Pages

Pierre Falardeau encore!!!! / Citations du jour / Photo du jour‏



 In this photo provided by the Chicago Zoological Society, Sophia, a 27-year-old orangutan, and her unnamed 6-month-old baby female enjoy the day at the Brookfield Zoo in Brookfield, Ill., on Thursday, April 9, 2009. (AP Photo/Chicago Zoological Society, Jim Schulz) 




Commentaires recueillis sur la photo du jour


Zoos are prisons for the innocent animals. Shut them down and release the prisoners and the workers can find something productive to do such as teach or help wounded animals. This is barbarism.      



IMAGINE YOURSELF LIVING IN A CAGE FOR THE REST OF YOUR LIFE!
NOW IMAGINE YOURSELF RUNNIG FREE AND WILD IN THE FIELD!
Which one would you pick? Come on people if these animals could only speak I think they would be saying "what gives you the right to rule how we live?" 'PLEASE JUST LEAVE US ALONE" Lets find it in our hearts to not let it be about the money all the time. We need to stand up for these beautiful helpless creatures, only we together can make the difference. Animals cant speak so please let us do it for them, they need us NOW!!!!!!!!!!!!!HELP!! Thank you.


Citations du jour


Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou.
                                              Frédéric Nietzsche   






La douleur physique existe pour nous rappeler que nous sommes mortels. Quand on souffre dans notre corps, on découvre combien sotte et vaine est la vanité.
                                                                  André Major 



On a beau dire, se dire que tout est fini, qu'on peut se passer de ce qui nous a trahi, on revient toujours à ce qui nous fait rêver.
                                                                 André Major 


La vie, c'est comme une bulle, une petite bulle perdue dans l'atmosphère, et qui éclate un beau jour quand le temps est venu.
                                                                  André Major




Dis ce qui t'est le plus personnel, dis-le, il n'y a que cela qui importe, n'en rougis pas: les généralités se lisent dans  les journaux.
                                                                 Elias Canetti


Ta nullité, prends-en conscience, tu sais où? Devant Dieu ou, si tu veux, devant l'intelligence, la beauté, la nature, mais pas devant les hommes. Au milieu des hommes, il faut avoir conscience de sa dignité. [...] Ne confonds pas humilité et sentiment de ta nullité
                                                                Tchekhov

Les sociologues l'affirment: l'homme ne peut s'identifier lui-même comme individu hors de sa culture.  En voulant réhabiliter la société en commençant par la réhabilitation des individus, l'humanisme de Larose, rejetant la solidarité de la conscience et de la culture, l'universalisme fait de nous des ¨élites¨  - et des êtres - de nulle part. C'est le problème de monsieur C... et de biens des ¨retours d'Europe".

Alors, par quoi doit commencer notre rapport au monde: par la littérature québécoise ou par la littérature française? Entre l'identité et l'altérité, entre l'humain et l'universel, je crois que l'enseignement de la littérature québécoise, pour des raisons pédagogiques, a tout ce qu'il faut pour restituer à la conscience dissociée son unité. Langue et langage sont une présence totale de l'homme au monde. Tout Miron. Définir son appartenance et sa spécificité en même temps que sa relation au monde, c'est se tenir à égal distance de soi (le nationalisme) et de l'autre (l'universalisme).
                                                                  Bruno Roy



En me relisant, je pense à mes élèves d'aujourd'hui, de quelle désolation ils témoignent? Ils n'ont pourtant pas lu Jonathan Livingstone le Goéland. Mais ils savent lire et écrire des textes fonctionnels sans profondeur: le reportage, le contrat, le curriculum vitae, l'entrevue, etc. Les symboles de sagesse, c'est la littérature qui les nourrit, pas la superficialité des journaux, encore moins la médiocrité institutionnalisée des programmes. Ce ne sont pas ces modèles  d'écriture performatifs qui vont apprendre aux élèves d'aujourd'hui à intégrer, au niveau de la pensée, cette phrase  de Bach, si superficiel pour Tranquille: "Si je glisse dans la haine, je serai inévitablement un homme diminué.¨ Questionner apprend à penser. Quand la délinquance pédagogique est nécessaire...
                                                                Bruno Roy






Article du jour : Un film de boxe… oui mais lequel?

http://media1.nfb.ca/medias/nfb_tube/thumbs_small/2008/27803_5.WEB.SMALL_.jpg



J’ai toujours rêvé de faire un film sur la boxe. A la fin des années 60, comme j’avais pas d’argent, j’allais voir les combats au Forum avec une vieille Bolex à spring : j’avais l’air d’un caméraman, on me laissait passer gratuitement sans poser de question. Il n’y avait même pas de pellicule dans la caméra mais ça, personne ne le savait. On me donnait  les meilleures places, au bord du ring, et je faisais semblant de filmer. Marcotte et Paduano se tapaient sur la gueule à tour de bras.

