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Les Sopranos / Bruno Roy / International Observer/ Lorraine Bracco‏

Chiffres du jour

 

Le recensement de 1999 a révélé que 26% des adultes vivant en France avaient couramment pratiqué dans leur enfance une langue autre que le français : principalement l'alsacien (660 000 personnes), l'occitan (610 000), les langues d'oïl (580 000) et le breton (290 000).

Source: Délégation générale à la langue française          



Citations du jour

Il y a en chacun de nous, c'est l'évidence même, non pas un seul mais plusieurs lecteurs: celui qui va vers  les grandes œuvres, les œuvres consacrés, et celui qui a besoin d'apprendre, de savoir, de découvrir, ou d'être confirmé dans ses convictions profondes; celui qui fait de la critique, et qui accepte plus volontiers que l'autre d'admirer des livres qui ne lui conviennent pas tout à fait; celui qui,  sur la plage ou ailleurs, lit pour se divertir; et quelques dizaines d'autres. Il ne m'est pas facile de décrire le lecteur que je suis devant le roman de …                                                                                                                                                                                                           Gilles Marcotte         



L'erreur c'est de se croire l'auteur de sa propre vie alors que c'est la vie qui nous invente, c'est elle qu'on reconnaît lorsqu'on se regarde dans un miroir et qu'on ne se  reconnaît plus, lorsqu'on devient pour soi-même un étranger, un ami qu'on croise en chemin, un caillou qui heurte notre pied, un chien qui nous suit,   un chat qui nous fixe, un nuage qui nous absout, n'importe quoi qui nous tire de nous-mêmes et nous libère de la tentation d'être quelqu'un.                                            
                                                                  Yvon Rivard



Du pain et des jeux. J'attends autre chose d'un livre. J'aime qu'un livre laisse des traces. C'est mon vieux défaut de  lecteur.        
                                                                   Bruno Roy                                                        
 
                                                                                                            
Je dois tout aux mots                                                                                                               
                       Bruno Roy  
                                                                                                  
                                                                                                                       
Tout lecteur est  un voyeur                                                                                                                                       Bruno Roy     



L’ultime vérité me concernant est que j’ai toujours désiré passer ma vie à écrire tout en ne sachant pas quoi écrire. […] Mots bénis soyez qui me faites la grâce de dire les choses comme elles sont. En tout cas quand c’est moi qui vous couche sur le papier. […] Et c’est à moi qu’on a déjà reproché d’écrire comme si je me sentais coupable de vivre.   

                                                                  Jean-Pierre Guay

                               


                     

Vidéos du jour  

J'aime la musique dans ce vidéo...


Michel Chartrand pour toujours...


Quoi, vous ne connaissez pas Bruno Roy? Dépêchez-vous d’écouter le lien…





Pour apprendre l’espagnol, j’écoute les Sopranos sous-titrés dans la langue de Don Quichotte. J’ai fait une petite recherche sur celle qui joue le rôle du psychologue dans les Sopranos. Voici en grande pompe un portrait de Lorraine Bracco qui pourra en surprendre plus d'un!...







Libération, no. 7251
QUOTIDIEN PREMIERE EDITION
PROFIL, vendredi, 3 septembre 2004, p. 36

Lorraine Bracco, 49 ans, américaine. Comédienne affranchie et francophile, elle recueille sur son divan les angoisses d'un chef mafieux dans la série culte des «Sopranos».
Séance tenante

SANTUCCI Françoise-Marie
Depuis des années, elle affronte un patron de la mafia. Salle nue, mots contre maux. Ces scènes, qui décideraient les plus rétifs à se frotter à Freud et à ses disciples, sont les morceaux de bravoure de l'excellente série américaine les Sopranos, dont la cinquième saison débute dimanche soir sur la chaîne câblée Jimmy. L'intrigue ? Un boss du New Jersey, Tony Soprano (James Gandolfini), soigne ses crises d'angoisse en consultant une psy, la très professionnelle Jennifer Melfi, à qui Lorraine Bracco prête sa voix chic, éraillée, et sa cinquantaine résolument sexy, nourrie d'un passé où se mêlent jet-set parisienne, tribunaux new-yorkais et dîners à la Maison Blanche.

Sa tête vous dit quelque chose ? C'était en 1990. Plus en joues, coiffée d'une vertigineuse chevelure à la lionne, Lorraine Bracco pimentait de sa furie le rôle de Karen Hill, épouse de mafieux (déjà) dans les Affranchis de Scorsese. Elle y gagna une nomination aux oscars et pas grand-chose d'autre, tellement occupée à divorcer de son mari Harvey Keitel (une longue bataille, presque aussi violente que celle qui opposa jadis Woody Allen à Mia Farrow), occupée à prendre soin de ses deux filles, occupée à ne pas faire n'importe quoi pour décrocher un rôle : «C'est quand même un travail de pute, non ? Ma règle a toujours été : ne pas vendre son âme pour du boulot.»

Elle s'exprime dans un excellent français, entrecoupé de «tu sais» et de rires gargantuesques. Ça lui fait drôle de retrouver Paris, où elle débarqua en 1973, top modèle d'à peine vingt ans laissant derrière elle (pour quelques jours croyait-elle) Brooklyn et sa famille. Un père italo-américain poissonnier sur un marché à New York, une mère anglaise au foyer, qui se rencontrèrent pendant la Seconde Guerre mondiale, en Grande-Bretagne. Une vraie scène de film : elle, infirmière bénévole, le soigna lui, soldat US blessé. Ils transmettent à leur fille «le feu sacré». Et un sacré toupet. Bien qu'élue «fille la plus moche» de sa classe, Lorraine décide de se lancer dans le mannequinat. «Je n'étais pas un sex symbol, plutôt une girl next door, assez banale.»

