratégiques. Jean-Martin Aussant rappelle que René Lévesque était plus
populaire que son parti et que son parti était plus populaire que l’option
souverainiste. Aujourd’hui, c’est tout le contraire : Pauline est moins
populaire que son parti qui, lui, est moins populaire que son option. D’où
l’avantage de la proportionnelle pour augmenter le nombre d’élus souverainistes
à l’Assemblée nationale.
Jean-Martin
Aussant
Il fallait que je quitte, me dit-il au resto où se déroule l'entrevue. Je n'étais plus capable de travailler avec
mon équipe: j'étais impatient, colérique, incapable d'accepter la critique. Ça
ne me dérangeait pas d'être démonisé. Ça montrait que nos idées dérangeaient,
étaient novatrices. Mais ce qui était tough, c'était de faire ça sans avoir
l'appui, en arrière, de l'organisation. Même si certains m'appuyaient, c'était
tiède. J'étais d'accord pour manger les balles, mais si l'appui est tiède...
Gabriel Nadeau-Dubois
L'endettement étudiant, ce n'est pas un plan, au sens
d'un complot. Mais il y a quelque chose de systémique: si on endette les
étudiants, on change leur rapport avec les études. Avec 40 000$ à rembourser,
tu ne seras pas intéressé par la philo ou l'histoire de l'art. Le marketing et
le génie vont te sembler bien plus intéressants. (...) C'est une manière
efficace pour modeler de parfaits petits consommateurs du XXIe siècle.
Gabriel Nadeau-Dubois
Et pour qui
Nadeau-Dubois a-t-il voté? Il hésite, se demande s'il doit confesser ce genre
de truc.
«Certainement
pas pour le PQ, le PLQ ou la CAQ, lui dis-je.
-
Non.
-
Option nationale ou Québec solidaire, d'abord...
-
Oui.»
Gabriel Nadeau-Dubois
Le
possible futur président des USA, Mitt Romney, est multimillionnaire, grand
bien lui fasse, mais ce qui me fait "vomir", en ma qualité
d'Américain du Nord, membre du 99 % qui se fait "plumer" par le 1 %
les plus riches de la population qui possèdent 50 % des richesses des USA et 80
% des actions en bourse (auquel Romney appartient), c'est d'apprendre (voir
article ici référé) que le yacht privé personnel de Romney, amarré pour
quelques jours dans une marina de Tampa, en Floride, arbore un drapeau des Iles
Caïman (l'un des nombreux paradis fiscaux servant à éviter les lois de son pays
pour ne pas payer sa juste part d'impôts), ce qui est juridiquement
"légal", certes, mais sociopolitiquement 100 % "immoral" :
Daniel Clapin-Pépin
Poètes
du jour
Benoît Bourdon
Il
y a ceux
Tiré de la première coupe du monde de slam en
poésie
aux Éditions le Temps
des Cerises.
Il
y a ceux qui se retournent
Pour
regarder s'ils peuvent aider
Mais
tu sais qu'ils ne le feront pas
Ils
le voudraient
C'est
dans leur nature
Mais
ils ne pourront pas aller jusque-là.
Il
y a ceux qui ne t'attendent pas
Pensant
que tu es seul à pouvoir y arriver
Et
qu'ils ne t'aideraient pas en t'aidant.
Il
y a ceux qui sourient
Et
dont on ne sait quoi penser
Il
y a ceux qui ne disent rien
Et
meurent pour toi
Sans
que tu le saches
Il
y a ceux que l'on n'avait pas remarqués
Et
qui nous sont indispensables
Et
que l'on cherche des yeux
Il
y a ceux qui promettent
Il
y a ceux qui oublient
Qu'ils
ont promis
Il
y a ceux qui jugent
Et
qui condamnent
Et
s'endorment sans y penser
Il
y a ceux qui donnent
Et
qui regrettent
Ceux
qui s'interrogent
Il
y a ceux qui ne donnent pas
Et
qui ne le regrettent pas
Il
y a ceux qui t'observent
Et
t'attendent
Au
tournant
Immobiles
Et,
Il
y a tout ceux qui attendent.
Rolling Man
Être
handicapé
Tiré de la première coupe du monde de slam en
poésie
aux Éditions le Temps
des Cerises.
