Pages

Hubert Reeves / Jim Corcoran

Peut-être un des plus beaux passages d'Hubert Reeves, que certains comparent à Carl Sagan comme vulgarisateur...


Article du jour 1 :  Remonter le cours du temps


http://www.astrosurf.com/gap47/scolaires/ciel_profond/images-profond/messier%20(72).jpg



A notre échelle de temps, la lumière voyage très vite. Elle va de la Terre à la Lune en une seconde et de la Terre au Soleil en 8 minutes. Pourtant, par rapport aux immenses dimensions du cosmos, cette vitesse  est plus que lente. Dans les espaces intergalactiques, la lumière se traîne à pas de tortue !

Pour l’astronome, cette lenteur est une bénédiction. Elle lui donne un accès direct au passé du monde.  En peu de mots : plus on regarde loin dans l’espace, plus on voit tôt dans le passé !

Revoyons notre image du cosmos.  Fixons notre regard sur ces petits points bleus du fond céleste. La lumière émise par ces galaxies a voyagé pendant près de 10 milliards d’année avant de venir s’imprimer sur le détecteur du télescope Hubble. Nous voyons ces galaxies telles qu’elles étaient dans ce si lointain passé ! Comment sont-elles aujourd’hui ? Existent-elles encore ? Pour le savoir, il faudrait attendre 10 nouveaux milliards d’années !

Pourtant, nous savons, indirectement, que la plupart de ces galaxies sont entrées en collision avec leurs voisines, qu’elles ont fusionné pour engendrer des astres plus massifs et, qu’en conséquence, un grand nombre de ces points bleus ont disparu. Nous observons les traces maintenant inexistantes d’un des premiers chapitres du cosmos.

Ainsi, en regardant cette image de l’univers,  nous voyons non pas un cliché instantané de son présent, mais un film de son déroulement  temporel. Notre regard plonge dans le passé… Les galaxies les plus rapprochées, avec leurs surfaces blanches plus étalées, illustrent pour nous des temps relativement récents (plusieurs dizaines de millions d’années), contemporains, peut-être, de l’ère des dinosaures, tandis que les plus lointaines nous donnent accès à des périodes proches du début de l’univers. Entre ces deux extrêmes, d’autres astres révèlent l’aspect du cosmos à des périodes intermédiaires. Par exemple,  si nous voulons observer le moment correspondant à la naissance de notre planète, il y a 4,6 milliards d’années, il suffit, vous l’aurez compris, d’observer des astres situées à 4.6 milliards d’années-lumière!

Ici apparaît, pour l’observateur, un problème technique important : la difficulté d’étudier des objets astronomiques situés à de telles distances. Comme notre photo le montre, leur luminosité est très faible et elles apparaissent minuscules. D’où la nécessité de construire des télescopes de très grandes tailles pour recevoir davantage de lumière, et pour obtenir une meilleure résolution. Les miroirs de nos télescopes actuels avoisinent les  10 mètres de diamètre, tandis que des projets en cours prévoient qu’ils iront jusqu’à plusieurs dizaines de mètres. En parallèle, des réseaux de radiotélescopes s’étendent sur une dizaine de milliers de km à la surface de la Terre, bientôt sur des centaines de milliers de km dans l’espace, en orbite autour de la Terre.

En peu de mots : la lenteur de la lumière, à l’échelle de l’univers, donne aux chercheurs une véritable machine à remonter  le temps (le rêve inaccessible de tous les historiens !). Ils entendent bien l’exploiter au maximum et construisent avec enthousiasme des instruments de plus en plus puissants. C’est tout le passé de l’univers qu’avec eux, nous avons hâte de découvrir…



http://img.amazon.ca/images/I/51RBQNl4VEL._SL500_AA240_.jpg
 Source : Chroniques des atomes et des galaxies [Hubert Reeves]




Un anglophone (moine) chansonnier qui s’est épris de la langue de Molière…


Article du jour 2
 :  Jim Corcoran au grand jour!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire