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Gil Courtemanche / Musique / Conférences


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Vidéos du jour

 

Deux extraits d’un polyglotte sur l’acquisition du langage:

1. Une discussion en français sur LingQ 

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2. Apprendre une langue c'est comme une boule de neige 

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Arnold Schwarzenegger peut se rhabiller

3. Best Action Scenes Ever!!! (Indian Robot Endhiran) 



Choix musicaux du jour

1.

Constance Demby - Om Mani Padme Hum
Écoutez, c’est tellement beau, ça va donner un sens à votre vie, du moins pour les prochaines minutes!
2.
Marillion - Garden Party
J’adore la mélodie du prochain morceau
3.
Quel album de Simple Minds…
Street Fighting Years
4.
Yes - Owner Of A Lonely Heart
Un vidéo que je pourrais regarder encore et encore, on sent les influences de Kafka…
5.
Pat Metheny - Above The Treetops
Le meilleur album de Pat Methani : Secret Story (Extrait 1)
6.
The Longest Summer-Pat Metheny
Le meilleur album de Pat Metheny : Secret Story (Extrait 2)
7.
Pat Metheny - Finding and Believing
Le meilleur album de Pat Metheny : Secret Story (Extrait 3)
8.
Jon Jenkins -  Into a World of Wonder
Un artiste que j’aime bien… Part of the solution est son meilleur morceau musical mais je ne l’ai pas trouvé sur Youtube!
9.
Yes -  Shoot High Aim Low
La voix de Jon Anderson, quelle voix… Ce dernier a déjà accompagné Vangelis dans un album, ce n’est pas peu dire…



Citations du jour

La vieillesse est un naufrage
                                                                   Charles De Gaulle

L’homme malheureux ne veut pas se suicider, il espère mourir, souhaite un accident de la circulation, un infarctus du myocarde.
                                                                    Gil Courtemanche
Gil Courtemanche

 




Son regard s’est installé dans mes yeux, sa pensée dans la mienne. Depuis qu’elle m’a quitté, elle m’habite, me monopolise, me paralyse.
                                                                     Gil Courtemanche



On n’arrive pas à connaître quelqu’un par la conversation, ni même en le tenant par la main, ni même en marchant coude à coude. C’est à travers un texte, c’est-à-dire à travers une confession, c’est-à-dire en plongeant dans l’univers, c’est-à-dire dans les abîmes d’un autre que la communion peut s’accomplir. Voilà donc tout de même une justification de la littérature. Ce postulat n’est plus une banalité, puisque si on l’affirme souvent on le réalise rarement. Seul à seul avec une œuvre, seul à seul avec l’autre, un autre qui n’est même pas au courant de cette expérience, de cette approche, qui ne connaît pas qu’il est connu, véritablement, profondément : le monde de celui-là devient le monde de celui-ci. Intimité profonde, discrète, totale.
                                                                        Ionesco


Pour palier à sa crainte de l'absolu, l'homme a inventé des dieux, des entités supérieures, creusets de leur crainte, substitut à un infini impréhensible.
                                                                      Emmanuel  Kant

Insaisissable est la vie et ce n'est que dans le souvenir qu'elle dévoile ses traits, une fois dans le non-être 
                                                                       Adam Zagajewski


Ah! l’homme est si passager, que là même où il a proprement la certitude de son existence,  là où il peut laisser la seule vraie impression de sa présence dans la mémoire, dans l’âme de ses amis, il doit s’effacer et disparaître; et cela si tôt!
                                                                      Goethe 

J’ai tant! et le sentiment pour elle dévore tout; j’ai tant! et sans elle pour moi se réduit à rien.
                                                                      Goethe 


Quelquefois je me dis : «Ta destinée est unique: tu peux estimer tous les autres heureux; jamais mortel ne fut tourmenté comme toi» Et puis je lis quelque ancien poète; et c’est comme si je lisais dans mon propre cœur. J’ai tant à souffrir! Quoi! Il y a donc eu déjà avant moi des hommes aussi malheureux!
                                                                       Goethe

Qui suis-je ? Qu'ai-je créé ? J'ai tout reçu, tout accueilli, assimilé tout ce qui passait à ma portée. Mon œuvre est celle d'un être collectif qui porte ce nom : Goethe.
                                                                       Goethe


Anecdote du jour

Werther (les Souffrances du jeune). Ce roman épistolaire, écrit par Goethe à l'âge de 25 ans, est publié d'abord sans nom d'auteur à Leipzig en 1774. Le succès en fut prodigieux : l'Europe fut envahie par une mode « werthérienne ». Napoléon affirma l'avoir relu six ou sept fois. Le « werthérisme » fit des ravages et provoqua de nombreux suicides « à la Werther ». À l'origine, une expérience personnelle de Goethe, qui, passant trois mois à Wetzlar, s'était épris de Charlotte Buff, la fiancée de son ami Kestner. Rentrant à Francfort amoureux, ou – qui sait ? – amoureux de l'amour, il apprend qu'un jeune homme qu'il a rencontré à Wetzlar, Karl Wilhelm Jerusalem, amoureux sans espoir d'une femme mariée, s'est tué d'un coup de pistolet. L'amalgame de sa propre aventure et de celle de Jerusalem lui met la tête en feu. Comme dans une transe somnambulique, en six semaines Goethe écrit d'un trait et sans ratures ce petit roman. Surpris le tout premier de ce succès, l'auteur marqua curieusement un certain malaise : « Ce livre m'est pénible, et je crains toujours d'éprouver à nouveau l'état pathologique où il a pris naissance », confiera-t-il plus tard. Encore en 1824, il écrit À Werther pour se libérer de l'ombre de son héros romantique.
                          Source : www.Larousse.fr



Écoutez le tout avant de lire l’article du jour :
Christiane Charrette avec Gil Courtemanche


Article du jour : Je ne veux pas mourir seul :Gil Courtemanche
 http://www.cyberpresse.ca/images/bizphotos/435x290/201005/04/167880-ne-veux-pas-mourir-seul.jpg
Ce nouveau roman, Je ne veux pas mourir seul, Gil Courtemanche estime l'avoir écrit comme une épitaphe. Ce n'est pas tant le cancer du larynx qui l'a rongé et poussé à cette autofiction que la peine amoureuse, la perte d'une femme qu'il aimait plus que tout au monde. Il veut qu'on sache, lorsque viendra l'éloge funèbre, que l'essentiel n'aura pas été sa carrière de journaliste et ses succès littéraires. «Je tenais plus à cet amour qu'à la vie comme telle, et je l'ai perdu. J'ai raté ma vie.»
                                  Chantal Guy  La Presse

Sur l’auteur, Gil Courtemanche
Ces dernières années, il a tenu une chronique dans les quotidiens Le Soleil et Le Droit. Il est maintenant chroniqueur au quotidien Le Devoir.
Son premier roman, Un dimanche à la piscine à Kigali, qui raconte le génocide qui a été perpétré au Rwanda en 1994, a été adapté au cinéma par Robert Favreau. Le film Un dimanche à Kigali est sorti en salle en avril 2006.
                                                         Wikipédia


Extrait 1

Il faut être courageux pour fréquenter un hôpital quand on est malade. Il faut vraiment vouloir guérir. Les murs affichent des couleurs de tumeurs malignes, des beiges moribonds, des verts fanés, des jaunes épuisés. Selon sa maladie, le patient est libre de choisir sa couleur. Je crois que mon cancer est beige et le couloir dans lequel j’attends depuis deux heures est jaune. Sur des civières passent des malades intubés et maigrichons comme si on voulait nous annoncer notre état prochain. Ils vont mourir bientôt et on nous les exhibe comme des publicités de l’avenir qui nous attend. On attend toujours au moins une heure qu’on tente de remplir en feuilletant des magazines qui ont 10 ans, assis sur des chaises ou des banquettes qui ne sont vraiment par ergonomiques. L’hôpital ne se préoccupe pas du mort en puissance. Il peut se geler les fesses sur une chaise inconfortable de plastique.

 Je crois qu’on agit ainsi pour que le malade se réconcilie avec l’idée de sa mort possible, qu’il y pense puisque les lectures sont sans intérêt, qu’il se plonge dans son désespoir sur sa chaise de plastique. Une sorte de conditionnement pédagogique. Cela permet au médecin de ne pas prendre de détours dans son cagibi verdâtre qui n’est pas la couleur que j’ai choisie.  ¨Vous avez peur?¨ Par de précautions inutiles, cela prendrait du temps. Bien sûr que j’ai peur. Comment expliquer à cette femme  froid et méthodique que je n’ai pas envie de vivre, ais que j’ai peur de mourir? J’essaie. Elle ne comprend pas pourquoi la peine d’amour me semble plus tragique que le cancer. La couleur de la mort. Je l’imagine blanche. Mais à l’hôpital, le blanc n’existe pas, ni le bleu, ni le rouge et surtout pas le noir. Le décor de la mort se décline en teintes anonymes et bêtes. Des couleurs administratives choisies pour n’offenser nul regard. On tente de peindre des murs dépourvus d’émotions et de sens. Mais finalement on ne réussit qu’à trouver des couleurs de la mort annoncée. Les murs d’un hôpital disent au malade qu’il est gravement atteint, même si ce n’est pas le cas.