Muhammad Ali en maître sur le monde de la boxe. Aux USA, Martin Luther King marchait dans les rues. Il y avait aussi Malcom X, Rap Brown, Stokely Carmichael et le Black Panthers. Le grand James Baldwin écrivait The Fire Next Time et Ali mettait le feu au monde avec ses poings et sa grande gueule : ¨The Vietcong never called me nigger!¨ C’était la guerre du Viêtnam. L’Algérie faisait son indépendance. Guevara parlait aux Nations unies.

Ici on était resté à Maurice Richard; il fermait sa gueule comme un vrai French Canadian, poli, bien élevé, tenu en laisse par les Molson. Ici il y avait le Front de libération du Québec, Reggie Chartrand et ses chevaliers de l’indépendance se battaient au carré Philips, Il y avait aussi la visite de la reine à Québec. Puis l’émeute de la Saint-Jean. Gaston Miron publiait L’homme rapaillé. Pierre Perrault sortait Pour la suite du monde.

Un film de boxe, oui mais lequel? Je cherchais un combat exemplaire comme le chef-d’œuvre  de Muhammad Ali contre Foreman au Zaïre en 1974. De la boxe, bien sûr, mais plus que de la boxe. Deux mondes s’affrontaient : l’Amérique de Foreman contre le champion du tiers-monde. Un combat exemplaire comme celui gagné par Marcel Cerdan contre un boxeur allemand à Paris sous l’Occupation devant un parterre d’officiers nazis. La beauté du sport mais aussi le symbole, la métaphore, la poésie : la finale de hockey en 1968 entre les Russes et les Tchécoslovaques au lendemain de l’invasion soviétique. Emil Zatopek, le grand coureur de fond tchèque, avait refusé de fermer sa gueule, lui que les vendeurs de bière ne tenaient pas en laisse.

Je cherchais toujours. J’étais descendu en moto au New Jersey pour aller rencontrer un boxeur noir au pénitencier de Rahway. L’enfer. James Scott était là pour meurtre. Il s’entraînait  sans sa cellule. Il courait des milles et des milles à l’intérieur des murs. On racontait qu’il aurait bientôt sa chance pour un combat de championnat. On avait discuté quelques heures. On s’était bien entendus. Il trouvait ça drôle qu’un nègre blanc, qui parlait une drôle de langue, fasse un documentaire sur un boxeur afro-américain. Il y avait là une bonne histoire. Je devais rencontrer son gérant quelques semaines plus tard pour finaliser le projet. On avait installé l’arène au milieu de la cour de la prison. Tout  autour, derrière une clôture de broche surmontée de barbelés, des milliers de prisonniers encourageaient leur champion. L’autre boxeur, dans le coin opposé, avait l’air seul au monde. Il se battait contre toute la prison de Rahway. En plus, je crois bien qu’il était blanc. Les prisonniers noirs, grimpés dans la clôture, hurlaient de rage. La haine à l’état pur! Le zoo! C’était extraordinaire!

Après le combat gagné par le ¨tueur de Rahway¨, je rencontre son gérant. Me semble qu’il s’appelait Don King. En tout cas il avait l’air d’une crapule. Mais peut-être que je fabule. On s’était pas encore présentés que déjà il me disait : ¨How much?¨ C’est tout ce dont ce dont je me rappelle. ¨How much¨ Je me suis mis à bafouiller, à m’enfarger dans mes explications. J’avais l’air d’un cave. Un documentariste québécois insignifiant qui n’a pas encore compris la vraie game, la game des États. Je venais de débarquer dans les grosses ligues et j’avais l’air du demeuré du fond du rang. ¨How much?¨ Fin du projet. Terminé.

