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Le mirage de la croissance verte: Partie 2

Vidéos du jour et entrevues

Il fallait y penser!
Symmetry   

Vidéo produite par la même équipe que précédemment.
The Losers

Qui contrôle les médias au Québec?
Power Corporation et Radio-Canada (RRQ)


Bill Bryson: Three of the most remarkable things I know
Bill Bryson, un grand vulgarisateur.

True Romance - Sicilians
Peut-être le meilleur film de Tarantino, une des meilleures scènes.

Vidéo associée à la musique du jour
AMETHYSTIUM - Shadow To Light 
 
http://www.youtube.com/watch?v=DlzH5Mo6NsY

Citations du jour

Considérer le fait de la dégradation de la biosphère et de la dévastation du biote comme une question parmi d'autres et la traiter à part, voilà qui montre qu'on n'a même pas encore commencé à comprendre. L'écologie serait même à la mode!
                                                                                Paul Chamberland

Un homme amorphe, sans forme, un individu inorganisé est le plus grand ennemi de la société.
                                                                                 Ossip Mandelstam 


L’idée que l’écrit et le livre ont des fonctions éternelles supplantera bientôt la griserie du progrès la plus infantile. Il apparaîtra que la formulation par le mot et la transmission de ces formulations par l’écriture, ne sont pas que des auxiliaires importants, mais sont surtout l’unique moyen grâce auquel l’humanité peut accéder à une histoire et à une conscience durable de soi.
                                                                                  Hermann Hess

Je n'ai pas su comprendre les choses que j'ai écrites, les livres que j'ai lus, les leçons qui m'ont été données, mais je constate que je suis un autodidacte des plus opiniâtres, que je brûle d'être corrigé. Il est très possible que je n'aie pas atteint mes buts, mais quelle satisfaction, néanmoins, que de s'être débarrassé de vieilles erreurs tenaces. Pour entrer dans une ère d'erreurs améliorées.
                                                                                Saul Bellow

Apprivoiser la peur de mourir, ne pas éluder la perspective de sa propre disparition, fait de quelqu’un un dissident. Car c’est ainsi qu’il oppose aux submergeantes puissances d’asservissement et de destruction son intégrité de vivant. Consentir à la mort seul rend libre.
                                                                                 Paul Chamberland

La méchanceté peut être causée par l’absence de pensée.
                                                                                Hannah Arendt

Le monde d’objets qui entoure l’homme prend de façon toujours plus brutale l’expression de la marchandise. En même temps, la publicité tend à effacer le caractère marchand des choses. La marchandise cherche à se voir elle-même en face. Elle célèbre son humanisation dans la prostituée.
                                                                               Walter Benjamin 

L'étape décisive dans la fabrication de la conscience, écrit Damasio n'est
pas de fabriquer des images, de créer les éléments de base de base de l'esprit.
L'étape décisive est de faire nôtres ces images.
                                                                             Antonio Damasio


Poètes du jour


Charles Bukowski

Compagnie

La photo de Céline me
regarde
il a besoin de se raser.
ressemble à un pervers dans les
films.
les yeux voient au travers des murs,
les murs de l’humanité.

la photo de Céline est réconfortante
à regarder quand
les choses vont vraiment mal
ici.

Je le regarde ce soir :

Vois son squelette
danser :

le médecin des
Enfers. 


 Le blogueur

L'intrus

Qui suis-je?
Pertinence de la question.
Créature encéphale.
Je ne me reconnais plus.
Je m'absous.
Je délibère.
Je deviens ce que je suis par l'entremise des autres.
L'entourage me définit...
Le monde m'atrophie.
L'environnement m'hypertrophie.
Je me regarde dans la glace.
Est-ce moi?
Ou le reflet des autres?
Alors j'écris pour me définir...
Je m’autoproclame.
Je m’auto- intellectualise.
Je m’autodétruis.
Procréation assistée.
Je deviens ce que je suis.


