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Un témoin privilégié de l’univers de Buchenwald que j’ai eu plaisir de connaître en lisant : L’écriture ou la vie.
Entretien avec Jorge Semprun 1/3
Conférence sur l’émergence du langage, vous allez adorer, pas besoin d’être linguiste!
Les origines du langage
http://www.franceculture.com/emission-la-marche-des-sciences-les-origines-du-langage-2011-01-13.html
Conférence avec notre ami le généticien Miroslav Radman, Professeur de biologie cellulaire à l'université Paris 5, directeur de l'unité "Génétique moléculaire, évolutive et médicale" de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale
L'être humain peut-il espérer vivre beaucoup plus longtemps ?
Citations du jour
Semprun souhaitait que les générations nées après 45 s'approprient les camps, la déportation, l'horreur du nazisme, le mensonge du Stalinisme... On lui répondra : "Pour ça, il y a Arendt... et c'était dans les années 50 et 60". Ainsi que... "Mais... qui nous aidera à penser le nouvel enfer qui nous attend d'ici 2050 ; un marché mondialisé triomphant qui aura tout emporté : états, démocratie, nations, peuples, liberté, indépendance." Car le vrai danger c'est bien la libéralisation des marchés financiers, l'hyper-mobilité des capitaux et la désintégration des processus de production ; des milliards d'êtres humains livrés à la logique d'un monde économique, un monde sans morale et sans esprit autre que mercantile et qui, à terme, n'habiteront plus aucun monde. Confronté à cette nouvelle donne, Semprun est en panne ; et de sa génération, il n'est pas le seul : loin s'en faut. Aussi… Rien d’étonnant que seuls ceux qui n'ont de cesse de discourir sans fin autour du fascisme, du nazisme et du stalinisme soient ceux qui ne tarissent pas d'éloges à son sujet. Et d'aucuns se souviendront avoir entendu Semprun affirmer que la classe ouvrière avait disparu... Pour un homme de gauche… c'est dire ! C'est... tout dire !
Serge ULESKI
Mais au fait, à quoi nous servirait de vivre 150 ans ou 180 ans? "Cela nous permettrait d'exploiter le fantastique potentiel de notre cerveau. L'homme a surdéveloppé ses capacités cérébrales, au point qu'aujourd'hui nous mourons avant d'avoir fait fructifier, avec sagesse, tout ce que nous avons appris. La courte durée de l'espèce humaine freine son évolution culturelle.
Miroslav Radman
On peut réduire l'exposition à des cancérigènes tabac, pesticides, etc. Mais cette prévention aura un impact limité. Car le cancer est une maladie naturelle de l'organisme vieillissant.
Miroslav Radman
[...] mépris, arrogance et égoïsme sont les 3 éléments fondamentaux du patriotisme.[...] Suivant la théorie du patriotisme, notre globe serait divisé en petits territoires, chacun entouré d'une clôture métallique. Ceux qui ont la chance d'être né sur un territoire particulier se considèrent comme plus vertueux, plus nobles, plus grands et plus intelligents que ceux peuplant tous les autres pays. Et c'est donc le devoir de tout habitant de ce territoire de se battre, de tuer et de mourir pour tenter d'imposer sa supériorité à tous les autres.
Emma Goldman
Il y a des mariages qui sont des enterrements.
Jean-Paul Sartre
Qu'est-ce que je serais heureux si j'étais heureux
Woody Allen
Retient-on d'une philosophie qui vous marque les vérités d'un savoir absolu ou certains gestes et certaines inflexions de voix qui forment pour vous le visage d'un interlocuteur nécessaire à tout discours, même intérieur?
Lévinas à propos de Husserl
Vers 1200 avant notre ère, les Phéniciens ont contrôlé tout le commerce méditerranéen, ce qui assura la suprématie de leur langue pendant quelques siècles; les Grecs ont même adopté l'écriture phénicienne et l'ont transmise aux Romains, qui ont produit l'alphabet utilisé de nos jours par la moitié de l'humanité.
Jacques Leclerc
Le patriote est celui qui défend son pays tout le temps et son gouvernement quand il le mérite.
Marc Twain
Derek Bickerton, linguiste émérite
Statistiques du jour
Record du monde de longévité animale?
Rép : 410 ans, la palourde
L'espérance de vie s'allonge de? (En moyenne pour une femme dans un pays développé)
Rép : 6 heures par jour
Rép : 2 jours par semaine
Rép : 3 mois par an
Espérance de vie des hommes en 1750?
Rép : 40 ans
Espérance de vie des hommes aujourd’hui?
Rép : 75 ans
Espérance de vie augmente à quel rythme?
Rép : 7% par an entre 1960 et 1995
Rép : 20% par an entre 1995 et 2003
Nombre d’individus ayant la maladie d’Alzheimer dans le monde?
Rép : 11 millions 1980
Rép : 18 millions 2000
Rép : 25 millions 2004
Au delà de 85 ans quelle est la prévalence de la maladie de Parkinson dans la population?
Rép : 4%
Combien de mots l’humain utilise en moyenne par jour?
Rép : 15 000 mots
Miroslav Radman, le généticien, quel personnage fascinant, laissons-le s’exprimer…
Libération, 12/06/2004
RENCONTRE
« Il va bien falloir se poser la question de l'homme transgénique »
Miroslav Radman, biologiste, membre de l'Académie des sciences, spécialiste de l'évolution de l'ADN, estime que la meilleure façon de stimuler la créativité dans le domaine de la recherche est d'encourager la liberté d'esprit et d'accepter le risque de l'égarement. Fidèle à ses prises de positions peu orthodoxes, il n'hésite pas, dans un long entretien accordé au quotidien Libération, à bousculer quelques idées établies.
Par Corinne Bensimon
Vous avez publié, avec l'immunologiste Jean-Claude Weill, un article scientifique (1) explorant la possibilité de créer des hommes OGM. Est-ce sérieux ?
MIROSLAV RADMAN |
Fils d'un pêcheur de la côte croate, Miroslav Radman est, à 60 ans, directeur de l'unité Inserm «Génétique moléculaire évolutive et médicale», membre de l'Académie des sciences et lauréat du grand prix Inserm 2003 de la recherche médicale. Ses travaux sur les mutations et la réparation de l'ADN lui valent une renommée internationale. Son grand projet, soutenu par plusieurs Nobel, est l'ouverture, l'an prochain à Split, d'un laboratoire international de biologie qu'il conçoit comme une «villa Médicis» de la recherche. Selon un sondage de la station croate Radio 101 cité en mai par la revue Science, «Miro» est l'homme le plus populaire de Croatie, après le président de la République, Stipe Mesic. |
Le lien entre cancer et vieillissement est donc inscrit dans les gènes ?
Certainement. La nature l'indique : il n'y pas d'animaux sauvages grisonnants et cancéreux car, dès qu'ils vieillissent, ils faiblissent et entrent dans la chaîne alimentaire. Mais dans les zoos, où ces animaux vivent vieux, on observe des cancers. Ce phénomène est logique au regard de l'évolution darwinienne. La sélection naturelle porte sur la performance reproductive l'avantage revient à l'organisme qui a la descendance la plus nombreuse et la plus apte. Elle ne s'intéresse pas à la longévité de l'organisme au-delà de sa période de reproduction. Si la vie continue depuis 3,5 milliards d'années, c'est parce que les gènes sont transmis. Peu importe que les corps vivent au-delà de cette transmission. Le soma le corps, «l'individu» n'est qu'un vecteur transportant des combinaisons génétiques, via les cellules de la lignée germinale (spermatozoïdes et ovules), vers la génération suivante. C'est un outil à usage unique, jetable, mortel. Résultat : c'est comme s'il y avait, à la fin de la période reproductive vers 45 ans dans l'espèce humaine , un signal hormonal qui disait : «cet organisme ne se reproduira plus, abandonnez la maintenance». Alors, les cellules porteuses de mutations s'accumulent, d'où les cancers !
Un corps-outil, c'est dur à admettre...
Le problème est que nous avons le cerveau, qui nous fait dire : même si je ne me reproduis pas, j'aime ma vie, j'aime et suis aimé à 50, 60, 80 ans, je veux vivre le plus longtemps possible. Le biologiste Richard Dawkins l'a bien dit : nous sommes la première espèce capable d'une rébellion contre notre génome égoïste, entièrement sélectionné pour sa seule perpétuation. Aussi, les sociétés humaines se sont engagées depuis longtemps dans la lutte pour la survivance du soma, la prévention de la mort. En 160 ans, on a gagné 40 ans d'espérance de vie dans nos sociétés développées. On a fait reculer la mortalité à la naissance et on a allongé la durée de la vie au-delà de la période reproductive. Au prix d'une augmentation des cancers. Alors, nous posons la question : doit-on s'interdire de modifier notre génome pour accroître la résistance humaine au cancer, si on en a les moyens un jour ?
