Pages

André Major / Alexandre Blok / Photo du jour / Vidéo du jour‏



Nazroo, a mahout (elephant driver), poses for a portrait while taking his elephant, Rajan, out for a swim in front of Radha Nagar Beach in Havelock, Andaman Islands. Rajan is one of the few elephants in Havelock that can swim, so when he is not dragging timber in the forest he is used as a tourist attraction. The relationship between the mahout and his elephant usually lasts for their entire lives, creating an extremely strong tie between the animal and the human being. (Photo and caption by Cesare Naldi)


Vidéo du jour : Un Chat, un chien et deux cervidés…



http://www.youtube.com/watch?v=voF-H0hVHXw&feature=related

Citations du jour

On devient vieux quand les regrets remplacent les rêves. Dans mon cas, ça s’en vient. Je rêve de moins en moins.
                                                                      Yves Montand


C'est un signe de médiocrité que d'être incapable d'enthousiasme.
                                                                      Honoré de Balzac


Si un homme a beaucoup plus qu'il ne faut, c'est que d'autres manquent du nécessaire.
                                                                      Léon Tolstoï


Les états n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts                                                                                        
                                                                      Talleyrand

Lorsqu'il se trouve face à face avec les étoiles qui regardent d'en haut
 depuis des millénaires, avec ce ciel impénétrable, ces ténèbres, si indifférents pour la brève vie humaine, lorsqu'il essaie d'en saisir le sens, leur silence opprime son âme. Naît alors le sentiment de la solitude qui attend chacun de nous dans la tombe, l'essence même de la vie apparaît épouvantable, désespérante...
                                                                     Anton Tchékhov


Dans un couple, il y  a souvent quelqu’un qui sert de faire-valoir à l’autre. Et, comme la vie est injuste, c’est toujours le même qui joue ce rôle-là.
                                                                      André Major



Poète du jour : Alexandre Blok


Poème 1 : Le jugement

Pourquoi baisses-tu les yeux, confuse?
Regarde-moi comme autrefois.
Voilà ce que tu es devenue dans l’humiliation,
A la lumière crue, impitoyable du jour!

Moi non plus je ne suis pas le même qu’autrefois,
Inaccessible, fier, pur et méchant.
J’envisage avec plus de bonté et de désespoir
Le morne et simple chemin de la vie.

Non seulement je n’ai pas le droit,
Je n’ai pas la force de t’en vouloir
Pour le chemin douloureux et perfide
A tant de femmes dévolu.

Car ta vie je la connais
Un peu autrement que les autres,
Mieux que les juges je sais comment
Tu t’es trouvée au bord de l’abîme.

Naguère, ensemble, au bord de cet abîme
La passion funeste nous faisait tournoyer,
Ensemble nous voulions rejeter le fardeau,
Prendre l’essor pour ensuite retomber.

Tu rêvais toujours que dans les flammes
Nous allions ensemble nous consumer,
Qu’en  mourant dans les bras l’un de l’autre
Nous verrions des pays bienheureux.

Que pouvons nous faire si ce rêve
Nous a trompés, comme trompent tous les rêves,
Si la vie de sa cravache grossière
Nous a cinglés sans pitié?

Que sommes-nous pour cette vie trop rapide,
Et le rêve a raison de nous avoir menti. –
Pourtant avec moi heureuse
N’aurais-tu jamais été?

Cette mèche d’un or si pur
N’est-elle pas de la flamme d’autrefois?
Vaine, passionnée, parjure,
Chère à jamais, pardonne-moi!

11 octobre 1915

Poème 2 : Sans titre



Action d’éclat, exploits et gloire
Je les oubliais sur cette de douleur,
Quand ton visage, dans son cadre simple,
Devant moi rayonnait sur la table.

Mais l’heure vint : tu quittas la maison.
Je jetai dans la nuit l’anneau qui nous liait.
Tu as livré ton destin à un autre,
Et de ton beau visage, j’ai oublié les traits.

Les jours maudits filaient, tourbillonnant essaim…
Le vin et la passion se partageaient ma vie…
Je me souvins de toi debout devant l’autel,
Je t’appelai comme mes jeunes années.

A mon appel tu n’as pas répondu,
Devant mes pleurs tu restas sans merci.
Dans ta cape bleue tu l’enveloppas tristement,
Tu quittas la maison dans la brume de la nuit.

Où donc pour ton orgueil as-tu trouvé asile,
O toi, si chère et si tendre à mon cœur?
Dans mon sommeil profond je revois cette cape bleue,
Dans laquelle tu partis dans la brume de la nuit.

Je n’attends plus ni tendresse ni gloire,
Tout est fini, la jeunesse es passée.
Ton visage, dans son cadre simple,
Je l’ai moi-même ôté de la table.


