Vidéos du jour et entrevues
L’intelligence d’un enfant de 5 ans.
Intelligence Animale par Franck Havidic
Perroquet imitant un bébé.
Le philosophe Michel Onfray parle sur l’amour.
Michel Onfray - Parlez-moi d'amour - RTL
Jean Genest qui a passé une bonne partie de sa vie en prison et qui est devenu écrivain.
Tahar Ben Jelloun sur Jean Genest
Comment un enfant peut anticiper le monde avec un IPad.
Le père du C++ nous suggère 5 langages informatiques qu’on devrait apprendre.
Bjarne Stroustrup: The 5 Programming Languages You Need to Know
Citations du jour
Nous sommes devant un choix horrible. Dans l'ordre des horreurs, l'alternative est la suivante: soit une intervention massive de la BCE, soit la catastrophe.
Le risque est celui d'un désastre économique historique, qui comme la grande dépression des années 1930 conduirait au final l'Europe dans la guerre, a-t-il ajouté.
Jacek Rostowski, ministre polonais des Finances
Notre évolution est tellement aléatoire qu'elle ne pourrait probablement
jamais se répéter.
Stephen Jay Gould
Ce qui importe, c'est d'être prêt: on ne peut pas se promener dans les rues dans l'intention d'écrire un poème ou de prendre une photo, et pourtant il faut y être prêt dès qu'une occasion se présente. Parce que l'oeuvre ne peut venir au monde que lorsqu'on l'a reçu du monde, il faut sans cesse observer le monde, s'appliquer sans cesse à la tâche qui mène au poème, même si nul poème n'en résulte.
Paul Auster
Aujourd'hui la classe moyenne (américaine) en est la plus grande victime, mais rien ne peut faire bouger le système américain qu'il qualifie de non-démocrate, même après l'arrivée d'Obama.
Oliver Stone
La réalité, notamment le pouvoir militaro-industriel américain. C'est un système qui va détruire le monde.
Oliver Stone
Les Américains ne sont pas tellement intéressés dans les problèmes de l'étranger. Ils n'ont pas d'empathie pour eux.
Oliver Stone
Connaître c'est tout d'abord être hanté par ce qui se dérobe à notre prise.
Paul Chamberland
Les impôts ne sont pas une punition, mais le prix à payer pour vivre dans une société civilisée.
Léopold Lauzon
Zumthor Paul
Médiéviste de la fin du XXe siècle, oeuvrant au Québec depuis 1971, il a eu un rayonnement international, enseignant dans plus de cinquante universités à travers les cinq continents, et publiant plus de trente livres qui ont été traduits dans plusieurs langues.
Poète du jour : Paul Zumthor
Viens donc Que rien ne nous amarre
Au port que rien ne
Lie nos lendemains
Entrelacés
Ni le parfum des phrases dans la bouche ni le mot
Tu ni la fleur mûre
Inclinée sur le lac muet de
Nos yeux
Cirque
Vide rêve
Trapèze
au-dessus de nos vies et nous
lancés barre mouvante
à l’équilibre frêle de ce vol
sous le haut chapiteau du ciel
Si loin au-dessus des fauves qui
nous guettent si loin
au-dessus des clowns
nos semblables
des Amazones sans amour
de vous
en rond muet public mains
liées et l’œil
avide
de nous voir tomber et mourir
Entends
Peut-être sonne l’heure
Que ce corps tombe dans tes bras
qu’il meure sous la tendresse du ciel
de la cruauté nue de l’oubli
Tes yeux le verront-ils dans la lueur du soir
ton cœur comprendra-t-il ce qui le brûle
cette torche d’amour épouvanté?
Poèmes du blogueur
Lire entre les lignes
Venez-nous voir quand vous aurez le temps.
Les personnes se foutent complètement de vous.
On se parle plus tard.
La personne s’esquive en espérant ne plus vous reparler de la soirée.
Tu es une bonne personne.
Pire chose qu’une personne puisse dire à une autre, elle n’a que du mépris pour vous.
La personne évoque les nouvelles du sport.
La personne essaie d’attirer votre attention.
La personne émet une critique sur vous à la première rencontre.
La personne n’a aucun respect pour vous, fuyez!
La personne fait montre d’aucune émotion pour un temps continue.
La personne aimerait vous dire franchement qu’elle ne veut rien savoir mais elle s’y prend autrement.
Tu peux m’écrire quand tu voudras.
La personne n’espère plus de vos nouvelles.
Vous êtes dans une soirée et la personne est distante comme si vous n’existiez pas.
Un signe avant coureur que la personne n’est plus intéressée à vous.
La personne se fâche contre vous.
Toujours une bonne nouvelle, la personne tient toujours à vous.
La personne fait l’éloge de votre intelligence.
La personne cherche une porte de sortie pour mettre fin à la conversation.
Un silence soutenu de trois à quatre secondes.
