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Jean Pierre Guay / Jean-Pierre Luminet / Jean Pierre Guay

 

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Jorge Luis Borges

Poème  du jour : Un Adieu
Soir que creuse notre adieu.
Soir acéré, détectable et monstrueux comme un ange de l’ombre.
Soir où nos lèvres vécurent dans l’intimité triste et nue des baisers.
L’inévitable temps débordait
La digue inutile de l’étreinte.
Nous prodiguions une mutuelle passion, moins peut-être
à nous-mêmes qu’à la solitude déjà prochaine.
La lumière nous emporta :  la nuit s’était brusquement abattue sur nous.
Nous allâmes jusqu’à la grille dans cette dure gravité de
l’ombre qu’allège déjà l’étoile du berger.
Comme on revient d’une prairie perdue, je revins de ton
étreinte.
Comme on sort d’un pays d’épées, je revins de tes larmes.
Soir qui se dresse vivant comme un rêve
Parmi les autres soirs.
Plus tard je devais atteindre et déborder les nuits et les
mers.



Conférencier du jour
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Je vous invite à écouter Jean-Pierre Luminet, homme de science qui s’interroge sur la vie et les trous noirs !

http://www.franceculture.com/emission-for-interieur-jean-pierre-luminet-2011-01-07.html

Vidéos  du jour

Les Finlandais ont-ils trop fêté?
 http://cap.ash.free.fr/wordpress/wp-content/uploads/finlande_drapeau1-150x150.jpg
http://www.youtube.com/watch?v=ftkEAuWwgLo&feature=player_embedded

Arnold, Arnold, Arnold…

http://blog.extremebodybuildingtips.com/wp-content/uploads/2010/01/bodybuilding-arnold-photo-150x150.jpg


Ça prend un homme, un vrai, pour faire démarrer une Lada

http://discussiya.com/wp-content/uploads/2010/08/putin-lada-150x150.jpg



Citations du jour


Écrire. Cela m’est un tel plaisir, mieux : un tel accomplissement. La certitude, ce faisant, d’être à la hauteur de mon destin.
                                                        Jean Pierre Guay
                      
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C’est facile de ne pas se sentir fragile. Il s’agit de s’occuper.
                                                        Jean Pierre Guay
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J’ai envie de me méfier de tout. Et d’être surpris là où ma méfiance ne se méfierait de rien.
                                                        Jean Pierre Guay
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Je ne suis pas un enfant, je suis un petit enfant. Les enfants ont un peu de raison dans l’âge tandis que les petits enfants n’en ont aucune. Je suis comme ces derniers. Pour eux comme pour moi, le monde est  ce qu’il est  et non ce qu’on voudrait qu’il soit.

Mais alors que sont tous ces mots que je mets sur le papier. Des riens. D’abord les feuilles poussent dans les arbres. Ensuite elles en tombent. Les mots font avec moi la même chose. Je suis l’arbre, ils sont les feuilles.
                                                        Jean Pierre Guay
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Un idéaliste est quelqu'un qui, remarquant qu'une rose sent meilleur qu'un chou, conclut qu'elle fera une meilleure soupe.
                                                        Louis Mencken
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Pourquoi remettre au lendemain ce que tu peux faire faire par (ta femme | un autre) le jour même ?
                                                        Inconnu
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Pour dire un truc intelligent il faut penser à quelque chose de con et dire le contraire...
                                                        Coluche
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Pourquoi vivre d'amour et d'eau fraîche quand on peut vivre de sexe et de vodka
                                                        Inconnu
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Dites à quelqu'un qu'il y a 300 milliards d'étoiles dans l'Univers et il vous croira. Dites-lui que la peinture n'est pas sèche et il aura besoin de toucher pour en être sûr.
                                                        Inconnu 
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J’aime beaucoup le style de Jean Pierre Guay, une écriture qui s’apparente à  celle d’Henry Miller. Je vous invite à lire les passages suivants qui sont tirés de son journal. Peut-être tomberez-vous en amour avec le personnage. Il s’est consacré à son art entièrement, à travers les lignes, on pourra voir que ce n’est pas une existence facile.

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Dimanche 4 avril 1994.

Hier, aujourd’hui, écrivant, je vois que je tente de me remettre debout sur des ruines. Elles fument encore. Le feu couve toujours. Ce qui est encore debout va finir de s’écrouler. Ce fut une longue guerre. Je me la suis faite à moi-même. Elle aura bien duré trente ans. Je n’ai plus rien. Ni biens, ni travail. Je ne sais plus où sont mes parents et mes amis. Je ne sais pas qui daignera me recueillir chez lui comme j’ai fait pour Démon (son chien). Il y a deux mois. Démon. Qu’il y ait au moins quelqu’un pour prendre la relève et l’aimer. C’est un bon chien. Moi c’est sans importance.