Être handicapé
C’est pouvoir
rester assis
Quand les autres
sont debout
Poser mes fesses
n’est pas un souci
Il n’en est
pas de même pour vous
Être handicapé
C’est pouvoir
vous mater
Quand je vous
vois comme un troupeau de bœufs
Désolé de vous
énerver
Mais moi je fais
jamais la queue
Être handicapé
C’est faire
exprès
De faire tomber
des trucs par terre
T’appelles une
nana
Et quand elle
ramasse
Tu fais ton
petit pervers
Être handicapé
C’est un peu
être roi
J’ai toute ma
cour
Autour de moi
Pour faire mon
ménage
Ou préparer mes
repas
Être handicapé
C’est se faire
laver
Par une
infirmière
Super bien
roulée
Et des fois même
par des stagiaires
Être handicapé
C’est aussi les
phrases cliché
«Oui tu
comprends je veux pas gâcher
Notre amitié»
Être handicapé
C’est avoir un
bon point de vue
Quand dans le
métro je suis installé
Je suis à
hauteur de vos petits culs
Être handicapé
C’est profiter
de la gratuité
Tu veux voir un
musée
Allez viens bébé
La capitale je
t’emmène visiter
Des tas de
choses peuvent se passer
Dans un TGV
Être handicapé
C’est comprendre
et accepter
Les regards mal
placés
«Matez moi de la
tête aux roues
Je m’en fous
Mais par pitié
ne claquez pas vos gosses
Quand ils font
leurs petits yeux tous ronds
Sur moi et mon
carrosse
Être handicapé
C’est un fait
Que je ne
pourrais pas changer
Alors pourquoi
se prendre la tête
Quand on peut
rigoler
Schtroumpf Slameur
Ce
poème est pour John
Tiré de la première coupe du monde de slam en
poésie
aux Éditions le Temps
des Cerises.
Ce poéme est
pour John, enfant américain blanc
Enfants
américain, anglo-saxon et protestant
Ce poème est
pour toi qui penses que ta vie est
classique
Qui penses que c’est
partout comme dans ton
Amérique
Qui comprends
pas pourquoi certains n’ont pas la
télé
Avant de pas
comprendre pourquoi certains n’ont
pas à manger
Toi qui regardes
le Superbowl avachi dans ton
canapé
Un rite accompli
en famille, qui se répète chaque
Année
T’es sûrement
pas méchant, car tu n’as pas que 8 ans
Tu ouvriras tes
yeux quand tu seras un peu plus
grand
Ce poème est
pour Takeshi, enfant japonais de
Tokyo
Enfant d’la
grande ville entre samouraïs et robots
Ce poème est
pour toi qui penses que ta vie est
logique
Qui penses que
le progrès n’est que technologique
Toi qui ne
comprends pas pourquoi certains font la grève
Avant de pas
comprendre pourquoi certains font des rêves
Toi qui regarde
le Superbowl dans la chambre d’un
hôtel-capsule
Après American
Idol, parce qu’il faut, même si
c’est nul
T’es sûrement
pas méchant, car tu n’as que 8 ans
Tu penseras à
toi quand tu seras un peu plus grand
Ce poème est
pour Yasser, enfant palestinien
Enfant vivant
dans un immeuble autour duquel y’a
plus rien
Ce poème est
pour toi qui penses que kamikaze
c’est beau
Parce que papa s’en
est allé se faire exploser dans l’métro
Toi qui ne
comprends pas pourquoi certains ont
une terre
Avant de pas
comprendre pourquoi certains n’ont
Plus d’père
Toi qui regardes
le Suuperbowl dans les vitrines des magasins
En te disant qu’ils
ont du bol, les p’tits enfants
américains
T’es sûrement
pas méchant, car tu n’as que 8 ans
Tu prêcheras la
paix quand tu seras un peu plus
grand…
Ce poème est
pour Abdoulaye, enfant africain,
ivoirien
Enfant-adulte,
petit de taille, dans ces grandes luttes
vouées à rien
Ce poème est
pour toi qui penses que tuer est facile
Parce que tes
petits doigts sont manipulés par des
fils
Toi qui ne
comprends pas pourquoi on s’bat,
pourquoi on
meurt
Avant de pas
comprendre pourquoi on s’barre,
pourquoi on
pleure
Tu regardes pas
le Superbowl : t’as pas l’temps, t’es
trop occupé
À jouer avec de
super balles, sans avoir l’air
préoccupé
T’es sûrement
pas méchant, car tu n’as que huit ans
Tu arrêt’ras la
guérilla quand tu seras un peu plus
grand
Ce poème est
pour Giacomo, fils d’immigrés
italiens
Tes parents
viennent de Bergamo et toi tu te sens
parisien
Ce poème est pour
toi qui penses que te vie est
merdique
Et que ça irait
beaucoup mieux en dévalisant les
boutiques
Ce poème est
pour toi qui ne penses qu’à pé-ta ici
Qui penses que ¨Léonard¨
ça craint pour Leonardo
Da Vinci
Toi qui ne
comprends pas le sens du mot ¨étranger¨
Avant de pas
comprendre le sens du mot ¨autorité¨
Toi qui regardes
le Superbowl parce que tes potes le
font aussi
Toi qui connais
tout du football pour t’rapprocher
d’ton Italie
T’es sûrement
pas méchant, car tu n’as que 8 ans
Tu retourn’ras
là-bas quand tu seras un peu plus
grand.