Le Procès

Je suis convoqué à la barre.
Je ne veux pas m’incriminer.
J’écoute les témoins.
Je fais un plaidoyer.
J’accuse les mots.
Je suis prêt à succomber,
        sous le joug de mes bourreaux.
Je les poursuis de mes pensées.
Je les invective.
Je suis à la fois le juge et l’accusé.
J’attends mon propre verdict.


Article du jour HERVÉ KEMPF  Le mirage de la croissance verte.
 
Partie 2

 «L’énergie du futur, un concept empoisonné
Il  est étonnant qu’un procédé technique qui hypothèque autant l’avenir des prochaines générations soit présenté comme l’«énergie du futur ». Il n’y a guère de meilleur symptôme de l’irresponsabilité morale de l’oligarchie présente.
Malcom Wicks est un homme intelligent et agréable. Début 2008, il était ministre de l’Énergie du Royaume-Uni. Je l’ai rencontré à l’occasion d’un reportage sur l’héritage nucléaire de ce pays. Depuis les années 1950, le Royaume-Uni collectionne les échecs nucléaires et concentre, à Sellafield, dans le Nord-Ouest, une grande quantité de déchets radioactifs et d’usines contaminées, dont il ne sait que faire. Cela ne l’empêche pas de vouloir construire de nouveaux réacteurs alors que vous n’avez pas de solution pour les déchets produits dans le passé? – La réponse est que nous pouvons trouver une solution. On va entrer dans un processus sophistiqué et complexe pour en trouver une. Les nouveaux réacteurs seront en service en 2017, selon  les optimistes; les prudents parlent de 2020. Ils marcheront 40 ou 50 ans.  Nous avons du temps pour trouver une solution. – Alors vous repoussez le problème à la prochaine génération? – Non, vous ne m’écoutez pas. Ce gouvernement travailliste a dit qu’il fallait trouver une solution, on a mis en place tout ce processus. » Il décrit le «processus» , qui consiste à demander à des communes d’accepter d’accueillir les déchets radioactifs pour des milliers d’années, avant de lâcher : « - OK. Avons-nous une solution spécifique? Non, nous n’en avons pas. Mais nous pouvons être confiants qu’il y aura une solution. Ce n’est pas déraisonnable de commencer à planifier de nouveaux réacteurs qui, oui, produiront des déchets dans 50 ou 60 ans. »
Dans 50 ans, nos petits-enfants pourront dire : «Merci, Papy, de ce merveilleux cadeau! »
Aucun pays au monde n’a réglé la question du sort des déchets radioactifs, contrairement  à ce que laisse croire le lobby nucléariste. La France, dont le président parcourt la planète en vantant comme un pantin «l’énergie du futur », n’est pas plus avancée que quiconque. L’industrie tente d’imposer un site d’enfouissement à Bure (Meuse), malgré l’opposition des habitants et l’incertitude technique majeure quand au volume des déchets radioactifs à cacher pour l’éternité.  Tout à la passion atomique de ses élites, ce pays a réussi à s’enferrer dans un imbroglio unique au monde. Il a choisi  de retraiter les combustibles usées sortis des réacteurs. Cette option réduit fortement le volume des déchets les plus radioactifs, mais en multiplie les espèces, notamment en isolant le plutonium. Cependant, comme ce procédé n’est pas rentable, tous les combustibles ne sont pas retraités, et la France se retrouve, en sus des déchets concentrés usés, tout aussi radioactifs, mais moins chauds et plus volumineux. De surcroit, la France développe le Mox, un combustible mélangeant plutonium et uranium : une fois utilisé en réacteur, il est encore chaud et plus radioactif que les autres combustibles nucléaires.  Si bien que le pays se retrouve avec 3 catégories de déchets dangereux et différents, qui impliquent chacun une solution technique particulière. Et dont aucune n’a été trouvée.

