Photos du jour
Partez à la rencontre d'images, des images inoubliables:
Citations du jour
Nous sommes tous des miroirs où des gens
cherchent des étrangers.
Gilles Vigneault
Je n’ai rien vu
Je n’ai rien goûté
Je n’ai rien souffert
Et soudain l’âge bondit sur moi comme une panthère noire
Alain Grandbois
Dans un univers passablement absurde, il y a quelque chose qui n'est pas absurde, c'est ce qu'on peut faire pour les autres.
André Malraux
Un jour j'ai sorti un livre, je l'ai ouvert et c'était
ça. Je restais planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l'or
à la décharge publique. J'ai posé le livre sur la table, les phrases filaient
facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre
énergie et était suivie d'une semblable et la vraie substance de chaque ligne
donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose sculptée dans le
texte. Voilà enfin un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. L'humour et la
douleur mélangés avec une superbe simplicité. Le début du livre était un
gigantesque miracle pour moi. J'avais une carte de la Bibliothèque. Je sortis
le livre et l'emportai dans ma chambre. Je me couchai sur mon lit et le lus. Et
je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé
l'écriture. Le livre était Ask the Dust et l'auteur, John Fante. Il allait
toute ma vie m'influencer dans mon travail.
Charles Bukowski, 1979
Dimension
importante de la vision de tout changement personnel ou social selon Jacques
Languirand
Il
faut faire partie du problème ou en subir les effets pour y être véritablement
sensible et attentif. Et c’est pour cette raison que, malgré des efforts évidents,
les dirigeants politiques sont incapables de résoudre les problèmes qui
assaillent la population : ils vivent à côté des problèmes, puisque
ceux-ci les touchent rarement, eux qui sont dans un autre monde.
Jacques Languirand
Nous
ne sommes pas des enfants de Dieu – à moins de prendre la formule au sens
métaphorique – mais plutôt des éléments du Tout comme on dirait des molécules
en parlant de la matière organique. Nous venons de l’Éternel et nous devons y
retourner. La mort, c’est le billet de retour, Pour celui qui comprend, il n’y
a rien de plus joyeux que la mort. […]
Jacques Languirand
À
travers lui, j’ai compris la différence qui existe entre un poète et un
écrivain. Le fait que tous les 2 écrivent, plongent le style dans l’encre et
alignent des mots sur le papier, pourrait nous laisser croire qu’ils sont d’une
même essence. Rien ne serait plus faux. Si l’homme juge son semblable et la
vie, par l’extérieur, par ce qui limite
(comme le fait un écrivain), le poète, lui , s’identifie à l’être ou à
la nature qu’il chante, se coule à l’intérieur.
Jacques Languirand
Se justifier, tel est le premier
devoir envers soi-même.
Jacques Languirand
Comme on peut se
tromper sur la véritable personnalité des êtres ! Il suffit parfois de
s'attacher à un détail pour que s'édifie autour un personnage imaginaire.
Jacques Languirand
J’ai
envoyé une lettre de soutien au Sex Pistol quand ils ont sorti God Save the
Queen en Angleterre, parce que j’ai toujours dit qu’il n’y a rien à attendre de
ce pays tant que 20 000 personnes n’auront défilé en criant ENCULEZ LA
REINE! Et je suis solidaire des Sex Pistols parce que c’est une critique
constructive, nécessaire d’un pays en faillite.
William S. Burroughs
Les chats nous
reflètent profondément. Ils ont ouvert une brèche de compassion en moi. Je me
rappelle être resté au lit à pleurer en pensant qu’une catastrophe nucléaire
pourrait les détruire.
William S. Burroughs
Vidéos et Conférences du jour
Entrevue géniale, chargée d’émotion…
Julien Poulin
nous parle de Falardeau
Qui est indifférent devant Edgar Fruitier, levez la main?
Edgar Fruitier 1)
tout oreilles et souvent incontrôlable.
Edgar Fruitier
2) évalue les divers supports
d’enregistrement.
Edgar Fruitier
3) vit, enterré sous les disques.
Edgar Fruitier
vit, enterré sous les disques.
Edgar Fruitier
4) a l'oreille qui se fatigue...
Edgar Fruitier a
l'oreille qui se fatigue...
Edgar Fruitier
5) nous parle de lui et de Nadia Boulanger.