En
guise de préambule, au livre du jour
Random House publie De sang froid
en janvier 1966. Le succès considérable de ce livre qui se vendra à des
millions d'exemplaires lui apporte tout ce qu'il souhaitait, la fortune, la
célébrité et une vie mondaine éclatante. Il organise lui-même le 28 novembre
1966 un événement mondain légendaire, un bal masqué en noir et blanc à l'hôtel
Plaza à New-York où se pressent 540 invités triés sur le volet.
Wikipédia
Au début de 1965, Capote écrit à un de
ses amis, lui confiant sa déprime et son épuisement; d'un côté il ne veut pas
que Perry soit exécuté, de l'autre il sait que tant que ce ne sera pas fait, il
ne pourra pas terminer ce livre qui l'obsède.
Wikipédia
Chacun a son domaine. Le mien est l’assassin multiple.
Truman Capote
Livre du jour (Partie 1) :
Lawrence
Grobel
Conversations avec
Truman
Truman Capote
est peut-être le plus grand écrivain américain de sa génération. Son roman
le plus connu : De sang-Froid.
En 1967, on sortira une adaptation
cinématographique de son roman qui connaitra un vif succès.
L’histoire est tirée d’un fait vécu, le récit
s’articule autour d’un carnage et de ceux qui l’ont perpétré. L’auteur a
rencontré les meurtriers dans le cadre de son projet d’écriture. Il est le
dernier à leur avoir parlé avant leurs exécutions.
Découvrez Truman Capote
à travers une série d’entretiens avec Lawrence Grobel.
C'est une
épreuve atroce que de se retrouver un jour devant une feuille blanche et d'être
obligé d'aller chercher l'inspiration là-haut, quelque part dans les nuages.
Truman Capote
…
C'est
l'écrivain le plus parfait de ma génération - il écrit les phrases les mieux
balancées mot par mot, cadence par phrases les mieux balancées mot par mot,
cadence par cadence. Je n'aurais pas changé 2 virgules de Petit déjeuner chez
Tiffany, qui va devenir un classique.
Norman Mailer
…
Je me souviens aussi d'un professeur au collège qui disait
que lire Lawrence Durell c'était comme de boire du champagne mais que lire
Capote c'était comme de boire de l'eau pure des montagnes. (Il avait également
ajouté que Kerouac c'était du Coca-Cola, qui suscita un ricanement chez
Capote.)
…
Chaque fois que je reprends De sang-froid je le relis d'un bout à l'autre
comme si je n'en étais pas l'auteur. C'est vraiment un récit parfait, vous
savez. Il n'y a pas une ligne à changer.
- C'est aussi votre livre préféré? Demandais-je?
- Non, mon livre préféré est «Les muses parlent.»
…
Je lui parlai d’une enquête sur les goûts littéraires parmi
des adolescents à Cleveland et sur les livres qu’ils aimeraient faire lire à
leurs parents. Le numéro 1 sur leur liste était De sang-froid. Parmi les autres
livres mentionnés figuraient Go ask Alice, I’m OK, you’re OK, Des souris et des
hommes et Le Vieil Homme et la mer.
«Je déteste Le Vieil Homme et la mer, me dit Capote,
mais pour les autres, ça peut aller.»
…
-
Il
y a une charmante histoire, dans le journal
de New York aujourd’hui, à propos d’un gosse de 13 ans qui a pris un magnum 45
et a abattu sa mère d’une balle dans le ventre. Quand on lui a demandé pourquoi
il avait fait ça, il a répondu : «Parce qu’elle voulait que j’aille à
l’école.» Vous voyez, il se passe des choses réjouissantes par ici.
…
-
Êtes-vous heureux d’avoir vécu à notre époque ou auriez-vous préféré vivre
pendant une autre période de l’Histoire?
-
J’aurais
préféré vivre au XVIII ième siècle.
-
Dans quel pays?
-
J’aurais
préféré vivre en France et être très riche.
…
Lorsqu’il commença son enquête sur
le massacre de la famille Clutter à Holcomb, Kansas, Perry Smith et Richard
Hickock n’avaient pas encore été appréhendés. Dès leur arrestation, Capote eut
besoin d’eux avant de se mettre à écrire son livre. Il obtint plus qu’il
n’avait demandé.