30 décembre 1908



Article du jour : L’Esprit Vagabond, André Major
http://www.prixduquebec.gouv.qc.ca/gpq-img/culture/c-major_andre.jpg

Passage 1, p 18
 On écrit d’abord parce que le désir d’écrire nous tient, sans avoir jamais la certitude que cela fait de nous un écrivain puisque ce sont les lecteurs qui en décident. Eux seuls, car le fait qu’un éditeur imprime nos écrits ne suffit pas à nous rassurer. Peu importe qu’on soit écrivain reconnu ou non si le désir d’écrire persiste ; et il persiste tant qu’on ne surmonte pas cette contradiction fondamentale entre l’adhésion au monde et le refus du monde, tant qu’on ne pactise pas avec la langue commune. L’écrivain ne peut parler qu’une langue, la sienne, pour comprendre quelque chose -  pour seulement  espérer comprendre quoi que ce soit à cette étrange destinée qui est la sienne comme celle des autres. 

Passage 2, p 52
 On croit avoir perdu toutes ses illusions, mais il nous en reste quand même qui nous permettent de survivre au dénuement spirituel. On se surprend à attendre quelque chose de la vie, sinon des autres, à quoi on se raccroche pour lutter contre la gangrène de l’esprit, l’apathie du cœur et le poids des horribles devoirs stériles qui nous sont imposés et qu’on s’impose parfois pour expier on ne sait trop quelle faute. Et puis le printemps est là, enfin avec le forsythia et ses fleurs d’un jaune à la fois éclatant et délicat, les cris éperdus des oiseaux revenus fêter la verdure qui pointe des bourgeons et l’air saturé des parfums.


 Passage 3, p 64
 Avec l’âge une intolérance nous vient, qui n’est pas celle de la jeunesse; ce qu’on finit par ne plus tolérer, c’est l’approximatif, l’inachevé ou le bâclé, aussi bien dans les opinions que dans les réalisations  de toute sortes, en littérature tout particulièrement : dès que je flaire une fausse originalité ou que je tombe sur une fausse note, je referme le livre et passe à autre chose. Voilà ma forme préférée de critique – la plus expéditive, en tout cas.

Passage 4, p 77
 Si Barthes a raison d’affirmer que «le petit-bourgeois est un homme impuissant à imaginer l’autre», on peut conclure que l’esprit petit-bourgeois est en passe de conquérir la planète, si ce n’est déjà chose faite. Il ajoute : «Si l’autre se produit à sa vue, le petit bourgeois s’aveugle, l’ignore ou le transforme en lui-même.» Et sur la littérature il dit ceci qui est aussi évident que la faillite morale du nouvel ordre mondial : «La littérature est devenue un état difficile, étroit, mortel. Ce ne sont plus ses ornements qu’elle défend, c’est sa peau», c’est-à-dire le scandale d’une lucidité sauvage, réfractaire aux codes sociaux et intraduisible dans la langue dite des communications.

Passage 5, p 85
Mais on apprend  que la fierté a aussi ses lesbiennes et ses gais et que ceux-ci en témoignent en défilant dans des oripeaux de mascarade, et cela pour convier «le monde straight» à une plus grande tolérance. Tolérons-les mon Dieu, et au plus vite, pour que la fierté n’ait plus de lesbiennes et de gais à faire pavaner, bardés de chaînes rappelant l’esclavage et d’autres babioles d’un érotisme qui, s’il prend le contre-pied de l’esthétique dite straight, n’en est pas moins tout ce qu’il y a de plus kitsch en ville. 

Passage 6 p 87
 A la télé, on prend pour du dynamisme ce qui n’est souvent qu’un débordement bruyant, pour de la générosité une parole excessive et sans retenue, pour du talent ce qui colle à l’aire du temps. Si, par hasard, arrive sur le plateau quelqu’un de mesuré, de réfléchi et qui ose parler juste, on le trouve bien tiède et bien fade. Et l’on ne sera pas près de revoir au petit écran.

Passage 7, p 131
Quelle que soit la forme qu’il emprunte, le plaisir d’écrire tient moins à la satisfaction de s’exprimer, comme c’est le cas dans l’adolescence, qu’à ce pouvoir du langage d’approcher une approximative vérité de l’existence en nous faisant accéder à un niveau supérieur d’expression. Car les mots, en s’insinuant au cœur de l’expérience, l’éclairent de l’intérieur et en donnent une version d’une évidence si neuve qu’elle en est métamorphosée. La force de cette évidence, on la décèle dans la justesse  des détails et des images, tout comme dans l’écho qu’une telle parole trouve en nous.


Source : L’esprit Vagabond, Carnet : André Major

http://www.librairiepantoute.com/img/couvertures_300/293871.jpg


Faites moi part de VOS COMMENTAIRES, c'est le salaire du blogueur!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire