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Alfred De Vigny / Olivier Rolin / Vidéos / Kangourous

Rodney Dowton ferries a boatload of kangaroos through floodwaters near Wellington, Australia. (AP Photo/Lake Burrendong Sport and Recreation Centre, Tracy Woods) 



Vidéo du jour 1 : Huge male orangutan
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Vidéo du jour 2 : Little baby orangutans get scared 

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http://www.youtube.com/watch?v=BTvede9eWQ8&feature=fvwrel

Vidéo du jour 3 : True Bonobo Love

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Vidéo du jour 4 : Bonobos almost Free

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Vidéo du jour 5 : Buffalo kills lion

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Vidéo du jour 6 : Baby orangutans get fed 

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Citations  du jour

La soif insatiable de tout ce qui est au-delà, et que révèle la vie, est la preuve la plus vivante de notre immortalité
                                                                    Baudelaire
 http://www.morbleu.com/wp-content/uploads/2010/04/charles-baudelaire-150x150.jpg
 


Même l'homme terre à terre, superficiel et hostile à la pensée conserve le besoin séculaire de savoir que son existence a un sens; dès qu'il ne parvient plus à le trouver, ses mœurs  se dérèglent et sa vie privée est dominée par un égoïsme exacerbé, par une peur accrue de la mort.
                                                                    Hermann Hesse
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Les oeuvres nécessaires sont celles qui nous aident à passer du destin à la vie, à voir dans le monde et nous-mêmes une œuvre commune à laquelle tous, du plus petit au plus grand, du brin d'herbe au génie, nous n'avons pas le  choix de travailler sous peine de vivre dans l'angoisse de la mort et de mourir sans avoir vécu.
                                                                     Yvon Rivard
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L'homme a beau s'étendre, autant qu'il peut par sa connaissance; il a beau s'apparaître aussi objectivement qu'il le veut, il n'en retire cependant, pour finir, que sa propre biographie.
                                                                      Nietzsche
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Q: Croyez-vous qu'il soit possible d'exploiter les gaz de schiste de façon responsable?
R: Je ne sais pas du tout. Mais je sais que la façon dont on s'y prend maintenant, le procédé de fracturation avec de l'eau, est désastreuse. C'est la même chose dans l'Ouest avec les sables bitumineux. On injecte des quantités astronomiques d'eau dans le sol pour liquéfier le pétrole et l'extraire. On pollue autant d'eau qu'on extrait de pétrole, c'est la façon la plus stupide de procéder!
                                                                     David Suzuki
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Voici un récit autobiographique où l’auteur nous parle de sa rencontre avec le peintre Tahir Salakhov.

Article du jour 1 : A living legend
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Difficile de dire avec quel grand de ce monde Tahir Salakhov ne s’est pas fait tirer le portrait. Ses catalogues, qui le présentent comme «a living legend of the universal culture», le montrent avec Fellini ou Bacon, Rostropovitch ou Yves Saint Laurent, Robert de Niro ou Chagall, aussi bien qu’aux côtés de Brejnev, Gorbatchev, Poutine… Jean-Paul II, Kadhafi… Chaque fois il arbore sous le cheveu ondulé le même air hilare répandu sur un visage un peu grassouillet, barré d’une fine moustache, qui rappelle celui de Dario Moreno.
- pour ceux à qui ça dirait quelque chose. (Quand on feuillette sa galerie de portraits, on ne peut s’empêcher de se demander en compagnie de qui, de quelle éminence des arts ou de la politique on a été photographié, soi. Même pas avec Bernhard-Henri Lévy… Dur Bilan. De là à penser qu’on a raté sa vie…)
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Tahir Salahkov a des amitiés haut placées intercontinentales et transhistoriques (sa carrière commence au milieu du siècle dernier). D’autre part il a peint – car il est peintre – selon à peu près tous les styles (sans toutefois toucher à l’abstraction), si bien qu’il est difficile  de ne pas trouver, dans son abondante production, quelque œuvre à sa convenance – ni, inversement, quelque autre qu’on est gêné de devoir regarder, surtout en présence de l’artiste. Il y en  a, comme on dit, pour tous les goûts.