L’actualité pertinente
«Au cours des 40 dernières années, le taux de fertilité
au Mexique a chuté de façon dramatique. Donc, le bassin d'immigrants potentiel
est de plus en plus petit, une tendance qui est appelée à continuer. Les années
où des millions de personnes passaient la frontière sont derrière nous.»
Les agents frontaliers américains ont procédé à 1 637 000
arrestations d'immigrants clandestins en l'an 2000. En 2011, ce nombre est
tombé à 286 000.
Le ralentissement de l'explosion démographique du Mexique
joue aussi un rôle dans la baisse de l'arrivée des Mexicains aux États-Unis.
Les femmes mexicaines auront en moyenne 2,4 enfants au cours de leur vie,
contre 7,3 enfants en 1960.
9,4 millions, c'est le nombre de personnes nées au Mexique qui
habitaient aux États-Unis en 2000. En 2011, on en comptait 12 millions. Il
s'agit du plus grand mouvement de population d'un pays à l'autre de l'histoire.700 000, c'est le nombre d'immigrants du Mexique qui ont traversé la frontière en l'an 2000 pour s'établir aux États-Unis.
En 2010, ils n'étaient plus que 140 000 à faire de même.
Entre 2005 et 2010, quelque 1,4 million de Mexicains ont
quitté les États-Unis pour regagner le Mexique.
Auteurs
du jour
Jacques Languirand
Hommage
aux femmes de ma vie
À
la mémoire
de
Marguerite, ma mère,
et
de Julie, ma grand-mère;
à
mes vieilles tantes,
Hermine
et Rosalie,
qui
m’ont recueilli
lorsque
je n’avais plus ou aller;
à
Gabrielle
qui
a consacré plusieurs années
de
sa vie à s’occuper de moi;
à
toutes celles qui m’ont pris
dans
leurs bras
lorsque
j’étais petit
et
jusqu’à aujourd’hui
et
tant que je vivrai; […]
à
Yolande,
ma
femme, ma compagne, ma meilleure amie,
pour
le meilleur et pour le pire,
comme
on dit,
depuis
plus d’un quart de siècle
dans
la présente incarnation
et
sans doute aussi depuis plusieurs siècles
à
travers nos vies successives,
dans
les mêmes rôles ou dans les rôles inversés
ou
encore dans des rôles différents;
à
Martine, ma fille, ma préférée
entre
toutes celles que je préfère;
aux
prostituées de ma vie, aux amantes d’un jour,
aux
maîtresses d’un peu plus longtemps
-
Il s’agit
toujours de la recherche de l’Autre;
à
celle qui la première
m’a
laissé découvrir d’une main furtive
les
merveilles du sexe de la femme
et
l’explosion infinie de l’orgasme féminin,
auprès
de quoi la jouissance du mâle
n’est
jamais qu’une éjaculation
-
Au sens de
prière fervente;
et
à toutes celles qui, par la suite,
m’ont
laissé d’une main furtive,
ou
d’un regard
ou
d’un frôlement…»
(Jacques
Languirand, le 5 décembre 1979.)
Bertolt
Brecht
Questions
que se pose un ouvrier qui lit
Qui a
construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ? Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent ce soir-là les maçons ? Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ? Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent ce soir-là les maçons ? Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.
Le
jeune Alexandre conquit les Indes.
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?
Quand
sa flotte fut coulée, Philippe d’Espagne
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans.
Qui, à part lui, était gagnant ?
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans.
Qui, à part lui, était gagnant ?
A
chaque page une victoire.
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait?
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait?
Autant
de récits,
Autant de questions.
Autant de questions.
Thomas Bernhard
Extrait
du roman Oui
Nous n'arrêtons pas de chercher partout
des raisons cachées et nous
n'avançons pas, nous ne faisons que tout compliquer et embrouiller encore davantage ce qui est déjà assez compliqué et embrouillé. Nous cherchons quelqu'un à accuser de notre sort, que, pourtant, la plupart du temps, si nous sommes honnêtes, nous ne pouvons appeler que malchance.
n'avançons pas, nous ne faisons que tout compliquer et embrouiller encore davantage ce qui est déjà assez compliqué et embrouillé. Nous cherchons quelqu'un à accuser de notre sort, que, pourtant, la plupart du temps, si nous sommes honnêtes, nous ne pouvons appeler que malchance.
Nous nous creusons la tête pour savoir
ce que nous aurions dû faire autrement, ou mieux, ce que nous n’aurions peut-être
pas du faire, parce que nous y sommes condamnés, mais cela ne mène à rien. Nous
nous disons: la
catastrophe était inéluctable, et, pendant un moment, mais pas longtemps, nous nous tenons tranquilles.
catastrophe était inéluctable, et, pendant un moment, mais pas longtemps, nous nous tenons tranquilles.
Et puis nous recommençons à poser toutes les
questions depuis le début, et à creuser, à creuser, jusqu'à ce que nous soyons
devenus à moitié fous. À chaque instant, nous sommes à la recherche d'un ou plusieurs
coupables, pour que tout devienne supportable, au moins sur le moment, mais, naturellement,
si nous sommes honnêtes, nous en
revenons toujours à nous-mêmes. Nous avons pris notre parti du fait qu'il
nous faut
bien, même si c'est la plupart du temps contre notre gré, exister, parce qu'il ne nous restait rien d'autre à faire, et c'est seulement parce que sans cesse et toujours, chaque jour et à chaque instant, nous en avons à nouveau pris notre parti, que nous pouvons aller de l'avant.
bien, même si c'est la plupart du temps contre notre gré, exister, parce qu'il ne nous restait rien d'autre à faire, et c'est seulement parce que sans cesse et toujours, chaque jour et à chaque instant, nous en avons à nouveau pris notre parti, que nous pouvons aller de l'avant.
Et, où nous allons, si nous sommes
honnêtes, nous l'avons su toute notre vie, à
la mort, mais la plupart du temps, nous nous gardons bien de l'admettre.
Et comme nous avons cette certitude de ne rien faire d'autre qu'aller à la
mort, et comme nous savons ce que cela signifie, nous essayons de mettre à
notre service tous les moyens susceptibles de nous divertir ce cette connaissance,
et ainsi nous ne voyons dans ce monde, si nous regardons bien, que des gens
occupés en permanence et toute leur vie à ce divertissement. Cette affaire qui
est chez tous la grande affaire, affaiblit et hâte naturellement l'évolution
qui mène à la mort.
L'après-midi où les Suisses avaient fait
leur apparition, comme j'étais assis à ma place du coin dans la pièce aux
classeurs de chez Moritz, j'avais eu cette pensée en regardant les Suisses. Je
m'étais dit: tous ces êtres, quels qu'ils soient, sont entièrement dominés par cette grande affaire, qui consiste
à se divertir de la mort qui les attend en tout cas. Tout, chez tout le monde,
n'est que divertissement, dérivatif à la mort.
En
guise de préambule, au livre du jour
Random House publie De sang froid
en janvier 1966. Le succès considérable de ce livre qui se vendra à des
millions d'exemplaires lui apporte tout ce qu'il souhaitait, la fortune, la
célébrité et une vie mondaine éclatante. Il organise lui-même le 28 novembre
1966 un événement mondain légendaire, un bal masqué en noir et blanc à l'hôtel
Plaza à New-York où se pressent 540 invités triés sur le volet.
Wikipédia
Au début de 1965, Capote écrit à un de
ses amis, lui confiant sa déprime et son épuisement; d'un côté il ne veut pas
que Perry soit exécuté, de l'autre il sait que tant que ce ne sera pas fait, il
ne pourra pas terminer ce livre qui l'obsède.
Wikipédia
Chacun à son domaine. Le mien est
l’assassin multiple.
Truman Capote
Livre du jour (Partie 2) :
Lawrence
Grobel
Conversations avec
Truman
Capote
Truman Capote
est peut-être le plus grand écrivain américain du vingtième siècle. Son roman
le plus connu : De sang-Froid. En 1967, on sortira une adaptation
cinématographique de son roman qui connaîtra un vif succès.
L’histoire est tirée d’un fait vécu, le récit
s’articule autour d’un carnage et de ceux qui l’ont perpétré. L’auteur a
rencontré les meurtriers dans le cadre de son projet d’écriture. Il est le
dernier à leur avoir parlé avant leurs exécutions.
Découvrez Truman Capote
à travers une série d’entretiens avec Lawrence Grobel.
-
Et les écrivains étrangers?
-
Les étrangers.
Il y a 2 ou 3 écrivains d’Amérique du Sud que j’admire. J’aime Marquez qui a écrit 100 ans de solitude. Il a
un très grand talent. Je ne crois pas
que Camus, même si je l’ai aimé personnellement, reste dans les mémoires. Ou
bien Sartre, ou encore, Dieu nous en garde, Simone de Beauvoir.
