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Vidéos du jour
Vous voulez en savoir plus sur la crise actuelle, je vous invite à écouter Emmanuel Todd qui nous parle de la fin de l’empire américain tel qu’on le connaît en compagnie de Marie-France Bazzo….
Un débat animé entre Emmanuel Todd et Christian Saint-Étienne, économiste français, sur la question du libre-échange!
Vous ne connaissez pas le phénomène Michel Houellebecq? Je lui laisse la parole ici sur France Culture :
Un documentaire intéressant sur le télescope Hubble
Citations du jour
On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu’un amour, n’importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant
Cesar Pavese
Voyons par exemple l'appareil militaire américain, gigantesque, engloutissant 43% (soit 650 milliards $US en 2010) du budget militaire mondial. Or, ce pachyderme est depuis longtemps incapable de la moindre victoire sur des ennemis infiniment plus faibles. Et surtout, il se montre impuissant à penser l'avenir, à saisir ce que sera dorénavant l'usage étatique de la force dans un monde où ce ne sont plus surtout les États qui en usent. Et qui gagnent.
Mario Roy
Le but de la fête est de nous faire oublier que nous sommes solitaires, misérables et promis à la mort; autrement dit, de nous transformer en animaux. C’est pourquoi le primitif a un sens de la fête très développé. Une bonne flambée de plantes hallucinogènes, 3 tambourins et le tour est joué : un rien l’amuse. A l’opposé, l’Occidental moyen n’aboutit à une extase insuffisante qu’à l’issue de raves interminables dont il ressort sourd et drogué : il n’a pas du tout le sens de la fête. Profondément conscient de lui-même, radicalement étranger aux autres, terrorisé par l’idée de la mort, il est bien incapable d’accéder à une quelconque exaltation.
Michel Houellebecq
A l’évidence, tous tes écrits s’avèrent empreints d’un terrible pessimiste. Pourrais-tu évoquer 2 ou 3 raisons susceptibles, selon toi de repousser l’échéance du suicide?
Kant a nettement condamné le suicide en 1783 dans ses Fondements de la doctrine de la vertu. Je le cite : Anéantir en sa propre personne le sujet de la moralité, c’est chasser du monde, autant qu’il dépend de soi, la moralité. L’argument paraît naïf et presque pathétique dans son innocence, comme souvent chez Kant; je crois cependant que c’est le seul. Il n’y a que le sens du devoir qui puisse réellement nous maintenir en vie. Concrètement, si l’on souhait se doter d’un devoir pratique, on doit faire en sorte que le bonheur d’un autre être dépende de votre existence; on peut par exemple essayer d’élever un enfant jeune, ou à défaut acheter un caniche.
Michel Houellebecq
Comme tous les historicismes avant lui, le libéralisme se posait comme assomption et dépassement du sentiment éthique simple au nom d’une vision à long terme du devenir historique de l’humanité. Comme tous les historicismes avant lui, le libéralisme promettait dans l’immédiat des efforts et des souffrances, reléguant à 1 ou 2 générations de distance l’arrivée du bien général. Un tel mode de raisonnement avait déjà causé suffisamment de dégâts, tout au long du XXe siècle.
Michel Houellebecq
Mobiles, ouverts à la transformation, disponibles, les employés modernes subissent un processus de dépersonnalisation analogue. Les techniques d’apprentissage du changement popularisées par les ateliers « New Age » se donnent pour objectifs de créer des individus indéfiniment mutables, débarrassés de toute rigidité intellectuelle ou émotionnelle. Libéré des entraves que constituaient les appartenances, les fidélités, les codes de comportement rigides, l’individu moderne est ainsi prêt à prendre place dans un système de transactions généralisées au sein duquel il est devenu possible de lui attribuer, de manière univoque et non ambiguë, une valeur d’échange.
Michel Houellebecq
Je me bats contre des idées dont je ne suis même pas sûr qu'elles existent
Antoine Waechter
Quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a de 5 % à 6 %. Je fais campagne auprès des cons et je ramasse des voix en masse.
