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Citation du jour / Louis Dantin / Poème du jour /

Citations du jour

Le chômage a un seul avantage : les accidents du travail y sont rares.
                                                                    Yvan Audouard 

 La meilleure façon de lutter contre le chômage, c'est de travailler.
                                                                  Raymond Barre

 

Le véritable remède contre le chômage est qu'il n'y ait plus de travail pour personne, mais pour chacun une place dans la société.
                                                                  Albert Jacquard




Invité du jour : Louis Dantin


Louis Dantin (1865 - 1945), pseudonyme de Eugène Seers était un poète, romancier et critique littéraire québécois.

Né à Beauharnois, il étudie au Collège de Montréal puis au Séminaire de philosophie et reçoit son ordination sacerdotale en 1883.

Il voyage et étudie en Europe de 1883 à 1894 pour revenir à Montréal après une crise religieuse.

Membre de l'École littéraire de Montréal, il publie en 1904 les œuvres d'Émile Nelligan. Dantin a également revu, corrigé et ordonné les poèmes et les vers de Nelligan, dont il a écrit la préface en première édition.

En 1904, il rend sa soutane et déménage à Cambridge (Massachusetts) où il travaille à l'imprimerie de l'Université Harvard. Il met au monde un enfant avec une femme noire.

De 1920 à 1942, il publie ses essais critiques. À cette époque, il est le deuxième critique littéraire le plus influent après Camille Roy. Dantin fait découvrir des poètes comme Alfred Desrochers et Paul Morin. Il préfère le gouvernement progressiste de Theodore Roosevelt au gouvernement conservateur de Maurice Duplessis.

Il demeurera en exil aux États-Unis jusqu'à sa mort en 1945. Ses œuvres posthumes ont été publiées en 1951, 1963 et 2002



Je poursuis toujours ma lecture de ¨l’Anthologie des poètes disparus du Québec¨ aux éditions du collège d’Ahuntsic. Je vous livre ici un très beau poème de Louis Dantin. Ce poème même s’il date pourrait être encore d’actualité, surtout avec la récession qui prédomine.


Poème du jour  La complainte du chômeur


Hier j’étais vivant : tête haute je marchais
Parmi mes frères les hommes;
J’étais l’unité dans la somme
De ceux qui soulèvent les faix,
Qui font se hausser les étages,
Qui rivètent les bateaux d’acier
Pour les transatlantiques voyages
Et les ponts joignant les cités.
J’étais l’effort qui, se mêlant
À cent millions d’autres poussées,
Mettait la vie en mouvement,
Lançait sur les chemins les autos empressées
Et dans la nue l’éclair des avions,
Faisait tourner les usines
La danse de fer des machines.
Arrachait au sillon
La chair des vitales racines.
Et j’étais part aussi
Des actes purs de la pensée;
Je me sentais admis
Aux strophes exaltées des poètes :
Je chantais dans les symphonies :
J’apportais mon pinceau aux toiles inspirées.
Mes muscles se tendaient pour les tâches ardues
Des découvertes, des conquêtes,
Et dans leurs marches assidues
Vers les ultimes pôles,
Le Réel, l’Idéal accueillaient mon épaule;
Quand je croisais la foule aux long remous,
Abeilles de la ruche humaine,
J’entendais la rumeur prochaine
Se murmurer : ¨C’est l’un de nous¨

Ah! qu’est-il arrivé? Est-ce que les tâches
Sont moindres avec plus de désirs?
Est-ce que nos chefs sont lâches
Pour les défis de l’avenir?
Soudainement dans la cité
Les clameurs se sont amorties;
Dans les squares hantés
Passent des ombres engourdies;
L’heure s’est arrêtée à l’horloge
Des flamboyantes forges;
Dans la filature fermée et déserte
S’endort la roue inerte
Et des barreaux refoulent à la rue
Un flot silencieux
D’hommes, de femmes dont les yeux
Ont la torpeur des vies perdues.
Me voici l’un de cette foule,
Frère de ces nouveaux frères maudits,
Comme eux stupéfié et grave;
Et la houle
Emporte et roule
À son gré nos communes épaves
Vers le marais où s’entassent nos débris.
Charpentier dont la scie oisive s’est rouillée,
Jeune tisserand qui offris à ta mariée

Pour dont de noces ton exil des fabriques;
Maçon qui, ce mois l’an dernier,
As posé ta dernière brique :
Mécanicien à l’allure pourtant vive,
Dont court sans toi (et elle s’en moque) la locomotive;
Typographe exhibant sur ta cheminée
Ton composteur comme un trophée;
Jolie dactylo dont, loin des touches soumises,
Les doigts lestes s’immobilisent ;
Vendeuse au sourire accueillant.
N’ayant plus que ton miroir pour client;
Boucher tournant autour des abattoirs,
Matelot errant dans les rades,
Chauffeur errant sur les trottoirs,

Vous êtes mes camarades!
Je viens prendre ma part aux fêtes
De vos pathétiques défaites.

Aux barrières de votre cité,
En une plaine de terraines vagues,
Empire des municipales dragues,
Sur le sol sans ombre et sans herbes
J’ai lu le ¨Voi ch’entrate¨
Que les tessons y dessinent en exergue.
Sur moi plane votre azur Sali des buées
Où volètent, dantesques phalènes, les squelettes
De très anciennes gazettes
Dont, s’agitant, les chroniques trépassées
Signalent mon entrée dans le Passé.