(Dans le
chapitre «Monstres à l’était pur» de Auswered Prayers, Capote décrit Sartre et
Beauvoir au bar du Pont-Royal à Paris. «A l’époque, le Pont-Royal avait, en
sous-sol, un petit bar aux fauteuils de
cuir qui était l’abreuvoir favori de tous les soiffards galetteux de haute
Bohème. Bigleux, blafard, pipe au bec, Sartre et sa nana sur le retour,
Beauvoir, étaient en général installés dans un coin comme les 2 marionnettes
abandonnées d’un ventriloque.»)
-
Quel est votre avis sur Gore Vidal en tant qu’écrivain?
-
Il n’a jamais
écrit un roman lisible à l’exception de Myra Breckinridge qu’on peut
feuilleter à la rigueur. C’est le seul de ses livres qui ait une ombre
d’originalité. Ses romans sont incroyablement mauvais. Ses essais sont très
bons, en général. Surtout s’il ne hait pas
trop quelqu’un… alors, ils peuvent-être excellents.
…
-
William Golding a le prix Nobel. Qu’en pensez-vous?
-
Ah,
ça! (Rire) Je crois que c’est une des grandes farces du siècle. Quand on pense
à ceux qui ne l’ont pas eu. E. M. Forster, Proust, Karen Blixen qui en avaient
tellement envie, et ce n’est rien du tout… Mais ils ont aussi donné le prix à
de parfaites nullités. Je veux dire, pour moi, Sa Majesté des Mouches est une des grandes filouteries de notre
époque. Ensuite, il a écrit 7 romans que
j’ai tous essayé de lire à leur parution. Je veux dire, je connaissais son
existence. Je n’ai jamais pu en finir un. J’étais complètement dérouté par
l’ennui qui s’en dégageait.
…
-
La
seule personne qui auraient dû recevoir
le prix Nobel pendant qu’ils le jouaient à la roulette était Karen Blixen,
parce qu’elle le méritait vraiment.
-
Vous avez toujours considéré La
Ferme africaine comme un des plus beaux livres de ce siècle.
-
Oh,
oui, parce qu’il est parfaitement écrit. Et superbement ressenti. Tout est
réussi, dans ce livre. Il n’y a pas une page qui ne soit pas frémissante de vie
comme la feuille d’un arbre dans la tempête. C’est un écrivain sublime.
-
Joyce ne l’a pas eu le prix Nobel.
-
Jamais
ils ne lui auraient donné. Il faut le reconnaître, c’est une petite
organisation assez misérable. Enfin, voyons, quiconque a décerné le prix Nobel
à Pearl Buck devrait être soumis à un examen mental.
-
Beaucoup de critiques ont approuvé la nomination de Saul Bellow. Qu’est-ce
qui vous déplaît tant dans son œuvre?
-
Oh,
Saul Bellow est un écrivain nul. Il n’existe pas. Citez-moi un seul livre de
Saul Bellow qui mérite le moins du monde qu’on s’en souvienne, un seul chapitre
même.
-
J’ai toujours aimé Henderson le faiseur de pluie, entre autres.
-
Oh,
non. Insipide, insipide.
-
Avez-vous lu toute son œuvre?
-
Oui,
j’ose le dire. Je l’ai beaucoup lu en diagonale, mais j’ai connu Saul Bellow
depuis ses débuts et je pense que c’est un homme ennuyeux et un écrivain
ennuyeux. Salut, Saul, comment ça va?
-
Avez-vous la même opinion de Philip Roth?
-
Oh,
encore plus arrêtée. Philipe Roth est très drôle dans un salon mais… n’en
disons pas plus.
-
Parmi les écrivains dits «juifs», y
en a-t-il que vous trouvez lisibles?
-
Norman
Mailer a écrit des choses que j’aime bien. Je crois qu’il espère obtenir le
prix Nobel. Je crois qu’il y pense beaucoup.
-
Quels sont les autres lauréats possibles? Un homme comme Michener, par
exemple?
-
Oh,
James Michener… il fait bien l’affaire des éditeurs. Je suis content qu’il soit
chez Random House. Ce sont mes éditeurs aussi. Il remplit leur tiroir-caisse.
-
Avez-vous jamais lu ses livres?
-
Jamais,
non, si bien que je n’ai pas d’opinion. Jamais il n’a écrit quelque chose
susceptible de m’intéresser le moins du monde. Pourquoi, diable, irais-je lire
un livre intitulé Chesapeake?