 Par contre, le mobilier affirme le contraire. Chaises et banquettes sont faitent pour des gens en bonne santé, pour des personnes qui peuvent se tenir droites, qui n’ont pas le dos voûté. On n’imagine pas qu’on puisse faire attendre durant des heures un mort en sursi sur des sièges si inconfortables. Car quand je m’assois sur cette chose de plastique, je tremble intérieurement, j’ignore les résultats de la biopsie, mais plus l’inconfort me saisit, plus ma peur augmente. Ces gens qui meublent les hôpitaux veulent nous préparer au pire. Ce lieu où commence la fin annoncée de la vie, une fin prochaine, est organisé par des fonctionnaires en bonne santé. Les couleurs seront celles qui résistent le mieux à la saleté, et les pièces de mobilier, les moins coûteuses. On pense aux détergents nécessaires pour les murs, au poids du mobilier, à la multiplicité des fonctions qu’il peut remplir, ce qui signifie qu’il doit passer du couloir d’attente à la cafétéria du personnel. Un hôpital n’est pas un salon ni une salle de réception, se disent les gens qui construisent les hôpitaux. Il faudrait que les malades dessinent les hôpitaux. Du moins les corridors et les salles d’attente, ces lieux mornes et misérables dans lesquels ils inventent et entretiennent leurs peurs. Car c’est ce qu’on fait dans un corridor beige, en feuilletant un magazine spécialisé dans la médecine nucléaire, en attendant 2 heures, même si on est arrivé en retard de 15 minutes et qu’on est passé au guichet d’admission, car c’est un guichet, pas une réception, et que nul sourire ne vous a accueilli. On vous appellera. Dans ce couloir, assis sur des chaises inconfortables, tremblent comme moi une trentaine de personnes qui savent ou ne savent pas encore. Nous attendons le verdict. Attendons le Diu tout-puissant qui est le médecin qui ne se promène jamais dans le corridor, qui jamais ne vient saluer ses ouailles inquiètes. Il faut comprendre. La compassion ne fait partie d’aucun traitement reconnu contre le cancer du larynx ou de la gorge. Mais j’aimerais bien des murs plus jolis, des sièges plus confortables, des magazines qui n’ont pas 2 ans, un mince sourire à la réception, l’impression de ne pas déranger l’employée quand je lui annonce ma maladie au guichet et qu’elle me dit sans me voir qu’on m’appellera. Et j’attends longtemps et j’ai peur longtemps.


Extrait 2

La vie

La vie, l’écriture. Combien de fois m’a-t-on demandé pourquoi j’écrivais et combien de fois ma réponse franche a déçu. J’écrivais parce que c’était mon travail, comme d’autres réparent des robinets ou font sauter des cèpes. J’écrivais pour gagner ma vie et aussi, concession intellectuelle, parce que je croyais que j’avais certaines choses à exprimer. Mais cela, je tentais de le dire humblement et de ne pas accorder une grande importance.

Maintenant, je sais. J’écris pour vivre encore. Quand j’écris, je vis un peu, je te parle, je discute avec toi, je te fais part de mes découvertes, de mes doutes, de mes regrets, de mes angoisses. Quand j’écris, j’entends ton souffle et aussi tes questions ou tes commentaires. Quand j’écris nous sommes ensemble car nous avons été réunis par des mots et des phrases qui formaient un livre dont nous avons parlé, une longue conversation qui s’est transformée en baiser. De baiser en étreinte, d’étreinte en amour et en mariage. Puis les baisers que je gardais dans une escarcelle secrète comme un vieil avare de tendresse t’ont éloignée. Je ne peux plus te toucher qu’avec des mots que tu liras certainement sans crainte d’être trop émue puisque je suis inscrit dans ta colonne de profits et pertes.

Et puis aussi, j’écris pour cet imbécile en face de moi, cet idiot satisfait de lui-même. Jusqu’ici, je l’imaginais, et il prenait généralement mes traits, mais je le vois ce soir avec sa femme, selon toute apparence follement amoureuse. Elle se colle, elle est heureuse et voudrait être à la maison, elle multiplie les petits baisers, sur la main, sur la joue. Je sais ce qu’il ressent, je l’ai vécu. Il se demande si on le regarde, il dit moi aussi je t’aime, qu’est-ce que tu veux boire. Elle l’embrasse sur la bouche. Une partie de son corps se raidit. Il tourne légèrement la tête vers la serveuse qui ne le regarde pas. Elle l’enlace. Elle n’est pas ivre, ni écervelée, ni hystérique. Elle prend son homme dans ses bras et veut l’embrasser, ici et maintenant. Ce n’est ni exhibitionnisme ni extravagance, c’est de l’amour. Disons qu’il revient d’un voyage à Toronto, qu’elle ne l’a pas vu depuis 3 jours et qu’il lui a donné rendez-vous au resto plutôt que de rentrer à la maison. Elle insiste et je vois la langue qu’elle tente de glisser entre ses lèvres. Un vrai baiser, mon chéri! Trois jours que je ne t’ai pas vu. Elle a dépassé les bornes. Il la repousse, lui fait un air et dit des mots courroucés, consulte le menu. Un petit coin de son cerveau lui dit qu’il a été con. Il tente de se racheter et pose un baiser sur son front en lui tapotant le dos pour la réconforter.

C’est aussi pour ce con, cet imbécile, cet idiot que je fus que j’écris. Peut-être lui, ou un autre comme lui, nous sommes nombreux, lira-t-il ce petit livre et se mettra-t-il à la tendresse et à l’amour avant qu’il ne soit trop tard et qu’il ne reçoive comme moi son congédiement par courriel.


Source : Gil Courtemanche :  Je ne veux pas mourir seul 

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