La conversation va prendre fin d’ici trois à quatre minutes.
Vous vous êtes rendus jusqu’à cette ligne.
Des grandes chances que vous lisiez la dernière ligne.
L’état des choses
Jouez Shostakovich.
Enchaînez avec Beethoven.
Déclamer des vers de Maïakovski.
Reprenez la leçon de France Culture.
Reprenez Us and them of Pink Floyd.
Faites-lui admirer un tableau de Turner.
Faites-lui partager la vue du fleuve.
Faites-lui goûter un plat méditerranéen.
Faites-lui boire un vers de jus.
Faites-lui écouter 2001 l'Odyssée de l'espace.
Faites-lui la lecture à voix haute de Chalamov.
Faites-lui écouter le bruit des vagues.
Faites-lui sentir l'odeur des conifères.
Faites-lui sentir l'odeur des fleurs printanières.
Mettez-lui un reportage de la National Géographic.
Aucune émotion.
Aucune réaction.
Débranchez le patient.
J’imagine
Pléthore de corbeaux.
Pléthore d'ovidés.
Ensemble de conifères
Nature luxuriante.
Vue sur le large.
Vue à vol d'oiseau.
Vue à couper le souffle.
Soudain un cours d'eau.
Pâturages à n'en plus finir.
Forêt peuplée de feuillus.
Combien d'insectes jonchaient le sol.
Combien d'hirondelles ont volé par ci par là.
J'essaie de tuer le temps.
Je suis dans une salle d'attente.
Avec une vue imprenable sur un bâtiment pharmaceutique.
J'essaie d'imaginer la flore laurentienne qui peuplait l'espace
du Jean Coutu.
Combien d'hirondelles ont volé par ci par là.
J'essaie de tuer le temps.
Je suis dans une salle d'attente.
Avec une vue imprenable sur un bâtiment pharmaceutique.
J'essaie d'imaginer la flore laurentienne qui peuplait l'espace
du Jean Coutu.
Article du jour HERVÉ KEMPF Le mirage de la croissance verte.
Partie 1
Prypyat est la plus grande ville fantôme du monde moderne. Elle comptait 47 000 habitants le 26 avril 1986. Aucun, aujourd’hui. Mais ses immeubles et ses bâtiments se dressent toujours comme ceux d’une Pompéi qui ne serait pas en ruine. Cet endroit, un des plus étranges de la planète, est singulièrement oublié.
A la porte de la ville, une barrière, la baraque verte de la police, un chat. Un grillage entoure la ville, peuplée de fantômes. Un boulevard, bordé de barres d’immeubles de 5 ou 6 étages, conduit à une place centrale où trône le Palais de la culture. Les vitres des bâtiments ont disparu, mais tout semble prêt à l’usage, à peine défraîchi sous le soleil et les ondées du printemps tout neuf.
Des rosiers non taillés fleurissent sur place Lénine. Les plantes reconquièrent le béton, percent le ciment, les herbes élargissent les jointures entre les dalles. Contournant l’esplanade, on avance vers d’autres boulevards, qui conduisent à une piste d’autos tamponneuses : cette distraction, rare en Union soviétique, récompensait les valeureux pionniers de la plus grande centrale nucléaire du monde, Tchernobyl, située à un km de la ville où habitaient ses employés et leurs familles. Les autos tamponneuses devaient entrer en fonctionnement le 1er mai 1986.
Cette ville sans voiture et sans humains bruit d’une vie muette, du chant des oiseaux, de l’eau qui ruisselle vers les soupiraux.
On pénètre, par exemple, dans l’ancien hôtel Polissia. Le sol est jonché de bouts de verre et de carreaux brisés, les faux plafonds ont disparu, laissant apparaître le béton où des gouttes se forment avant de claquer au sol dans le silence. Il ne reste plus que des armatures métalliques rouillées. La peinture est écaillée. Sur la terrasse, au huitième étage, des arbres poussent. On voit la centrale, très nettement.
Dépouillée, Prypiat garde une vie étrange, évoquant cet ordre si particulier des villes soviétiques. Tout es si… présent, que l’on s’attend à tout instant à voir quelqu’un paisiblement accoudé à sa fenêtre.
Le jardin des enfants est très émouvant. Des photos en noir et blanc sont restées fixées au mur, montrant le cours de gymnastique où des enfants en collant suivent les gestes de la maîtresse. Plus loin, on déchiffre des inscriptions peintes en couleurs, telle cette recommandation, «Vivre et travailler comme l’a dit Lénine». Des peluches, des documents et affiches, des restes de livres scolaires, des poupées, des chaussures jonchent le sol. De petites chaises sont éparpillées, des lits sont alignés dans une pièce. Malgré l’eau qui ronge les papiers et le temps qui a estompé les couleurs, il y a encore plein de vie, comme si les enfants venaient de partir, soudainement. Nulle part plus qu’ici, on ne ressent la réalité de la catastrophe.