Lundi 5 avril. – Je ne comprends pas comment j’arrive à tenir le bout. Il faut bien convenir que celui qui marche à ma rencontre sur les eaux de ma vie intérieure le sait, lui. Mon Dieu, moi, à chaque pas, à chaque pensée, je manque m’y enfoncer.
Mais en moi. En moi, c’est toujours la nuit, et il vente toujours aussi fort, et les vagues à la surface du lac immense se heurtent toujours avec la même violence. Je ne sais plus d’où je viens, je sais encore moins où je vais. Je te vois continuant de me faire signe d’aller vers toi mais je n’entends pas les paroles qui accompagnent ton geste ou plutôt je les devine telles qu’elles s’impriment dans ma chair.

Est-ce ainsi qu’on meurt. Est-ce ainsi qu’on renaît. Démon que je viens de prendre sur mes genoux est si chaud, si enjoué.

Je n’écris plus que pour toi. Le non-sens absolu. Et pourtant. À qui on aime on donne tout ou on ne donne rien. La douleur telle que le monde l’enseigne. Comment pourrait-elle m’atteindre. Moi qui ai toujours su que je trouverais le bonheur dans l’écriture et qui écris.

     
Mercredi 28 avril.

Portrait de la courtière. Son récit. Il y a quelques années son fils aîné Michel, son préféré, s’est suicidé. Il était parti de la maison sans dire où il allait. Il avait plus tard téléphoné à l’un de ses frères pour lui demander d’aller déposer ses effets personnels dans une case postale à Québec. Il s’est tiré une balle dans la tête. La courtière a un doute. Elle pense, il lui arrive de penser que son fils pourrait avoir été tué. Par ailleurs son ex-mari l’accuse, elle, d’avoir poussé leur fils Michel au suicide en l’amenant à trouver normal de s’endetter pour monter une affaire de coupe de bois ou quelque chose du genre. Je sais ce que c’est. Elle m’a fait la même chose. Elle a une force de persuasion démentielle. En réalité elle pratique la pensée positive sur le dos des autres. Mais pourquoi. Pourquoi ai-je accepté d’entrer dans ce jeu grossier. Mais qui. Qui, d’elle ou de moi, a cherché l’autre. Le mystère est là. Hier François a dit qu’écrire comme j’écris est une façon de se suicider. Je suis donc en train de me suicider. Mais elle, est-elle en train de me tuer.

Portrait de la courtière. Il s’agit seulement de me sortir de sa folie ou, plutôt, qu’elle m’en sorte elle-même. C’est une inculte. Et si l’inculture a une essence elle est cette essence même. D’ailleurs je suis moi-même un inculte dans toutes les affaires de fric, d’argent. A elle de jouer donc. Ensuite je continuerai de l’aimer, mais pour elle-même et à l’abri des visées de son esprit tordu. Et puis, son histoire  n’est pas vraiment à raconter, elle est vieille comme le monde, elle est celle de ceux qui produisent le contraire de ce qu’ils disent. Et qui pleurent sur la désuétude de leurs arguments. Les larmes lui sont venues trois fois aux yeux en fin d’après-midi hier. Vallée de larmes. Voilà des mois que je pleure moi aussi. Mais pleurer n’est pas écrire.


Jeudi 29 avril.

Portrait de la courtière. Ses affreuses larmes. Le cancer qui a suivi le suicide de son fils Michel. Puis l’opération. Mais aussi une magouille immobilière dont elle aurait été victime et à laquelle je n’ai, à vrai dire, pas compris grand-chose. Et si je n’ai pas compris c’est parce qu’elle n’est jamais allée au bout de ses confidences, elle veut confesser mais n’est est pas capable parce qu’elle continue de tricher avec sa conscience, avec elle-même. Bref comme bien des mères elle pleure sur elle-même au lieu d’arroser de ses larmes et en toute simplicité les pieds de ceux qui l’aiment. Je suis en colère. Je suis un homme simple et je n’ai que faire de tous ses mensonges de deuxième niveau. Autre signe, elle ne voit rien, ne regarde rien. Ce ne sont pas des maisons ou des terrains qu’elle cherche à vendre mais ses raisonnements. En cela les femmes cessent d’être des femmes, et les hommes, des hommes. Les raisonneurs n’ont pas de cul. Les raisonneurs, c’est de l’air, du vide.

Portait de la courtière. Au moins subconsciemment cela aurait certainement bien fait son affaire que je me suicide. Cela, en d’autres mots, lui aurait permis de reporter d’une dizaine d’autres années l’issue du combat qu’elle mène avec elle-même. Les guerriers sont ainsi. La vue des cadavres autour d’eux les conforte dans leur cause tout en anesthésiant leur capacité de trouver des solutions paisibles et durables aux conflits qu’ils activent. La peur d’avoir à se dire à l’instant de mourir qu’ils ne croient en rien et, qui pis est, qu’ils n’ont jamais cru en rien. Et ce sont ces gens-là, sans qu’il y ait jamais d’exception, qui nous emmerdent avec leur famille et leurs histoire de famille. Car qu’est-ce que la famille sinon, justement l’inculture. Il y aurait culture, il n’y aurait pas de famille.