Personnellement, ce que je préfère de lui, ce sont des toiles anciennes, datant des années soixante, d’un postimpressionnisme qui ne mange pas de pain, des bords de mer, des portraits de travailleurs du pétrole, des ponts à Prague dans des lumières verdâtres, brouillées qui semblent se souvenir de Whistler (ce qu’il y a de bien aussi, dans l’œuvre de Salakhov, c’est qu’elle est à elle seule une histoire de la peinture moderne, on y trouve des vagues venues de chez Courbet, des rochers où il y a du Gauguin, des natures mortes à la manière de Cézanne, des ponts de chemin de fer ou des tracteurs qu’aurait pu prendre Hopper, etc.). En revanche les croûtes – récentes, malheureusement – montrant des plates-formes pétrolières crachant des flammes, et autres incendies  picturaux en bleu cobalt et rouge minimum, mieux vaut à mon avis ne pas s’y attarder.

Tahir Salakhov, je l’ai rencontré à un dîner à l’ambassade de France. Parce que, il ne faut pas se plaindre, j’ai été convié à l’ambassade. J’avais mis ce soir là une cravate et une veste en laine bien trop chaude, qu’évidemment je n’osais tomber, si bien que je transpirais sinistrement au bout de la table. Il y avait d’assez belles dames azéries, pourtant, pulpeuses épouses de ministres, des couples de diplomates, et Tahir Salakhov. Et moi, muet et mijotant au bout de la table, qui n’offrais pas une figure très glamour de la «littérature française» que j’étais supposé représenter (allez vous étonner qu’elle ait perdu, internationalement, du prestige…). L’idée ne serait certes pas venue à Tahir Salakhov de se faire photographier avec un type comme moi, mais comme je lui glissais que j’aimerais bien voir sa peinture, il me tendit  une carte de visite en m’invitant, fort obligeamment, à passer le voir. Sur le petit carton blanc, il était marqué qu’il était héros du travail socialiste, artiste national d’Azerbaïdjan, d’URSS et de Russie, lauréat du Grand Prix d’Etat de l’URSS, vice-président de l’Académie russe des beaux-arts, et plusieurs autres choses encore, des décorations, des doctorats honoris causa… (La main tendue au travers de la table, il attendait qu’en retour je lui donne la mienne, de carte, qu’il aurait fourrée dans une poche où un domestique l’aurait découverte au moment de porter la veste au pressing : mais je n’en avais pas. De nouveau, inévitable, la question :   et si j’en avais une, qu’y mettrais-je Hum…  mon adresse, je suppose. Ou bien, en plus, mes dates et lieux de naissance et de mort, tels qu’ils figurent dans le rabat de l’Hôtel Crystal : Boulogne-Billancourt, 1947 – Bakou, 2009?).

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Quelques jours plus tard, toujours en vie, je sonne donc à la porte d’une belle et vieille maison près des remparts d’Isheri Sheher. Un serviteur m’introduit. La living legend, belle prestance, en cravate et pull cachemire bleu marine, me fait d’abord passer en revue  tout un tas de photos accrochées au murs (avec Indira Gandhi, avec Siqueiros, avec Nastassja Kinski, avec Lino Ventura, Rauschenberg, Chostakovitch, Erich Honecker, Gina Lollobridga, Micheal Jackson… avec un cosmonaute, les héritiers Romanov, Marcello Mastroianni…), puis il me laisse regarder ses toiles, sous la surveillance d’un factotum. Et là, comme je l’ai  dit, problème : celles qui ne me déplaisent pas sont très anciennes, les dernières sont hideuses. Que vais-je dire au Maître? (Je m’en tire – tant bien que mal – en louant fort des aquarelles récentes.) Je ne suis venu le visiter que pour voir de près un artiste officiel (inutile de dire qu’il a aussi portraituré le Père de la Nation), un peintre brejnévien, un vieux paon soviétique opportuniste – et probablement est-il tout ça. Le voici qui m’exhibe, tout frais, reçus la veille, la notification de sa nomination dans l’ordre français des Arts et Lettres et un télégramme de Medvedev à l’occasion du jour de la Victoire. Pourtant, ici commence ma confusion. D’abord il a fait préparer un déjeuner (délicieux en plus). Je ne m’attendais pas à celle-là. Comme je ne peux lui être, nulle part, même dans un autre monde, d’aucune utilité, il faut bien admettre que cet apparatchik de la palette est aussi, tout simplement, un homme hospitalier. Je commence à me sentir dans la peau d’un traître de comédie. Puis voici qu’il me raconte l’histoire de son père, premier secrétaire  du Parti dans le Haut-Karabakh,  arrêté en septembre 1937 comme trotskiste-zinoviévien, fusillé le 4 juillet 1938.  «Pendant 20 ans, personne n’est venu chez nous. J’ai eu une enfance d’ennemi du peuple, en pleine guerre, personne ne me parlait.» Il me montre une photo de son père, qui lui ressemble de façon frappante. Même petite moustache, même chevelure ondulée (du coup, c’est à Romain Gary qu’il me fait penser, plutôt qu’à Dario Moreno).

Des communistes torturés, fusillés comme traîtres, déshonorés et tués au nom de l’idéal qui était le leur, on sait qu’il y en eu des milliers, des dizaines de milliers. On sait ça, on lit ça, mais c’est différent d’avoir sous les yeux la photo du supplicié et d’entendre son fils, son portrait, dire que toute sa vie, il l’a vécue pour venger son père. Je suis ému, je le trouve beaucoup moins ridicule, ce vieil homme encombré, alourdi d’honneurs. Pour un peu, j’en viendrais presque à aimer ses plates-formes crachant des flammes rouge minimum dans le ciel bleu. Je me reproche d’avoir été, moi, un peu mesquin. Je suis arrivé chez lui pour le juger, et même l’ayant déjà jugé – j’en repars pénétré de l’humaine ambigüité. Moins idéologue, plus romancier. Un peu plus vieux aussi, peut-être, si l’on associe l’intransigeance à la jeunesse.
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Source : Bakou, derniers jours: Olivier Rolin 

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Poète du jour  :  Alfred De Vigny

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Poème : La mort du loup

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Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
- Nous marchions, sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans le hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins parcils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. – Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs ; seulement
La girouette en deuil criait au firmament,
Car le vent, élevé bien au dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en bas, contre les rocs penchés.
-Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable, attendant à genoux,
Qu’une étoile jetât quelque lueur sur nous ;
Puis, tout bas a juré que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands Loups-cerviers et de deux Louveteaux.
- Nous avons tous alors préparé nos couteaux
Et cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches
Nous allions, pas à pas, écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup des yeux qui flamboyaient,
Et je vois au-delà quelques formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit, sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
L’allure était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le Père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu’adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvraient le Demi-Dieux Rémus et Romulus.
- Le loup vient et s’assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris.
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n’a pas desserré se mâchoires de fer.
Malgré nos coups de feu qui traversait sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
- Il nous regarde encore, ensuite il se recouche
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux Louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve,
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
III
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes,
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah, je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur !
Il disait : « Si tu peux, fait que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de Stoïque fierté
Où naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
- Fait énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, Souffre et meurs sans parler. »



Lorsque Vigny compose ce poème, en octobre 1838, 2 sévères épreuves viennent de l’ébranler : la mort de sa mère et la rupture avec Marie Dorval, l’actrice pour laquelle il a écrit Chatterton. A l’épreuve, Vigny répond par un silence stoïque qui méprise la fatalité. La scène de chasse met d’abord en relief la tragédie de l’animal traqué avant de susciter la réflexion de celui qui le traque. Finalement, qui mérite le nom d’homme.
Le tour de force de Vigny est d'assimiler,  malgré une apparente distinction, la condition de l'homme à celle de l'animal traqué.

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