«A part l’incarcération dans le quartier
des condamnés à mort, dit-il, je ne pouvais pas m’intégrer plus étroitement à
leur expérience.»
Il passa de longues heures avec eux
tandis qu’ils attendaient d’être pendus; il partagea leurs émotions. C’était
une existence totalement étrangère à tout ce qu’il avait entrepris et il
déclara dans Playboy : «J’en suis arrivé à comprendre que la mort
est le facteur central de la vie. Et cette simple découverte altère
radicalement toutes vos perspectives… Cette expérience a servi à renforcer le
sentiment du caractère tragique de la vie qui m’a toujours hanté et qui explique
cette extrême frivolité dont je donne parfois l’exemple; cette partie de moi se
tient toujours dans un coin sombre, ironisant sur la tragédie et la mort. Voilà
pourquoi j’aime le champagne et habite le Ritz.»
…
-
Avez-vous été la dernière personne à leur adresser la parole?
-
Oui.
J’ai vraiment été le dernier à leur parler.
-
Avez-vous jamais fait allusion à ce qu’ils avaient dit?
-
Vous
savez, ils m’ont simplement dit au revoir. Perry m’a dit : «Au
revoir, je t’aime et je t’ai toujours
aimé.» Perry Smith.»
-
Et comment avez-vous réagi?
-
Eh
bien, j’étais là, debout au pied de la potence. Il y avait autour de moi une
cinquantaine de personne. Elles ne pouvaient pas entendre ce qu’il me disait
parce qu’il chuchotait. J’étais bouleversé… Terriblement bouleversé par cette
scène C’était la goutte qui fait déborder le vase.
-
Cet amour était-il en un certain sens réciproque? Aviez-vous l’impression
de les aimer après avoir partagé de si près leur intimité?
-
Je
ne les aimais ni l’un ni l’autre, mais je ressentais une grande compréhension à
leur égard et Perry m’inspirait une profonde sympathie. Dick, je crois, n’était
qu’un petit truand qui avait perdu les pédales et qui était le vrai responsable
de ces crimes commis, en fait, par Perry. Mais Perry ne les aurait jamais
commis s’il n’avait pas été entraîné par ce que les Français appellent une
folie à deux.
-
Bien qu’ils aient assassiné si froidement une famille de 4 personnes, vous
ne pensiez pas qu’on aurait dû les tuer, n’est-ce pas?
-
Non,
je suis résolument contre la peine capitale mais j’ai assisté à plusieurs
exécutions.
…
-
Les meurtriers multiples croient-ils en Dieu ou sont-ils athées?
-
Ils
croient tous en Dieu.
-
Éprouvent-ils de la honte ou des remords de ce qu’ils ont fait?
-
C’est
là que ça devient très difficile car on n’arrive pas à les faire parler des
crimes qu’ils ont commis et de qu’ils ressentent. C’est là le point crucial.
…
-
Vous avez toujours pensé que le style, plus le contenu était le miroir de
la sensibilité de l’artiste. Les grands écrivains ont-ils plus le souci de la
forme que du fond?
-
C’est une question à laquelle on ne peut
répondre. Flaubert est un grand écrivain et un grand styliste. Il se souciait
plus du style que du contenu. Le contenu, pour lui, consistait par exemple à
sortir une pomme d’un panier et à la poser sur une table en disant :
«Maintenant, je vais faire cette pomme.» Je veux dire qu’à mon avis il se
foutait éperdument de Mme Bovary. Ce qui l’intéressait, c’était de donner forme
à son histoire, de la rendre réelle. C’était un grand styliste. C’est un cas
étrange, Flaubert. Lui qui pouvait écrire des choses aussi admirables,
fantastiques et puis commettre une œuvre horrible comme Petrochette ou Popachette,
je ne sais plus comment s’appelait son dernier livre. Tellement mauvais. Alors,
voilà, je ne sais pas. Henry James, lui, est un styliste absolu.
…
-
Il y a un autre styliste dont je voulais vous parler, Jack Kerouac. Je
sais que vous l’avez rayé de la carte au cours d’une émission de télé, avec une
réplique maintenant célèbre à Norman Mailer qui faisait son éloge et que
voici : Ce n’est pas de l’écriture, c’est du tapage à la machine.»
Pourtant, il a représenté une force pendant quelque temps et...
-
Jack
Kerouac? Qu’est-ce que vous me racontez? C’est un farceur.
-
Vous avez lu Sur la route?
-
Bien sûr que je
l’ai lu.
-
Le livre a annoncé une époque.
-
Farce, farce, farce.
Livre
du jour : Lawrence Grobel
Conversations avec
Truman
Capote
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