-
Que pensez-vous de John Updike,
encore lauréat possible de Nobel?
-
Je
suis sûr qu’il l’aura. Je le déteste. Il m’ennuie à périr. Il est comme une
goutte de mercure que vous mettez au creux de votre main et que vous essayer
d’attraper. Elle file à gauche, à droite et jamais vous ne pouvez la retenir,
et vous coule entre les doigts, insaisissable. De toute façon, il est tellement
maniéré… Le style, ça existe, les stylistes, ça existe. Je me considère
moi-même comme un styliste. Lui est maniéré, pas styliste, parce que son
écriture n’a rien de personnel. Tout est toujours distordu dans un sens ou un
autre. On sent à l’oreille les efforts de vocabulaire; on en prend une
conscience si envahissante en le lisant qu’on perd tout contact avec le récit.
…
-
Quelle est votre opinion sur Robert de Niro?
-
Je
ne suis jamais capable de le reconnaître d’un film à l’autre. Je ne sais donc
jamais qui il est au juste. Pour moi c’est l’homme invisible. Il n’existe pas.
On vous annonce sur l`écran un
certain Robert de Niro et vous voyez apparaître quelqu’un que vous n’avez jamais vu de votre
vie.
-
Mais son personnage ne retient-il pas votre attention?
-
Non.
Je ne l’ai jamais vu dans un rôle qui retienne le moins du monde mon attention.
…
-
Andy
Warhol est un homme très timide doué d’un talent prodigieux pour faire travailler
les autres pour lui. Dans cette usine qu’il dirige, il a 35 ou 40 personnes,
plus ou moins bénévoles qui font toutes pour Andy des choses incroyables et il
n’est pas possible de comprendre au juste l’emprise qu’il a sur elles. C’est
une sorte d’étrange orphelinat pour artistes potentiels.
-
Le considérez vous comme un artiste important?
-
Eh
bien, il a exercé une grande influence sur un tas de gens; quand il était
encore un enfant, Andy Warhol était comme obsédé par moi et il m’écrivait
souvent de Pittsburg où il était au collège. Quand il est venu à New York, il
restait là, planté devant chez moi toute la journée, attendant que je sorte. Il
voulait devenir mon ami, me parler, discuter. Il me rendait à moitié dingue. –
mais j’ai connu beaucoup de personnages obsessionnels dans son genre.
…
-
Vous avez aussi connu John Lennon,
n’est-ce pas?
-
Oh, j’aimais bien John Lennon. Je l’ai un peu
connu et il m’a beaucoup plus. Il était très intelligent, sensible, généreux.
Elle, je ne pouvais pas la piffer. Sa
Jap. C’était une vraie parano. L’être le plus déplaisant de la création, à mon
avis. Et bassinante.
-
Croyez vous qu’elle ait compromis sa veine créatrice?
-
Je
crois que quand les Beatles se sont séparés, ils se sont tous nui les uns aux autres
irrévocablement. Depuis, à mon avis, ce qu’ils ont pu faire ne valait pas un
clou. Regardez ce qui se passe avec les Rolling Stones. Mick Jagger ne fera
jamais rien de bon. Keith Richards est absolument dingue. Les autres ont du
métier mais ils sont déjà vieux et dépassés. Je les ai accompagnés dans cette
tourné et on sentait déjà que toute leur équipe s’effritait.
…
-
Que pensez-vous de Mick Jagger?
-
Mick
m’ennuie. Je les trouve tous barbants; les Rollings Stones ne m’ont jamais
intéressé. Si vous aviez vu Mick Jagger sur scène aussi souvent que moi, il
vous laisserait froid comme la glace sauf qu’il fait vraiment preuve d’une
énergie extraordinaire et qu’il est capable de répéter à satiété le même scénario
avec une parfaite précision. Je veux dire, il n’y pas l’ombre d’une variation
dans leurs concerts. Tout est exactement pareil. Chaque mesure, chaque parole,
chaque mouvement. Et ce manque total d’improvisation, alors qu’ils jouent la
spontanéité et l’invention, a quelque
chose de fastidieux. Mais je crois que c’est un homme d’affaire exceptionnel. A
peine a-t-il quitté la scène qu’il sort
une calculette de sa poche. On ne peut pas être plus conventionnel que lui. Le
type qui joue du saxo avec eux, Bobby, est pourri de talent mais détraqué. Et
puis, il y a l’autre, le pianiste, très conventionnel, lui aussi. Oh, ce qu’il
peut être borné. Ça m’amusait toujours de le voir arriver au travail, habillé
comme le premier vendeur de rayon de chapellerie. Ensuite, il entrait dans sa
roulotte pour s’y déguiser en Rolling Stone et ressortir prêt à monter sur
scène. Il tapait sur son piano avec ce
style frénétique, déchaîné et comme un soldat de plomb, remettait son complet
de chef de rayon et disparaissait dans la foule.