Être à Tchernobyl requiert un travail d’imagination puisque la menace est invisible, que la radioactivité est impalpable. Le danger sournois, mais dont les compteurs Geiger attestent la réalité, organise l’espace en zones interdites, en dépôts hétéroclites, en tumulus neigeux où seul un panneau arborant le symbole de la radioactivité dit la présence du poison.
La centrale elle-même, masse énorme mais lisse, édifice monumental, mausolée involontaire, suscite un effroi secret, comme le sépulcre d’une ancienne religion aux croyances oubliées.
Dans le beau parc de Gomel, la grande ville du sud de la Biélorussie, le printemps éclate de vie et les soirées sont douces. Les jeunes filles biélorusses flânent par deux, le tee-shirt découvrant le nombril, les garçons en maillot boivent de la bière en riant, on joue de la guitare, des couples s’embrassent, des enfants courent et, sur la plage de l’autre côté du fleuve, on lézarde au soleil couchant. Mais, malgré son charme printanier, Gomel s’anémie lentement. La cité, distante de 130 km de Tchernobyl, est à la lisière des zones contaminées par les retombées de l’accident de la centrale nucléaire ukrainienne. La radioactivité continue d’empoisonner Gomel et tout le sud de la Biélorussie : 1,5 millions de personnes vivent dans les zones contaminées, où les sols présentent une radioactivité supérieure à 37 000 becquerels par mètre carré.
Dimitri revient de l’école, avec son copain, et guide les visiteurs vers sa maison d’un village près de Boda-Kotchelevo, à 30 km au nord de Gomel. La campagne est verte, les rues calmes, des vélos passent sur la chaussée poussiéreuse. Comme des milliers d’enfants des régions contaminées, Dimitri n’est en très bonne santé, malgré ses grands yeux noirs et sa bonne mine. A l’entrée du potager qui s’étend devant la maison, sa mère, Svetlana, explique ce dont il souffre : des raideurs constantes dans les mains et les jambes, une tension trop basse, de fréquents maux d’estomac. Le gamin écoute, distrait.
Ailleurs, à Gomel. Dans son bureau où parviennent des effluves de soupe au chou, le directeur de l’hôpital, Viacheslav Ijakovski, indique : «La quantité de maladies parmi les enfants s’accroît constamment. Et le nombre de nouveau-nés présentant des organes mal formés à la naissance est très important : 800 pour la région de Gomel en 2000, pour environ 14 000 naissances, contre 280 en 1995 pour 28 000 naissances. Il est difficile de dire si c’est lié à la radioactivité. Mais les chiffres montrent que les enfants difformes viennent des districts les plus contaminés.»
Bien sûr, on ne peut parler de Tchernobyl sans cesse, «sinon les gens deviennent fous, poursuit Viacheslav Ijakovski. Mais l’influence en est constante dans la vie quotidienne, dans les villages où les gens vivent des pommes de terre de leur jardin, du poisson qu’ils pêchent, des baies qu’ils ramassent en été dans les forêts». Autant de voies par lesquelles ils ingèrent le césium radioactif.
L’économie périclite, les entreprises ne s’installent pas, et l’agriculture ne peut se développer, les produits étant toujours suspects de radioactivité.
Étrange époque. On n’a jamais autant parlé de l’énergie nucléaire. Mais ce flot de paroles se déverse comme si elle était à l’abri de tout accident grave, comme si Tchernobyl avait été un simple chaos de l’histoire, une pierre noire étincelante mais météorique tombée par hasard sur le chemin du progrès.
Je frémis quand j’imagine qu’un des 50 réacteurs que compte mon pays pourrait faillir et rendre inhabitables pour des décennies plusieurs dizaines ou centaines de km carrées. Car malgré le mutisme coupable des dirigeants, les accidents sont possibles. A plusieurs reprises dans les années précédentes, des réacteurs sont passés à un doigts d’un pépin vraiment grave : le 27 décembre 199, la centrale française de Blayais a subi une grave inondation qui a mis hors service des pompes essentielles à sa sécurité. Le 25 juillet 2006, le fonctionnement de la centrale suédoise de Forsmark était stoppé en urgence – «c’est une pure chance si le cœur n’a pas fondu, commentait Lars-Olov Höglund, un ancien responsable de la centrale, cela aurait pu être une catastrophe». Le 16 juillet 2007, la centrale japonaise de Kashiwazaki-Kariwa subissait le contrecoup d’un violent séisme; la principale conséquence était la fuite d’eau radioactive; un an plus tard, la centrale restait à l’arrêt.
Ces événements se sont produits dans 3 pays réputés pour la qualité de leur sûreté nucléaire.
Source : HERVÉ KEMPF : Pour sauvez la planète, sortez du capitalisme, Au Seuil
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