Je foule un tapis onduleux
De laines en loques sous des cendres mouvantes,
Des pneus crevés et scrofuleux,
De légumes, pulpes décadentes,
Coupé de cahots et d’odeurs septiques
Par les ossements des charognes civiques,
Et où soudain les ressorts embusqués
Se détendent comme serpents traqués.
C’est mon pays : comme vous tous j’y aurai
Un gîte qui sera mon ouvrage;

J’en emprunterai les murs aux caisses d’emballage,
Le toit au zinc des vieux éviers.
Tout dans ce cadre me sera sympathique,
Je m’y sentirai à l’aise et logique,
Rebut parmi d’autres rebuts,
Simple accession aux détritus
Que le sort avec nonchaloir
D’un balai docile à la loi des causes,
Mêlant les bêtes, les hommes et les choses,
Entraîne au même dépotoir.

Certes, on n’exigeait pas beaucoup :
On ne demandait à la fortune
Ni bancs de perles ni tranches de lune,
Rien qu’au jeu un ou deux atouts;
Une seule chose, après tout :
La chance de pousser à la roue fatale
Sous le soleil et sous les coups,
Le droit à la sueur et à la fatigue
Dans les canaux, les mines et les digues,
De s’éreinter sur les machines brutales
Au profit des banques et de leurs succursales.
C’est à rire, si l’on y songe bien,
Qu’il existe parmi les humains
Tant de compétition et tant d’entraves
Pour le privilège d’être esclaves
Évidemment, c’est encore trop :
Il faut de gré ou non, déposer ses fardeaux,
Et les puissances, d’autorité,
Nous imposent les jeûnes de la liberté.


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2 commentaires:

  1. Je découvre par ce poème Louis Dantin que je connaissais déjà, mais si peu et si mal. Et je vous dis merci. Il y a 0 commentair. Maintenant il y a le mien. Bien humblement,

    RépondreEffacer
  2. BRAVO POUR VOTRE BLOG:)))

    quelle belle sensibilité vous avez pour la poésie
    merci pour ce poème de Louis Dantin.

    Permettez-moi de vous offrir
    une de mes chansons:
    qui parle de La Tuque et Trois-Rivieres
    et dont les paroles et musique
    se retrouvent sur

    www.demers.qc.ca
    chansons de pierrot
    paroles et musique

    LE CAMIONNEUR

    COUPLET 1

    j’suis su l’camion 60 heures par semaine
    j’t’aime

    des fois j’triche un peu
    j’fais des heures pour nous deux
    on dormira plus tard
    quand on s’ra des beaux vieux

    moi je vis juste pour toé
    j’ai hâte à fin de semaine
    j’t’aime

    de cogner du marteau
    quand tu fais du gâteau
    t’es si belle au fourneau
    mais j’veux mieux pour ma reine

    REFRAIN

    suffit qu’tu m’dises
    que tu veux changer la cuisine
    enlever l’comptoir à melamine

    pour que la route
    entre La Tuque et Trois-Rivières
    soit la plus belle de l’univers

    COUPLET 2

    j’dors dans l’camion
    4 nuits par semaine
    j’t’aime

    3 heures du matin
    réveille par la fiam
    mon p’tit lit dans cabine
    est ben trop grand pour rien

    j’ai des idées
    pour la salle à manger
    j’t’aime

    j’ai ben hâte d’en jaser
    autour d’un bon café
    j’ai acheté les néons
    ceux qu’tu m’avais d’mandés

    COUPLET 3

    j’suis sul’camion
    quand la neige a d’la peine
    j’t’aime

    quand le vent trop jaloux
    la garoche entre mes roues
    j’ai autour du c.b.
    un vieux chapelet jauni

    tu m’l’as donné
    en pleurant comme une folle
    j’t’aime

    parce que t’es ben croyante
    pis t’as peur quand y vente
    à soir ton camionneur
    rentrera plus d’bonne heure

    REFRAIN FINAL

    suffit qu’tu m’dses
    qu’cest ben plus beau dans ta cuisine
    parce que mes bras en melamine

    te lèvent dans airs
    entre La Tuque et Trois Rivières
    toi la plus belle de l’univers

    suffit qu’tu m’dises
    qu’c’est ben plus beau dans ta cuisine
    parce que mes bras en mélamine

    te lèvent dans airs
    loin de la Tuque et Trois Rivières
    toi la reine de mes je t’aime
    toi la reine de mes je t’aime



    Pierrot,

    vagabond céleste

    Pierrot est l'auteur de l'Île de l'éternité de l'instant présent et des Chansons de Pierrot. Il fut cofondateur de la boîte à chanson Aux deux Pierrots. Il fut aussi l'un des tous premiers chansonniers du Saint-Vincent, dans le Vieux-Montréal. Pierre Rochette, poète, chansonnier et compositeur, est présentement sur la route, quelque part avec sa guitare, entre ici et ailleurs...

    Pierrot
    vagabond céleste
    www.reveursequitables.com
    www.enracontantpierrot.blogspot.com

    www.tvc-vm.com/studio-direct-2-35-1/le/vagabond/celeste/de/simon/gauthier

    MARDI
    5 FÉVRIER 2013
    21HEURES
    Le Gambrinus, 3160 boul. des Forges, Trois-Rivières ; 918-691-3371. Le vagabond céleste accompagné du musicien Benoit Rolland.
    www.simongauthier.com

    Maison de la culture Côte-des-Neiges
    5290, chemin Côte-des-Neiges,
    Montréal (Québec), Canada, H3T 1Y2
    514 872-6889
    le 02 avril 2013 à 20h00


    LE VAGABOND CÉLESTE - SIMON GAUTHIER
    Pierrot rêve de tout changer; il troque sa maison contre une paire de bottes, pour aller plus loin dans sa vie ! Depuis, il parcourt le Québec. Le rencontrer, c'est recevoir un grand souffle de poésie qui nous étreint, comme des bras chauds venus nous réconforter durant une nuit d'hiver sans abri ! Un récit émouvant, porteur d'avenir.


    HTTP://surmonterla depression.centerblog.net/26-citations-de-nelson-mandela

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