L’impasse mondiale des déchets est telle que les cénacles nucléaristes caressent l’idée de stocker les déchets de plusieurs pays dans un endroit où la population ne protesterait pas. En Russie, par exemple qui n’a pas de site d’enfouissement, mais entrepose ses combustibles usés à Krasnoïarsk, en Sibérie. Ou dans le désert chinois pour l’Asie. Des nations où la possibilité pour les citoyens de connaître et discuter ce qu’on leur fait est, comme chacun sait, immense.
Les déchets nucléaires constituent un problème moral insoluble. Au nom de quoi léguer pour des milliers d’années à des centaines de générations des produits toxiques qui n’auront servi au bien-être que de  2 ou 3 générations?
Le nucléaire, un leurre contre le changement climatique  
Les voyageurs de commerce qui vantent l’énergie nucléaire aux 4 coins de la planète militent activement pour la prolifération des armes atomiques. Le fait est clairement enregistré par les chefs d’état-major – à la retraite – des principales armées occidentales. Dans un rapport destiné à la direction de l’OTAN, ils écrivaient en 2008 qu’«une croissance significative d’énergie nucléaire pour un usage civil (…) générera des risques de sécurité majeurs. La tentation d’enrichir l’uranium au-delà de son usage civil et de détourner le plutonium ainsi produit augmentera certainement et minera le Traité de non-prolifération nucléaire. »  Pour ces sommités militaires, le développement du nucléaire induit une prolifération inévitable.

Le grand écart auquel sont contraints les promoteurs du nucléaire se lit clairement dans l’affaire iranienne. Rappelons-en le noyau technique, sans lequel on ne peut pas la comprendre. La très grande majorité des réacteurs nucléaires requièrent pour fonctionner un uranium «enrichi» en une certaine proportion d’uranium plus lourd. Pas d’uranium enrichi, pas de réacteur. Il est donc assez logique que les principales puissances nucléaires aient cherché à s’assurer de capacités autonomes d’enrichissement. Il est également logique que de grands pays émergents voulant utiliser l’énergie nucléaire veuillent se doter d’usines d’enrichissement. C’est le cas de l’Iran. Mais comme un uranium très enrichi permet de fabriquer des bombes atomiques, qui dit usine d’enrichissement dit bombe atomique.

Les pays occidentaux voudraient donc que l’Iran  renonce à cette capacité d’enrichissement. Ils reconnaissent ainsi que l’énergie nucléaire est un facteur majeur de prolifération. Mais au nom de quoi dénier aux pays émergents le droit d’enrichir eux-mêmes leur uranium?

Accients, déchets, prolifération. Cependant… l’énergie nucléaire n’est pas de gaz carbonique.

C’est exact. Maintenant réfléchissons.
Il y avait, fin 2007, 436 réacteurs en service dans le monde, représentant une capacité électrique de 352 GW.  Cette capacité stagne depuis 1990, et n’assure que 16% de la production d’électricité mondiale. Des experts indépendants, Antony Froggatt et Mycle Schneider, ont rassemblé les prévisions d’augmentation de cette capacité d’ici à 2030, établies par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le ministère de l’Énergie des USA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, le secrétariat de la Convention des Nations unies sur le changement climatique. La prévision la plus élevée situe le nucléaire à 833 GW, soit une multiplication de 2,4 du parc actuel, ce qui supposerait la mise en service d’environ 610 réacteurs sur la période, soit 25 par an. C’est 17 fois plus que le nombre net de réacteurs mis en service chaque année entre 1990 et 2005. Ce chiffre ne sera pas atteint. Pour une simple raison : investir dans le nucléaire est très coûteux – de 5 à 12 milliards de $ le réacteur, relève le Wall Street Journal-, même si l’on ne compte pas plus qu’aujourd’hui le coût de la gestion multimillénaire des déchets.

Mais que représentaient ces hypothétiques 610 réacteurs, en termes d’émissions de dioxyde de carbone? L’AIE, qui est pourtant une ardente avocate de l’énergie nucléaire, a fait le calcul : la mise en service annuelle de 30 GW conduirait à une réduction des émissions de 6% en 2050.
Le jeu n’en vaut pas la chandelle.



Source : HERVÉ KEMPF : Pour sauvez la planète,  sortez du capitalisme, Au Seuil

 

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