…
-
Et les chansons de Bob Dylan?
-
Jamais
je ne l’ai aimé. Je l’ai toujours considéré comme un imposteur. Il n’est
certainement pas ce petit garçon naïf avec ses petites chansons simples, etc.
C’est un opportuniste de plus avec un sens aigu de sa carrière et du chemin à
suivre. Lui aussi n’a aucune sincérité. Regardez le merveilleux virage qu’il a
pris entre ses chansons des années soixante et aujourd’hui. Le voilà maintenant
au niveau de Baby Snooks. Je n’ai jamais compris pourquoi les gens aimaient Bob
Dylan. Il ne sait même pas chanter.
…
-
Je
n’ai jamais été une mascotte du jet set. J’ai eu beaucoup d’amis riches. Je
n’aime pas particulièrement les riches.
En fait, je méprise plutôt la plupart
d’entre eux. Je dirais que
presque tous les gens riches de ma connaissance seraient beaucoup plus perdus
que tous les autres sans leur argent. C’est pourquoi l’argent compte tellement
pour eux, pourquoi ils y sont cramponnés
avec l’énergie du désespoir comme les abeilles dans une ruche parce qu’ils n’ont
rien d’autre que leur argent. S’ils n’en
avaient pas, ils seraient complètement démunis.
-
Donc la réponse à la question : «Les riches sont-ils
différents?» est : «Oui, ils ont
plus d’argent»?
-
Non,
non. La vraie différence entre les riches et les gens normaux, c’est que les
riches et les gens normaux, c’est que les riches vous servent des légumes
merveilleux. Des petites primeurs à peine sorties de terre. Du maïs miniature,
des petit pois miniatures, des petits agneaux arrachés aux entrailles de leurs
mères. Voilà la véritable différence. Tous leurs légumes et leurs viandes sont
d’une incroyable fraîcheur.
…
-
Plus tôt, quand nous avons parlé d’avortement, vous avez dit qu’à votre
avis, les femmes devaient avoir le droit d’avorter, ce qui est contraire à la
doctrine de l’Église.
-
Oui,
c’est ça le problème, avec l’Église catholique, enfin, il y a 2 problèmes avec
l’Église catholique. Non, il y a 7 problèmes sans lesquels je serais
catholique, parce qu’il y a beaucoup de choses que j’aime dans cette religion.
-
A quoi
êtes-vous hostile?
-
Leur
attitude vis-à-vis de l’avortement est inadmissible. Leur attitude vis-à-vis de
l’homosexualité est totalement inadmissible. Leur attitude sur le droit ou
non des
prêtres à faire l’amour est totalement inadmissible et ridicule. A mes
yeux, elle ne rime à rien.
-
Cela explique le comportement étrange de certains prêtres.
-
Au
revoir, j’ai dit au cardinal Trucmuche. Vous voilà enfin sorti du placard.
Cette vieille tante hypocrite! Pratiquement tous les prêtres que je connais
sont des homos. Même ceux qui prétendent le contraire. Dans les établissements
de bain de New York, la moitié des clients sont des prêtres. C’est
la pure vérité J’avais l’intention d’écrire ou plutôt j’ai écrit et je peux encore ajouter un
chapitre sur les bains homos dans Answered Prayers. L’un des personnages en
fréquente un. Je connais plusieurs des personnes qui dirigent les bains homos dans ce pays, j’ai eu de
longues conversations avec eux. Il y a un bain homo dans Colombus Avenue à New
York sans rien pour l’indiquer. Pas la moindre plaque sur la porte. Et en haut,
on y trouve l’un des bains homos les plus délirants de l’hémisphère occidental.
Et le type qui dirige m’a dit que le 1/3 de ses habitués étaient des prêtres.
-
Et la croyance en elle-même? Admettez-vous l’idée du Christ et de
l’Immaculée Conception?
-
Non. J’aime
seulement la mise en scène. C’est mieux que le Studio 54.
Livre
du jour : Lawrence Grobel
Conversations avec
Truman
Capote
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