Vendredi 30 avril.

Portrait de la courtière. Comète obsédante. Comment a-t-elle fait irruption dans ma vie. Toutes les explications n’en constitueraient aucune. Il y a là un mystère que j’accepte de vire comme un mystère mais sans renoncer, pour autant, à le connaître. Et à sentir. J’en suis sûr, je suis en pleine œuvre de rédemption. Pas la mienne, ce n’est pas quelque chose qui pourrait venir de moi, tout le contraire, on viendrait me chercher pour me conduire à l’asile et je me laisserais faire tant la fragilité et moi ne faisons plus qu’un, et pourtant, oui, à aucun moment je ne me suis senti abaissé, élevé plutôt, porté au-delà de tout ce que je connaissais de moi et de la vie.


Portrait de la courtière. Délivre-m’en. Elle n’est pas chipie, elle n’est pas sorcière. Mais elle ment. Elle se ment à elle-même. Je lui ai dit, quand elle me l’a demandé, qu’elle n’avait pas à se sentir responsable de la mort de son fils Michel. Mais elle n’écoute pas, elle n’écoute rien, son cœur malgré les larmes reste fermé au seul pardon qui après le tien importe, le sien propre, je serai passé dans sa vie sans bien comprendre ce que j’y serai venu faire, maintenant je dois m’en aller, à toi de jouer, à toi de prendre sa douleur en toi, je reste et j’empêcherai cela, je reste et ce qui n’était que souffrance deviendra malheur, emmène-moi loin d’elle et je saurai, quand je prierai, que tu prieras toujours ton Père en moi pour elle, c’est le plus désormais que je puisse faire, j’ai besoin de renouer avec la joie qui est en moi, triste je ne sers à rien ni à personne, et puis, j’ai à écrire.

Dimanche 2 mai.

Portrait de la courtière. Aucune nouvelle d’elle depuis mardi sinon par l’un de ses deux autres fils, Jean-François, qu’elle a fait téléphoner deux ou trois fois pour me débiter les mensonges d’usage, l’argent qu’on avait dit qu’on mettrait dans mon compte à la banque, les visites annoncées de la maison. Entre autre. Tout cela est tellement grossier, enfantin, puéril, et irresponsable, et méprisant somme toute. Je considère. Sachant, dans le fond de mon cœur, que ces mensonges et tricheries n’ont pas pour but de me faire du mal à moi, que le mal ici est celui qu’ils se font à eux-mêmes et que c’est bien ce qui me rend le plus triste. Leur fils et frère Michel, sa mort brutale, son suicide qu’ils ne sont pas pardonné à eux-mêmes et qui les empêche de voir les choses autour d’eux comme elles sont, en toute simplicité. Alors moi, quoi faire sinon te demander Marie de vite les libérer de moi qui ne peux justement plus rien faire. Ensuite ils prendront le temps de comprendre que je n’étais ni un fils, ni un frère, que je n’avais pas à me suicider pour eux et que personne jamais plus ne se suicidera pour eux, que les seuls suicides restants sont chacun des mensonges qu’ils mettent en œuvre pour retarder le moment de regarder la réalité en face, une réalité toute simple : il faut laisser les morts enterrer les morts.

1er décembre 1994.     

Entendu la semaine dernière à la radio Jacques Fortin dire qu’Arlette Cousture, qu’il a lui-même éditée, n’avait aucun talent littéraire. Arlette qui est probablement parmi les écrivains québécois dont les livres se sont le plus vendus depuis dix ans. Le coup a certainement porté et je me suis un instant demandé si je ne devais pas écrire un mot à Arlette pour l’aider à s’en remettre. A quoi bon cependant. Ce qu’a dit Jacques est la vérité pure de toute artifice. Et je persiste à penser que toute vérité, à l’encontre  de l’adage populaire, est bonne à dire. Le problème, en ce qui concerne Arlette, n’étant pas qu’elle écrive mal mais qu’elle n’écrive pas du tout. Une pitié. Et le nombre incalculable de petits enfants et de vieilles madames que ce charabia larmoyant aura détournés du plaisir de trouver en eux-mêmes les moyens de ne plus être anciens. On ne donne qu’aux riches, je n’ai donc pas lettré Arlette.

             

On pourra retrouver les péripéties de Jean Pierre Guay dans la notification suivante. À noter la maison d’édition québécoise LES HERBES ROUGES que je recommande pour le choix de ses oeuvres.   
 
Source : Jean Pierre Guay :  Fragments, déchirures et déchirements? LES HERBES ROUGES

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2 commentaires:

  1. J'aime seulement les citations !

    Quan

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  2. Moi, ce que j'aime, ce sont les vidéos d'animaux ou de la nature!

    So

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