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Richard Desjardins


 
Cette photo est une abomination, un affront à l'homo sapiens...



Photo du jour

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Citations du jour

« Ma ``job``, c’est de pénétrer l’univers social, de livrer une idée souvent latente dans la conscience des gens qui m’écoutent,  ma ``job``, c’est d’intensifier l’inconscient, de le formuler. »
« Chaque ligne doit être un missile, sans quoi on ne fait pas de poésie. »
                                                                    Richard Desjardins


« Parfois je cabotine bien, parfois je cabotine mal. Tout ça, c’est un exercice de complicité. Dans la vie, tout le monde joue un rôle. Qu’ils l’admettent ou non, les gens ont besoin que certains osent le jouer publiquement. »
                                                                     Jean Leloup



«Le monde qui m’aiment pas, c’est du monde à qui j’ai dit de manger de la marde et pis qui l’ont pas pris. C’est du monde  qui ont des œillères et qui s’empêchent de voir les choses en face parce que ça leur fait mal et que ça remet en question leur petit train-train tranquille et confortable… : Moi, quand je dis au monde : Mangez donc de d’la marde, c’est un message d’amour.»
                                                                    Plume Latraverse


Je vous fais partager un article  qui retrace la carrière d’un de nos plus grands poètes québécois…

Article du jour : Tu m’aimes-tu (Richard Desjardins)

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À 20 ans, alors qu’il remplissait un formulaire d’assurance-chômage dans son Abitibi natal, à la case « métier » Richard Desjardins (Noranda, 16 mars 1948) a inscrit «poète». Peut-être était-ce présomptueux en 1969 mais après la parution de Tu m’aimes-tu à l’automne 1990, personne au Québec n’aurait pensé contester une telle déclaration.  Ce n’est rien de moins qu’un nouveau décor qu’à planté Richard dans le paysage musical québécois avec ses chansons, racontées dans un langage usant autant du joual que d’anglicismes et  appuyé par un accent qu’il n’a jamais tenté de gommer pour plaire. Et  devant ce décor situé à la frontière de l’Amérique U.S. et à l’ombre   des cheminées de la Noranda Mines Ltd., il a déballé une série de textes touchants d’authenticité et d’originalité sur des hommes-canons, des danseuses qui sont des anges, ou des images aussi archaïques  que les oiseaux préhistoriques qui survolent le downtown de la pochette. Surgit de nulle part avec ses chansons d’amour aux accents graves, le poète de Rouyn est devenu à 41 ans  la révélation poétique de la francophonie entière.

Richard Desjardins grandit dans la ville minière de Noranda, en Abitibi-Témiscamingue. Il joue du piano, mais préfère les mots; sa première œuvre est un recueil de poèmes dont il vend 3000 exemplaires en 1971. A la suite d’un voyage initiatique d’un an en Amérique du Sud, il forme le groupe courntry-rock Abbitibbi en 1974 avec des amis musiciens. Dissous puis reformé à Montréal en 1976, le groupe joue des succès américains et des compositions de Richard, un peu partout au Québec et en Ontario. Parallèlement, Richard réalise un premier documentaire avec Robert Monderie, intitulé Comme des chiens en paccage, qui dépeint la mainmise de l’industrie minière sur sa région et ses compatriotes. Abbitibbi produit un album en 1982, Boom Town Cafe, qui est ignorés des médias, puis se sépare, faute de succès. Richard tourne un autre film  - il préférait être documentariste que musicien -, puis envisage une carrière solo en 1983. Gérance, contrat de disque, demande de subventions, toutes les tentatives de Richard auprès de l’industrie se soldent par des échecs, et l’homme doit ramer seul pour faire avancer ses chansons. Il joue partout où il peut, développe ses talents de conteur et de chanteur, et fait autre chose quand il n’a pas le choix. Période dure, mais il choisira de n’en exposer que les bons côtés :