A l'époque, fouler les podiums de haute couture n'assurait pas, comme aujourd'hui, un accès quasi immédiat au statut d'icône planétaire. «On pensait surtout à s'amuser», dit Lorraine, qui, alors bien installée à Paris, trouve le temps de faire un enfant avec un coiffeur français, tout en alternant photos publicitaires, couverture de magazines (Elle, Vogue) et défilés pour les couturiers (dont un jeune prometteur, Jean-Paul Gaultier). «Je travaillais le jour et sortais la nuit. Toutes les nuits.» A la fin des années 70, c'est notamment au Palace (la célèbre boîte du Faubourg-Montmartre) qu'aristos, pédés, artistes et crève-la-faim festoient. Dans ce grand chaudron pré-people, bouillonnant de punk et de disco, Lorraine Bracco croise Grace Jones, Thierry Le Luron, Gainsbourg ou «le petit avec la salopette» (Coluche) ; devient amie avec Patti Hansen (la femme du Stones Keith Richards), découvre sur scène Bob Marley ou les Sex Pistols, et fuit Salvador Dali. «Comme il voulait que je vienne poser dans son atelier, il m'avait montré quelques dessins : d'énormes pénis en érection ! Evidemment, je l'ai pris pour un vieux pervers et j'ai refusé.»

C'est en 1979, contre «beaucoup d'argent», qu'elle débute au cinéma. Le film s'appelle Duos sur canapé, les acteurs Jean Lefèvre et Michel Galabru. «Ça ne m'intéressait pas. Je faisais en sorte de connaître le texte, et Galabru me montrait les marques au sol pour savoir où me placer.» Le deuxième film ne vaut guère mieux ­ hormis son titre : Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? Aujourd'hui elle en rit, se souvient davantage de «la mort de Claude François, de l'élection de Mitterrand» ou de son passage à la radio : une sorte de talk show qu'elle animait le jeudi soir sur RTL. «Je mettais des disques de rock, je faisais des interviews. De Jacques Chirac, maire de Paris, à Bruce Springsteen, en passant par les gens qui râlaient contre les crottes de chien. Ça a duré le temps d'un été, les seuls auditeurs devaient être les types en prison.» Pas seulement. Un certain Pierre Lescure, alors patron des variétés sur Antenne 2, lui propose de collaborer à une nouvelle émission : les Enfants du rock. «Elle avait déjà cette niaque incroyable, se rappelle Lescure (ils sont toujours copains). C'est une fille cultivée, cosmopolite, effrontée. On s'est beaucoup amusés pendant deux ou trois numéros.»

Puis elle rencontre, en 1983, un acteur américain à Paris. Il s'appelle Harvey Keitel. Coup de foudre. Elle le suit à New York, il lui présente sa bande, Scorsese et De Niro, et elle s'inscrit au célèbre Actor's Studio, avec Stella Adler comme professeur : «J'ai enfin compris ce que jouer et construire un personnage voulaient dire, et j'ai aimé ça.» Après quelques petits rôles et la naissance d'une deuxième fille, dont le parrain est De Niro, c'est le temps des Affranchis (1990). Elle devient une star quand Harvey Keitel touche le fond ­ ses copains aussi filent vers la gloire, sans lui. Quand Lorraine le quitte pour un autre acteur, Edward James Olmos, l'affrontement commence : Keitel accuse son rival d'attouchements sur mineure et réclame la garde de sa fille. Bracco défend enfant et nouvel amant comme une tigresse alors que peu à peu sont déballées haines et addictions (drogues, alcools). La bataille dure six ans, coûte deux millions de dollars à l'actrice qui, en 1999, est déclarée ruinée. Dans la foulée, elle se sépare d'Olmos, entame une thérapie («Je me sentais enfermée dans une boîte sans trouver la sortie») et attend.

C'est alors que le scénariste David Chase, qui lance ses Sopranos, lui offre le rôle de la femme du boss. «J'ai proposé d'interpréter plutôt la psy. A une condition : que la psychanalyse ne soit jamais tournée en dérision : c'est un cliché de cinéma tellement facile. Jouer ce personnage était une façon de payer ma dette envers mes analystes, et l'occasion d'incarner une femme froide, intello ­ à l'opposé de ce que je suis.» Incarnant à la perfection cette bourgeoise compatissante, un peu coincée mais très classe, Lorraine Bracco, portée par le succès des Sopranos, réintègre la société branchée new-yorkaise, des défilés de mode aux dîners mondains («J'adore Clinton mais j'aime encore mieux Hillary»), et s'oppose, bien sûr, à George W. Bush. «Il me fait penser à un type à qui on loue un appartement. Autant Clinton avait rendu l'appart intact, autant Bush va tout saloper et partir avec la caution.» Côté amours aussi, tout va bien : il a 30 ans, n'est pas connu du tout et voilà deux ans que ça dure. «J'ai vingt ans de plus et alors ? Je préfère être baby-sitteuse qu'infirmière», dit-elle d'un rire de carnassière. Entourée de son gynécée (fille, attachées de presse, copines), elle clôt l'interview sur la question du bonheur, en français jusque dans les gros mots : «Si je n'étais pas heureuse à cinquante ans (elle les aura les 2 octobre), putain on serait dans la merde !»


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