Georges Frêche
Poème du jour de Benard Pozier
POÈME
J'écris un poème
qu'est-ce à dire
je dis que j'écris
je dis que mes petits bouts de phrases
sont un poème
que je sens
et que tu lis
que je dis
et que tu entends
mais
que fais-tu là
n'as-tu pas mieux à faire
que de regarder
que d'écouter ces mots
où je te dis qu'ils sont un poème
parce que ce sont de petits éclats
qu'ils passent en toi
et t'interrogent
et tu te dis
peut-être
que mes petits mots
te niaisent
ou rient de toi
qu'ils ne sont pas sérieux
et que tu perds ton temps
pendant quelques morceaux de lignes
tu perds ta vie à lire mes mots
tu leur donnes des secondes irremplaçables
tes secondes à toi
à mes mots
mais c'est ta vie
et tu as vécu ainsi
ces quelques instants
avec mes mots
et ce n'est pas vraiment de mes affaires
moi j'avais seulement écrit un poème
qui s'arrête ici
n'y pense plus
n'en parle pas
c'était un poème
peut-être
J'écris un poème
qu'est-ce à dire
je dis que j'écris
je dis que mes petits bouts de phrases
sont un poème
que je sens
et que tu lis
que je dis
et que tu entends
mais
que fais-tu là
n'as-tu pas mieux à faire
que de regarder
que d'écouter ces mots
où je te dis qu'ils sont un poème
parce que ce sont de petits éclats
qu'ils passent en toi
et t'interrogent
et tu te dis
peut-être
que mes petits mots
te niaisent
ou rient de toi
qu'ils ne sont pas sérieux
et que tu perds ton temps
pendant quelques morceaux de lignes
tu perds ta vie à lire mes mots
tu leur donnes des secondes irremplaçables
tes secondes à toi
à mes mots
mais c'est ta vie
et tu as vécu ainsi
ces quelques instants
avec mes mots
et ce n'est pas vraiment de mes affaires
moi j'avais seulement écrit un poème
qui s'arrête ici
n'y pense plus
n'en parle pas
c'était un poème
peut-être
J’aime beaucoup le style de Michel Houbellebecq, je vous invite à lire un passage de l’essai intitulé : Intervention 2
Michel Houellebecq est né le 26 février 1958 à La Réunion. À seize ans, il découvre l’auteur américain H.P. Lovecraft qui aura une influence déterminante sur sa conception de la littérature. Sa carrière littéraire débute dès l’âge de vingt ans, alors qu’il commence à fréquenter différents cercles poétiques. En 1985, il rencontre Michel Bulteau, alors directeur de la Nouvelle Revue de Paris. Celui-ci lui permettra en 1991 de publier son premier livre, Howard P. Lovecraft : Contre le monde, contre la vie. Cet auteur suscite la controverse par ses prises de positions idéologiques mais demeure aussi un des écrivains français contemporains les plus lus. Son premier roman, Extension du domaine de la lutte (1994), a été adapté au cinéma en 1999 par Philippe Harel.
Article du jour
Jaques Prévert est quelqu’un dont on apprend des poèmes à l’école. Il en ressort qu’il aimait les fleurs, les oiseaux, les quartiers du vieux Paris, etc. L’amour lui paraissait s’épanouir dans une ambiance de liberté; plus généralement, il était plutôt pour la liberté. Il portait une casquette et fumait des Gauloises; on le confond parfois avec Jean Gabin. D’ailleurs c’est lui qui a écrit le scénario de Quai des brumes, des Portes de la nuit, etc. Il a aussi écrit le scénario des Enfants du paradis, considéré comme son chef-d’œuvre. Tout cela fait beaucoup de bonnes raisons pour détester Jacques Prévert; surtout si on lit les scénarios jamais tournés qu’Antonin Artaud écrivait à la même époque. Il est affligeant de constater que ce répugnant réalisme poétique, dont Prévert fut l’artisan principal, continue à faire des ravages, et qu’on pense faire un compliment à Leos Carax et l’y rattachant (de même manière Rohmer serait sans doute un nouveau Guitry, etc.) Le cinéma français ne s’est en fait jamais relevé de l’avènement du parlant; il finira par en crever, et ce n’est pas plus mal.