Pourrait-on le faire ?
Il y a deux ans, des chercheurs espagnols ont obtenu une souris transgénique résistante au cancer. Ils ont inséré dans des cellules souches reproductrices une ou deux copies supplémentaires d'un gène connu chez les mammifères pour être impliqué dans la résistance au cancer, le gène P53. L'idée, suggérée par Jean-Claude Weill, était la suivante : on hérite toujours de deux copies d'un gène, un de la mère, un du père. Si on avait quatre copies de ce gène P53, au lieu de deux, il faudrait, pour que survienne un cancer, qu'une copie soit inactivée, puis une seconde, une troisième, une quatrième. On gagnerait du temps. L'expérience a vérifié cette hypothèse. Les souris transgéniques espagnoles résistent aux cancérogènes chimiques et aux irradiations ! Cette expérience est préliminaire. Mais dans vingt ans, cent ans, la question de l'homme transgénique va se poser. Et pas seulement pour le cancer. Pour le sida, le paludisme, la tuberculose. Car il existe, dans l'immense diversité génétique humaine, des individus qui résistent à ces maladies parce qu'ils possèdent un variant de gène particulier, rare. On pourrait imaginer de constituer un pool de ces précieux variants et le mettre à la disposition du plus grand nombre. S'interdira-t-on de le faire ? On a vu un enfant demander des comptes au corps médical pour le préjudice d'être né handicapé. Lorsqu'on aura les moyens de prévenir des maladies dans l'oeuf, de quel droit pourra-t-on refuser cette prévention ?
A l'heure où la modification génétique des plantes fait si peur, pensez-vous qu'un tel projet puisse être discuté sereinement ?
Ça a l'air un peu fou, mais il faut rêver, c'est ainsi qu'on avance. La recherche repose sur la liberté d'esprit qui seule est source de créativité, d'innovation. C'est cela qui m'intéresse dans ce métier. Aujourd'hui, la recherche est sous pression, on lui interdit ceci, on la dirige vers cela, c'est contre-productif. Si la recherche sur les plantes transgéniques n'avait été l'objet d'une telle impatience commerciale, elle aurait pu attendre, avant de présenter quoi que ce soit, d'avoir des plantes vraiment intéressantes, qui n'ont pas besoin d'engrais, ou de pesticides, et il n'y aurait pas eu tant d'effroi. L'accumulation des peurs face à de nombreux domaines de recherche laisse présager une culture humaine peu joyeuse, sans défis. Pire, on se focalise sur les risques hypothétiques des hypothétiques innovations, en négligeant les maux certains dont on souffre : la mortalité automobile, la contamination des eaux...
Mais concrètement, comment stimuler la créativité ?
En risquant le gaspillage. Je citerais la métaphore du système immunitaire qui doit affronter un avenir incertain. Personne ne lui téléphone en disant «prépare tel anticorps car dans deux ans tu vas rencontrer la souche X de la grippe». Alors, il génère, dans une vie humaine, jusqu'à un milliard d'anticorps différents dont peut-être seulement 0,01 % lui sera utile. Quand on ne sait pas de quoi est fait l'avenir, ni que chercher, il faut produire de la diversité. Quitte à gaspiller, générer de l'erreur. Tout le système vivant le dit : les bactéries survivent parce qu'elles font de la diversité, et elles font cette diversité parce qu'elles font des erreurs en copiant leur ADN le plus vite possible pour se multiplier le plus vite possible. Pour un économiste, l'éloge du gaspillage est abject. Mais la recherche n'est pas économique. Elle avance aussi en faisant des erreurs, c'est ainsi que Fleming a découvert la pénicilline, et en gaspillant du temps à jouer avec les idées. Le Nobel Max Perutz l'avait bien compris qui organisait dans son laboratoire de Cambridge de bons déjeuners afin de s'assurer que les chercheurs allaient gaspiller du temps à se parler. C'est dans cet esprit que j'ai lancé le projet de laboratoire international à Split, en Croatie. Je le conçois comme un bouillon de culture scientifique, un lieu où seront accueillis, pour quelques années, après sélection, des porteurs d'idées originales et risquées, des chercheurs jeunes et vieux, de disciplines différentes.
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