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Alain Lieury / Des citations / Un vidéo‏


A dragonfly tries to clean itself as it is stuck to marsh grass covered in oil from the Deepwater Horizon oil spill, in Garden Island Bay on the Gulf Coast of Louisiana near Venice on Tuesday, May 18, 2010. (AP Photo/Gerald Herbert)





Vidéo du jour : Des kiwis et des hommes - Bloopers - Palourde Royale



http://www.youtube.com/watch?v=KrtyIqSzoYI







Citations du jour


Le but de l'art est de figurer le sens caché des choses et non point leur apparence [...] la création poétique est plus vraie que l'exploration méthodique de ce qui existe
                                                      Aristote

[...] le désespoir de l'art et son essai désespéré de créer l'impérissable avec des choses périssables [...]
                                                      Broch


Vouloir que la société soit Dieu, c'est une idée de sauvage. La société n'est qu'un moyen
                                                      Alain


J'appelle ennui de n'être pas en passion
                                                      André Suarès
http://media.paperblog.fr/i/47/476856/vers-venise-andre-suares-L-2.jpeg

Je souffre davantage d'être en devenir, de n'être pas totalement ce que je suis, que d'être ce que je suis.
                                                      Fernand Ouellette

Il pourrait paraître étonnant que de profondes pensées se trouvent plutôt dans les écrits des poètes, que dans ceux des philosophes. La raison est que les poètes écrivent inspirés par l'enthousiasme et la force de l'imagination
                                                      Descartes






Préambule du jour : Alain Lieury est professeur de psychologie cognitive à l'Université de Rennes II. Il est spécialiste de la mémoire. Il a écrit de nombreux livres, évidemment sur sa spécialité, mais aussi des manuels de psychologie cognitive. Il a été directeur du Laboratoire de Psychologie Expérimentale (1982-2007) et chargé de mission pour le bâtiment de l'UFR "Sciences Humaines" de l'Université Rennes 2. Il a écrit notamment "Mémoire et réussite scolaire", "Psychologie Cognitive", "100 petites expériences de psychologie" (éditions Dunod).


Extrait du jour 1 : Mon poisson rouge est-il intelligent? Intelligence animale et évolution du cerveau


D'une manière générale, on observe avec le développement des vertébrés – poissons, oiseaux, mammifères – et enfin des primates jusqu'à l'homme, une augmentation du poids du cerveau relativement au poids total. L'homme a en moyenne un cerveau de 70 kilos ce qui lui fait un poids relatif du cerveau beaucoup plus élevé par comparaison avec des animaux de poids voisins comme le lion ou l'autruche mais qui ont des cerveaux 10 à 20 fois moins lourds. Le cerveau du chimpanzé pèse 400 grammes, à peine moins que les 450 grammes de notre plus lointain ancêtre, l'australopithèque. Quand à notre petit poisson rouge, il est en bas de l'échelle avec un cerveau miniature pesant moins d'un dixième de gramme.

Malgré les énormes différences entre espèces animales, des comparaisons sont parfois possibles si bien que certains chercheurs (Bittman, 1965; Harlow, 1949) ont utilisé le même problème pour comparer l'intelligence de différents animaux. A chaque problème, l'animal doit choisir entre 2 objets (par exemple une croix et un rond) pour recevoir une récompense, mais à chaque fois les 2 objets sont différents. Un homme adulte apprend en 1 ou 2 essais ce genre de problème: si la récompense n'est pas sous la croix, c'est qu'elle est sous le rond. L'homme trouve la solution en 2 essais au maximum: soit on soulève l'objet (sous lequel est cachée la récompense) par hasard (c'est bon au premier essai) soit on soulève l'autre, et le bon objet est soulevé au deuxième essai, ce qui fait 2 essais au maximum. Mais pour arriver à ce résultat, un chimpanzé a besoin d'un entraînement de 200 problèmes (sur plusieurs mois). Un pigeon ne réussit qu'à 80% après 500 problèmes. Un chat ne réussit qu'à 60% après un entraînement de 600 problèmes tandis que le rat ne réussit guère au-dessus du hasard après le même entraînement.

Essayons un problème plus simple. Un animal doit choisir une cible (ex. Rond brillant) plutôt qu'une autre stimulation (rond noir), et est alors récompensé; des graines pour un pigeon et ... un délicieux petit vers pour notre poisson rouge. Puis lorsqu'il réussit plusieurs fois (à raison de 40 essais par jour), on inverse et c'est le rond noir qui est récompensé et ainsi de suite. Le rat, cette fois, arrive bien à changer plusieurs fois et malgré les changements de la cible récompensée, ne fait que 2 erreurs en moyenne. L'intelligence du pigeon est moins flexible et il commet jusqu'à 50 erreurs avant d'apprendre à changer de cible, mais finit au bout de 20 jours à bien apprendre. Ce n'est pas le cas de la tortue qui fait toujours 40 erreurs par jour au bout de 20 jours d'entraînement. Et notre petit poisson rouge? Et bien, force est de constater qu'il ne brille pas par son intelligence, il fait jusqu'à 70 erreurs par jour, même au bout de 20 jours d'entraînement.


Extrait du jour 2 : «Souvenirs, souvenirs»... Premiers souvenirs et souvenirs d'enfance


Bien souvent, plus vous remontez loin dans votre enfance et plus les souvenirs sont rares, pour arriver à un véritable trou de mémoire avant 3 ans. En moyenne, les souvenirs les plus anciens des adultes (y compris jeunes) sont datés, lorsqu'on peut les vérifier, entre 3 ans et 4 ans. En s'appuyant sur la première enquête faite sur les souvenirs d'enfance par Victor et Catherine Henri (1896), Freud pensait que cette perte de la mémoire était due à une répression de la sexualité infantile, mais cette théorie n'est plus admise par la majorité des chercheurs qui voit dans ce phénomène un résultat de la construction de la mémoire et du langage comme le suggère fortement la recherche minutieuse de Waldfogel (1948).

L'enquête a été menée sur 124 étudiants des 2 sexes auxquels il avait été demandé d'évoquer leurs souvenirs d'enfance jusqu'à 8 ans, leur âge au moment du souvenir, ainsi que l'évaluation du caractère «plaisant ou déplaisant» du souvenir. Au total, 6500 souvenirs ont été rapportés soit en moyenne 52,3 par sujet quel que soit le sexe. L'âge moyen du premier souvenir se situe entre 3 et 4 ans, ce qui confirme les enquêtes précédemment citées.

Walfogel a comparé l'évolution des souvenirs d'enfance avec l'évolution du nombre de mots connus par l'enfant (vocabulaire) et également avec le développement de la mémoire de récit dans un test qui consiste à raconter de mémoire une situation complexe (non précisée par l'auteur). On constate que l'évolution des souvenirs est parallèle à la mémoire de récit à partir de 4 ans et strictement parallèle au développement du vocabulaire de 1 à 7 ans.

Conclusion

Ces résultats confirment bien que l'évolution des souvenirs est fonction du développement général de l'enfant et en particulier que l'amnésie infantile se produit à une période où l'enfant ne dispose pas d'éléments de représentation linguistique. Pour raconter un souvenir, il faut les mots pour le décrire. Racontant la guerre de Troie à des enfants, l'un d'eux me demanda ce qu'était le «talon de la Chine» pour le talon d'Achille! Une autre anecdote avec Mina, une de mes petites-filles, le montre bien. Regardant La Belle au Bois Dormant de Walt Disney, celle-ci me dit au moment où le roi avait ordonné de brûler tous les rouets du royaume: «Dis, pourquoi ils brûlent tous les vélos!» Si je ne lui avais pas expliqué le mot «rouet», qu'est-ce que sa mémoire aurait enregistré? Peut-être des images de bicyclettes jetées dans les flammes!






Source : 100 Petites Expériences de psychologie: Alain Lieury


http://www.librairiepantoute.com/img/couvertures_300/psychologie-du-cerveau.jpg


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