Après guerre, à peu près à la même époque que Jean-Paul Sartre, Jacques Prévert a eu un succès énorme; on est malgré soi frappé par l’optimiste de cette génération. Aujourd’hui, le penseur le plus influent, ce serait plutôt Cioran. A l’époque on écoutait Vian, Brassens… Amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, baby-boom, construction massive de HLM pour loger tout ce monde là. Beaucoup d’optimiste, de foi en l’avenir, et un peu de connerie. A l’évidence, nous sommes devenus beaucoup plus intelligents.
Avec les intellectuels, Prévert a eu moins de chance. Ses poèmes regorgent pourtant de ces jeux de mots stupides qui plaisent tellement chez Bobby Lapointe; mais il est vrai que la chanson est comme on dit un genre mineur, et que l’intellectuel, lui aussi, doit se détendre. Quand on aborde le texte écrit, son vrai gagne-pain, il devient impitoyable. Et le «travail du texte», chez Prévert, reste embryonnaire : il écrit avec limpidité et un vrai naturel, parfois même avec émotion; il ne s’intéresse ni à l’écriture, ni à l’impossibilité d’écrire; sa grande source d’inspiration, ce serait plutôt la vie. Il a donc, pour l’essentiel, échappé aux thèses de troisième cycle. Aujourd’hui cependant il entre à la Pléiade, ce qui constitue une seconde mort. Son œuvre est là, complète et figée. C’est une excellente occasion de s’interroger : pourquoi la poésie de Jacques Prévert est-elle si médiocre, à tel point qu’on éprouve parfois une sorte de honte à la lire? L’explication classique (parce que son écriture «manque de rigueur») est tout à fait fausse; à travers ses jeux de mots, son rythme léger et limpide, Prévert exprime en réalité parfaitement sa conception du monde. La forme est cohérente avec le fond, ce qui est bien le maximum qu’on puisse exiger d’une forme. D’ailleurs quand un poète s’immerge à ce point dans la vie, dans la vie réelle de son époque, ce serait lui faire injure que de le juger suivant des critères purement stylistiques. Si Jacques Prévert écrit, c’est qu’il a quelque chose à dire; c’est tout à son honneur.
Malheureusement, ce qu’il a à dire est d’une stupidité sans bornes; on en a parfois la nausée. Il y a des jolies filles nues, des bourgeois qui saignent comme des cochons quand on les égorge. Les enfants sont d’une immoralité sympathique, les voyous sont séduisants et virils, les jolies filles nues donnent leur corps aux voyous; les bourgeois sont vieux, obèses, impuissants, décorés de la Légion d’honneur leurs femmes sont frigides; les curés sont de répugnantes vieilles chenilles qui ont inventé le péché pour nous empêcher de vivre. On connaît tout cela; on peut préférer Baudelaire. Ou même Karl Marx, qui, au moins, ne se trompe pas de cible lorsqu’il écrit que «le triomphe de la bourgeoisie a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque et de la sentimentalité à quatre sous dans les eaux glacées du calcul égoïste». Si Jacques Prévert est un mauvais poète, c’est avant tout parce que sa vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de son temps; aujourd’hui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que l’œuvre entière semble le développement d’un gigantesque cliché. Sur le plan philosophique et politique, Jacques Prévert est avant tout un libertaire; c’est-à-dire, fondamentalement, un imbécile.
Les «eaux glacées du calcul égoïste», nous y barbotons maintenant depuis notre plus tendre enfance. On peut s’en accommoder, essayer d’y survivre; on peut aussi se laisser couler. Mais ce qu’il est impossible d’imaginer, c’est que la libération des puissances du désir soit à elle seule susceptible d’amener un réchauffement.
Source : Michel Houellebecq : Intervention 2 Flammarion
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