«J’ai toujours fait une belle vie. Il y a bien eu quelques moments difficiles, mais c’était toujours endurable. Écoute, le seul fait de pouvoir te lever tous les matins à l’heure que tu veux, juste ça pour moi ça vaut 40 000$ par année. Tu te lèves, y fait beau, t’as des chums, t’as toute la journée devant toi pour faire ce que t’as le goût de faire. T’espères quoi de mieux? Une bonne job? »

En 1974, Richard est allé étendre de l’asphalte à la Baie James pour faire de l’argent; en 1986, c’est au Nunavik qu’il se rend, pour enseigner la musique aux Amérindiens. Revenu du Nord avec quelques $ en poche et beaucoup de mots en tête, il réintègre le circuit des salles de spectacle régionales et élabore un plan de prévente original pour trouver le reste de l’argent qui va servir à produire son premier disque. 400 personnes achètent le disque à l’avance pour la somme de 10 $, finançant ainsi l’entreprise.

Le microsillon Les derniers humains est lancé le 19 décembre 1987 au Petit Campus. Disque exigeant et froid, à des années lumière des IncongnitoBye bye mon cow-boy etTourne la page qui ont cartonné sur les ondes québécoise cette année-là. Parmi une multitude de chansons déjà prêtes (dont presque toutes celles de Tu m’aimes-tu), l’auteur-compositeur a choisi les plus dures, qu’il préfère, «pour me donner la possibilité de toujours revenir à ce format-là quand j’allais le vouloir. Je ne voulais pas commencer avec Le bon gars, tu sais… et que les gens attendent juste ça. »  C’est du heavy duty, mais la poésie de haute voltige de Richard est sublime.  «Si Desjardins était chirurgien, c’est dans le cœur qu’il opérerait » , dit-on.

Le disque est ignoré des médias, mais le bouche à oreille fonctionne si bien que Richard récidive avec son concept de prévente,  amassant cette fois-ci des dons auprès de 1000 personnes. Il compose des chansons pour son prochain disque et pour la trame sonore du film Le party de Pierre Falardeau – où il incarnera d’ailleurs un prisonnier mémorable. Il enregistre le matériel de Tu m’aimes-tu puis promène sa maquette chez les producteurs de disques, qui refusent encore de l’appuyer. Tant pis pour eux! Richard triomphe au festival d’été de Québec, en plus d’être encensé pour ses chansons du Party. La vague monte, et atteint enfin Montréal : la série de spectacles qu’il donne à la Licorne en septembre le révèle enfin à l’intelligentsia médiatique. «Étrange magicien […] qui fait surgir, sur un fil invisible, des images à vous éteindre le cœur. Soudain, les yeux se mouillent, comme si une blessure venait de s’ouvrir. Ou une beauté de naître. » La table est mise pour son nouveau disque.

Disons-le haut est fort : la parution de Tu m’aimes-tu est  à marquer d’une pierre blanche et les chansons de Desjardins seront bientôt les classiques qu’elles auraient toujours dû être, » clame Sylvain Cormier dans le Devoir. Le journaliste a vu juste : l’album frappe fort, et ce n’est pas l’effet du marketing! C’est plutôt la poésie de l’homme qui touche, et la force de ses chansons. Qu’elles traitent d’amour, de motel ou de l’épopée de la traversée du détroit de Béring par les premiers immigrants, les histoires de Richard sont évocatrices comme des films. Et lui racontes en appuyant là où il faut, en s’accompagnant à la guitare ou au piano comme d’habitude. Le conteur est à la hauteur de l’auteur-compositeur; il captive, fascine puis bouleverse au tournant des phrases belles comme des rayons de soleil. Richard Desjardins émeut sans arrangements ou artifices, et c’est là la beauté de la chose. Tant mieux finalement s’il n’a pas été assimilé par l’industrie du disque. Elle l’aurait sans doute transformé en chanteur de charme; il est plutôt devenu un poète, un homme entier et unique.


Le livre dans lequel on retrouve l’article s’intitule : Les 101 disques qui ont marqué le Québec. Ce dernier se retrouve aux éditionsTRÉCARRÉ ICI.


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