Je n’ai jamais trouvé le combat exemplaire que je cherchais, mais je continuais malgré tout à suivre la boxe de loin. En 1980, à Montréal, Robert Duran, enveloppé dans le drapeau québécois, battait aux points le génial Sugar Ray Leonard, Le même soir Gaétan Hart, chez les poids légers, tuait Claveland Denny dans le ring. Moi, j’aimais bien Hart. Je ne connaissais rien du bonhomme mais j’amais son style, son allure, sa façon de se battre. Un choix purement esthétique. André Gagnon avait fait un film sur Hart : Métier : boxeur. On n’en apprenait pas beaucoup sur l’homme, mais il y avait un travelling extraordinaire d’Alain Dostie sur la musique d’Offenbach. ¨Gaétan, y parle pas¨ m’avait dit Gagnon. Peu de temps après, Hart prenait sa retraite et disparaissait de la scène sportive.

Ma blonde venait de découvrir l’œuvre de Jack London En lisant Histoires de boxe, elle avait décidé d’écrire un film de fiction d’après  la nouvelle intitulée A piece of  Steak. C’est l’histoire d’un vieux boxeur qui crève de faim. On lui offre un combat contre un boxeur plus jeune, une vedette montante; il servira de faire-valoir. Le jour du combat, il aimerait se payer un steak pour refaire ses forces. Le combat commence et le vieux décide de montrer qu’il est loin d’être fini. Il coince le jeune dans les câbles  pour l’achever. Il cogne, il cogne, il cogne encore et c’est la victoire par K.-O. Mais, soudain, les forces du vieux le trahissent et l’autre reprend le dessus. Défaite du vieux. Tout ça à cause d’un steak.

Moi, ça me plaisait de voir une fille scénariser un film de boxe. Je m’étais proposé pour la conseiller et elle n’avait pas dit non. Un jour, j’apprends dans le journal que Gaétan Hart va remonter dans le ring. A 37 ans, c’est un vieux. Contre le jeune Galarneau il n’a aucune chance.  Il déclare aux journalistes : ¨C’est pas lui qui va m’envoyer mon steak¨ Wow! C’est à peu de chose près l’histoire de Jack London. Je propose à Manon de laisser tomber la fiction. ¨On fait un documentaire à 2. On garde la structure de la nouvelle, point. Tu me prendras comme assistant.¨

C’est comme ça que j’ai fait Le steak avec Menon Leriche.Un film avec du free jazz et le grand Martin Leclerc à la caméra. Werner Nold au montage. Un film sur la boxe mais surtout un film sur la vie, sur la passion. Pour moi, Gaétan Hart serait danseur de ballet, ramoneur, pianiste ou docteur en physique nucléaire, ça changerait absolument rien. La boxe est un prétexte, une esthétique. Ce qui est intéressant, c’est le rêve. L’important  c’est la démarche, la lutte, la bataille. Se battre contre les autres, mais se battre d’abord contre soi-même, pour se comprendre, pour voir ce qu’on a dans le ventre. Les winners, les losers, rien à crisser, on va laisser ça aux journalistes. De toute façon on finit tous par perdre un jour ou l’autre. C’est inévitable. C’est la vie.

On demandait un soir à des journalistes, des spécialistes, des experts, quelle était la principale qualité d’un boxeur. Tout le monde répétait en chœur : ¨L’intelligence.¨ Un seul homme était en désaccord. Un seul, Reggie Chartrand. ¨La première qualité d’un boxeur, c’est le courage. L’intelligence, ça vient en deuxième.¨ Je pense que c’est lui qui a raison.

Ces jours-ci, on parle beaucoup de Rocky et de Raging Bull. Je regrette, mais si on parle de boxe, le grand réalisateur ce n’est pas Scorsese, c’est John Huston avec Fat City et c’est Gilles Groulx avec Golden Gloves. Et pour oser faire un film de boxe, après Huston et après Groulx, ça prend beaucoup d’humilité… ou de prétention. J’ai les 2. Merci, Manon, de m’avoir choisi comme assistant.


Source :  Rien n'est plus précieux que la liberté et l'Indépendance : Pierre Falardeau 


http://www.vigile.net/local/cache-vignettes/L252xH375/jpg_13-falardeau2-0f557.jpg


Faites moi part de VOS COMMENTAIRES, c'est le salaire du blogueur!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire