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Vidéos et enregistrements du jour
Je suis fasciné par cette vidéo que je peux voir et revoir sans jamais me lasser.
Les génies vous ont toujours fascinés, qu’ont-ils en commun? Pourriez-vous devenir un génie? C’est drôle, je pense à Wittgenstein, pour lui, le suicide était la seule alternative si on n’appartenait pas aux génies, tout ça à cause de l’influence d’Otto Weininger.
D’où vient cette capacité des bébés d’apprendre si rapidement une langue? Et si l’âge était le facteur dominant?
Une entrevue avec Werner Herzog et Jian Ghomeshi. Herzog pour moi est un témoin privilégié du vingt et unième siècle… Choissiez l’émission du 12 septembre dans le lien suivant :
Citations du jour
Les opposants ont d'ailleurs dénoncé le retour annoncé au Kremlin de M. Poutine.
«C'est un scénario catastrophique pour la Russie», a jugé Boris Nemtsov, un ex-vice premier ministre de Boris Eltsine, dont le parti d'opposition Parnas n'a pas été enregistré par les autorités russes cette année.
Boris Nemtsov
Par moment j'ai des moments de lucidité et on se fait fourrer
Michel Chartrand
Si vous voulez des résultats que vous n'avez jamais atteints, il faut faire des choses que vous n'avez jamais faites.
Albert Einstein
Le problème, c’est que ça coûte infiniment moins cher de monter une menace terroriste que d’y faire face. La lutte au terrorisme est sans fin et mène malheureusement à une ruine économique.
Jean Émard
Il est nécessaire que quelques personnes ayant de l’autorité et en qui on ait confiance dirigent les affaires. On devrait vraiment pouvoir compter sur eux, bien sûr, mais cela ne peu pas arriver dans une démocratie moderne […]. Il peut être nécessaire de mettre la démocratie de côté, pour un moment.
James Lovelock, scientifique britannique, concepteur de la théorie Gaïa
Le budget de lobbying a atteint aux États-unis en 2009 un record absolu, avec 3,5 milliards de $ de dépenses. Cette somme astronomique renvoie à une spécificité du système politique américain : les batailles électorales se gagnent à coups de millions, les candidats ne pouvant la majorité des cas l’emporter que s’ils peuvent investir davantage que leurs rivaux en annonces télévisées et en publicités diverses. Comme le résume le Center for Responsive Politics, «l’argent gagne les élections». Dans 93% des cas, les représentants et les sénateurs élus aux élections de novembre 2008 étaient ceux qui avaient dépensé le plus d’argent pendant leur campagne. Le pourcentage était quasi identique en 2006 et en 2004. Coût moyen d’un siège à la Chambre des représentants, 1,1 million de dollars; au Sénat, 6,5 millions. Les plus riches l’emportent : élections et oligarchie peuvent aller de pair. Et comment les candidats amassent-ils le capital leur permettant de concourir en tête? En acceptant celui qu’on leur donne. Et qui donne le plus? Les riches. Il n’y a pas de cadeau gratuit. A la chambre et au Sénat, les élus défendront les intérêts de leurs donateurs plus que celui de leurs mandants.
Hervé Kempf
«Un individu qui passe 4 heures et demie par jour devant la télévision aura probablement un mode d’activité cérébrale très différent de celui d’un individu qui passe 4 heures et demie à lire. » A lire, ou à jouer au tarot, discuter avec ses amis, flâner, s’ennuyer… Pour Gore, «les gens qui regardent la télévision ne participent pas à la démocratie s’ils la regardent 4 à 5 heures par jour.»
Al Gore
J’ai questionné un de mes mentors sur l’environnement. Je lui ai demandé trois noms en se cantonnant au Québec, la France et les États-unis qui pourraient être cités en exemple. En s’appuyant sur des critères d’objectivité, de professionnalisme et d’éthique, il m’a suggéré trois noms : Louis-Gilles Francoeur du Devoir, Hervé Kempf en France et Lester R. Brown des États-Unis.
J’ai dévoré dernièrement trois livres d’Hervé Kempf. Je ne vous recommanderai jamais assez ses livres. Si vous vous intéressez à la sociologie, l’environnement, l’économie, voilà un auteur incontournable. J’entends souvent les gens dire qu’il faut penser par soi-même. Je mets des bémols sur cette assertion. Je dirais, lisez Kempf et pensez par vous-même après !
Article du jour Hervé Kempf : L'oligarchie ça suffit vive la démocratie
Al Gore est le seul homme politique d’envergure, à ma connaissance, qui se soit non seulement intéressé tôt à l’écologie, mais en connaisse aussi réellement les détails. Le livre sur l’environnement qu’il a publié en 1992, Earth in the Balance, est remarquable. Quand il revint, nous nous assîmes, et je lui indiquai que j’avais écrit à l’époque de sa parution un article pour signaler ce livre, ce qui l’étonna. Ce qui m’étonna, moi c’est l’entretien qui suivit : il portait autant sur la démocratie que sur le changement climatique. Là encore précurseur, Gore avait compris le lien entre les 2 problèmes. Je commençai : «Quel message voulez-vous transmettre avec votre film?
- Que nous sommes confrontés à une crise climatique qui a le caractère d’une urgence planétaire, répondit-il, avec l’aisance du comédien qui paraît dire son texte pour la première fois. Ces mots semblent terrifiants, mais ils sont malheureusement pour décrire la relation radicalement nouvelle qui s’est établie entre l’espèce humaine et l’écologie terrestre. Rien, dans notre expérience, ne nous prépare au défi auquel nous sommes confrontés, mais c’est un défi que nous devons surmonter. La bonne nouvelle est que nous avons tout ce qui est nécessaire pour résoudre la crise. Ce qui manque, c’est la volonté politique. Mais, en démocratie, la volonté politique est une ressource renouvelable, et le moyen de la renouveler est de diffuser la connaissance de cette situation auprès du plus grand nombre possible de personnes. C’est ce que je fais avec mon film.
- J’ai lu que vous estimez qu’il y a une crise dans la démocratie. Quel est son lien avec la difficulté de trouver les solutions à la crise climatique?
- La circulation de l’information qui avait permise la révolution de l’imprimerie a créé les bases des Lumières, au XVIII ième siècle. Les individus ont pu participer à la discussion publique et, bientôt, une méritocratie des idées a émergé. Le succès a émergé. Le succès des idées individuelles a commencé à dépendre de leur intérêt public. Cette écologie de l’information a formé la base de la démocratie représentative en France comme aux États-unis. Mais, il y a 50 ans, la télévision est devenue la source dominante d’information. Dans mon pays, sa domination est maintenant écrasante. En dépit d’Internet, elle gagne en importance année après année. Chaque américain la regarde en moyenne 4 heures et demie par jour.
- Donc, la crise de la démocratie provient de la domination de la télévision?
- La télévision est un médium à sens unique. Elle est pilotée par les annonceurs, qui l’utilisent pour vendre des produits, et pour capter l’audience la plus large avec le dénominateur commun le plus bas. Aux USA, le dialogue politique est maintenant conduit pour l’essentiel au moyen d’annonces télévisées de 30 secondes. L’influence malsaine de l’argent en politique découle largement de la nécessité pour les hommes politiques de rassembler assez d’argent pour se payer ces annonces. Nous avons des élections dans une trentaine de jours. 80% du budget des candidats est employé à acheter des spots télévisés.
…
«La communication fondée sur la psychologie, écrit Al Gore, a été d’abord développé par Edawrd Bernays, le neveu de Sigmund Freud. Bernays a adapté les idées révolutionnaires de son oncle pour créer la science moderne de la persuasion de masse - assise non sur la raison, mais sur la manipulation des sentiments subconscients et des impulsions.»
Outre Freud, un de ses maîtres à penser de Bernays était Walter Lippmann. Lippman développa la thèse selon laquelle les citoyens ne sont pas vraiment capables de comprendre les enjeux essentiels de la politique, «Le rôle du public ne consiste pas vraiment à exprimer ses opinions, mais à s’aligner ou non derrière une opinion. Cela posé, il faut cesser de dire qu’un gouvernement démocratique peut être l’expression directe de la volonté du peuple. » Et l’ont pouvait envisager de gouverner le peuple par la fabrication du consentement en utilisant les méthodes psychologiques de manipulation. «Le peule doit être mis à sa place, afin que les hommes responsables puissent vivre sans crainte d’être piétinés ou encornés par le troupeau de bêtes sauvages.» On retrouvait chez Schumpeter, exprimée avec le même amour de l’humanité, cette idée que les citoyens sont incapables de saisir la complexité des problèmes dans une société moderne. C’est le motif fondamental par lequel les oligarques légitiment leur domination.
Revenons à Bernays. Son propos était dénué de tout faux-semblant : «La manipulation consciente et intelligente des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.» Telle est la première phrase de son maître ouvrage, Propaganda, publié en 1928, et dont le titre ne pourrait être plus explicite. «La minorité a découvert qu’elle pouvait influencer la majorité dans le sens de ses intérêts. Il est désormais possible de modeler l’opinion des masses pour les convaincre d’engager leur force nouvellement acquise dans la direction voulue. »
Le fondement de cette méthode est l’idée que l’individu n’est pas maître de ses choix : «Un homme décide d’acheter des actions, explique Bernays. Alors qu’il s’imagine que seul son jugement personnel intervint dans cette décision, en réalité ce jugement est un mélange d’impressions gravées en lui par des influences extérieures qui contrôlent ses pensées à son insu.» L’art du maître de la propagande est de combiner «clichés, slogans ou images symbolisant tout un ensemble d’idées et d’expériences » et résonnant «avec les ressorts classiques de l’émotion ».
Le raisonnement de Bernays et de Lippmann marque une rupture capitale par rapport à la conception de la société politique élaborée par les Libéraux au XIX ième siècle : ceux-ci, dans la foulée du siècle des Lumières, considéraient que l’homme était un individu rationnel, capable de juger lucidement des inconvénients et des avantages d’une transaction ou d’une situation, et d’opérer un choix correspondant à son intérêt véritable. Sur le marché comme en démocratie, la rencontre de ces intérêts individuels divers mais rationnels devait produire la meilleure situation.
Le nouveau courant issu de l’analyse de la psychologie collective contredit cette approche, en niant la rationalité du citoyen comme celle du consommateur. Émotions et inconscient dominent la formation du choix des individus, et en jouant sur cette gamme, il est possible d’orienter leur décision vers la solution souhaitée par les manipulateurs. Il va de soi que les manipulateurs, eux, agissent rationnellement, c’est-à-dire en utilisant les moyens adéquats à leurs fins.
Ce tournant fondamental du libéralisme – ou plutôt du «néolibéralisme» -, passant du citoyen rationnel au consommateur manipulé, ne serait jamais mis au jour par ses idéologues ultérieurs. L’essentiel est en en effet que, sous les apparences de la démocratie réduite à l’élection, les «hommes responsables » gouvernent la masse sans que celle-ci ne doute du bon fonctionnement de la démocratie.
Les techniques de manipulation allaient d’abord êtres mises en œuvre dans le domaine économique. Un partenaire de Bernays, Paul Mazur, expliqua : «Nous devons faire glisser les Américains d’une culture des besoins vers une culture du désir. Les gens doivent être habitués à désirer, à vouloir de nouvelles choses, avant même que les précédentes aient été entièrement consommées. Nous devons former une nouvelle mentalité. Les désirs de l’homme doivent l’emporter sur ses besoins. »
Il manquait à cette logique un instrument qui lui permette de s’épanouir pleinement. Ce serait la télévision. Avec son essor dans les années 1960, le trypitique manipulation-publicité-télévisiton allait transformer la société politique dans le sens conçu par Bernays, Lippmann et Schumpeter : une démocratie des apparences.
…
La consommation télévisuelle à haute dose fréquemment à un comportement de dépendance psychique et physique : comme pour le tabac ou l’alcool, le sujet ne peut se passer de regarder l’écran, l’absence de celui-ci entraînant une sensation de vif malaise. «L’intoxication télévisuelle n’est pas une simple métaphore.», affirment 2 spécialistes américains. Mais la culture télévisuelle définit aussi une façon particulière d’appréhender le monde, comme l’explique Neil Postman : «L’ensemble de ces techniques électroniques nous entraînent dans un nouveau monde – un monde du ‘’coucou, me voilà!’’, où chaque événement fait son entrée en scène à toute vitesse et disparaît aussitôt pour céder la place à un autre. C’est un monde sans beaucoup de cohérence ni de sens; un monde qui nous demande pas d’agir et ne nous le permet pas non plus; un monde qui est à l’image du jeu de ‘’coucou, me voilà’’ des enfants, qui se suffit à lui-même et n’a aucun lien avec quoi que ce soit. Mais, comme le jeu de ‘’coucou’’, il est aussi indéfiniment divertissant.» Déstructuré, morcelé, le monde tel que le présente la télévision doit être plaisant : «Elle a fait du divertissement le mode de présentation naturelle de toute expérience, poursuit Postman. Notre poste de télévision nous met en communication permanente avec le monde, mais il le fait en affichant un sourire inaltérable. Le problème n’est pas que la télévision nous offre des divertissements, mais que tous les sujets soient traités sous forme de divertissement, ce qui est une autre affaire. Autrement dit, le divertissement est la supra-idéologie de tout discours à la télévision.»
Le maîtres de la télévision ne produisent pas un discours délibérément construit pour orienter précisément l’esprit des spectateurs. Il leur suffit de créer l’ambiance d’un monde informe et insaisissable. Le fonctionnement médiatique actuel «induit moins des idées et des comportements structurés et massivement uniformes, écrit le sociologue Jean-Pierre Le Goff, qu’il n’entretient la confusion et paralyse le jugement par la réception massive de commentaires mêlant indistinctement tous les genres […]. En rendant le monde insignifiant et vain, un tel mécanisme inhibe la pensée, l’initiative et l’action, plutôt qu’il ne modèle les hommes selon une norme prédéfinie. »
Source : Hervé Kempf : L'oligarchie ça suffit vive la démocratie, Au Seuil
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