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Citation du jour / Article du jour / Invités du jour : Hubert Reeves et Georges Lemaître

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Hubert Reeves 


Citation du jour  

Que celui qui a vécu dans un milieu où il a peu bénéficier d’une ouverture sur la culture, les arts et la science porte un regard sur l’ensemble de la population mondiale. Il réalisera alors qu’il appartient à une infime minorité et s’apercevra de la chance qui fut la sienne. Un quart de l’humanité vit en dessous du seuil de pauvreté. Pour ces gens, l’urgence quotidienne imposée par la survie est indéfiniment plus pressante que l’intérêt pour la vie sur d’autres planètes ou pour la création artistique. Je peux prendre conscience de l’immense privilège qui est le mien. Je suis né et j’ai été élevé dans un environnement qui m’a laissé le loisir de me passionner pour ces questions. Mais pourquoi moi, et pourquoi vous aussi, qui lisez ces lignes ?  Y a-t-il une réponse?

                                                                               Hubert Reeves 


J’ai commencé à m’intéresser aux ouvrages d’Hubert Reeves à l’âge de 16 ans. Je me rappelle entre autre d’une des ses oeuvres : ¨Patience dans l’azure¨. Le titre au nom invocateur avait été inspiré par un poème de Paul Valéry.  Le dernier livre d’Hubert Reeves que j’ai pu me mettre sous la dent se dénomme : ¨Je n’aurai pas le temps.¨ Dans ce livre, il fait un retour sur son passé et d’une certaine façon comment il entrevoit l’avenir.  Je veux attirer votre attention sur un passage en particulier, sa rencontre avec le chanoine Lemaître, le père DU BIG BANG.


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Article du jour : Louvain: visite  au chanoine Lemaître

L’université de Louvain m’invita à présenter mon cours sur l’évolution stellaire et la nucléosynthèse. A cette occasion, on me fit savoir  que le chanoine Georges Lemaître qui y avait professé pendant de nombreuses  années, mais à présent très âgé et à la retraite, souhaitait me rencontrer et me recevoir chez lui. Je prends donc rendez vous. Au jour dit, je me rends à son appartement. Une dame me fait pénétrer dans un salon sombre dont les murs sont recouverts de tapisseries anciennes. Le son d’un piano me parvient par une porte entrouverte. L’instrument  se tait et le chanoine me rejoint dans la pièce. Il m’accueille avec une grande gentillesse m’offre un verre de porto et me dit combien il m’est reconnaissant de ma visite. Je suis très impressionnée de me trouver en présence de celui  qu’on a appelé le ¨père du BIG BANG¨.

Je rappelle ici le rôle fondamental que Georges Lemaître a joué dans la cosmologie  contemporaine. Il faut l’un des premiers à associer, vers 1930, la théorie de la relativité générale formulée en 1917 par Einstein aux observations d’Edwin Hubble sur la vitesse de déplacement des galaxies. De ce rapprochement entre théorie et observations, il a tiré le modèle  de ¨l’atome primitif ¨, première version de ce qui allait devenir celui du Big Bang.

Commençant par me dire combien il regrette que sa mauvaise santé ne lui ait permis de venir assister à mon cours, Lemaître aborde alors le sujet qui le préoccupe, dit-il, depuis longtemps : ¨J’aimerais avoir votre avis sur ces théories de Fred Hoyle à propos de la formation des atomes dans les étoiles. Reposent-elles sur des observations solides ?¨ Je lui fais un bref résumé de mon enseignement, qu’il écoute très attentivement. Je souligne la grande crédibilité des théories de la nucléosynthèse de Hoyle et de ses collègues. Puis je commence à énumérer leurs faiblesses, en particulier concernant les atomes les plus légers : le duo hydrogène-hélium d’une part, et le trio lithium-béryllium-bore de l’autre. Je lui raconte mes efforts toujours vains pour tenter d’obtenir le programme expérimental qui permettait de poursuivre la rechercher sur les mécanismes responsables de leur origine.

Il me confie alors ne s’être jamais  réellement intéressé à la physique des atomes et des noyaux. ¨Cela me rappelait trop l’entomologie (étude des insectes), m’explique-t-il, et  je n’avais pas l’impression que ces sciences puissent jouer un rôle important en dehors du domaine des particules de la physique. J’imaginais encore moins qu’elles puissent être impliquées dans l’évolution de l’Univers !¨ Tout comme Einstein, Lemaître avait concentré son attention sur les effets de la seule gravité, négligeant les autres forces (la force électromagnétique et les deux forces nucléaires : la forte et la faible, découvertes pendant les années 1930-1940). Il supposait  qu’à cause de leur portée microscopique (elles ne s’exercent qu’au niveau  des atomes et des molécules), elles ne jouaient aucun rôle à l’échelle du cosmos.

Je lui rappelle la contribution fondamentale que Gamow a apportée à cette question. Il est parti de l’idée que, si la théorie de l’expansion  était valable, le cosmos des premières minutes devait avoir été excessivement chaud et lumineux. Il en avait déduit que deux fossiles devaient encore subsister de cette période. D’une part  une faible lumière résiduelle, et d’autres part quelques atomes d’hélium engendrés par les réactions nucléaires induites par ces températures extrêmes. Les ¨cendres¨ du braisier initial en quelque sorte. Comme par analogie, celles des foyers éteints que les archéologues retrouvent dans les lieux habités par les hommes préhistoriques. Le chanoine me dit sa grande estime pour Gamow et ses regrets de ne pas avoir suivi cette voie apparemment si prometteuse. Se passionnant pour d’autres problèmes, il avait en effet abandonné la cosmologie pour s’adonner aux mathématiques.

Il est vrai qu’à cette époque il ne pouvait guère soupçonner  que l’une des preuves les plus convaincantes de la théorie du Big Bang viendrait de l’intuition  qu’avait eue Gamow de la nucléosynthèse primordiale, c’est-à-dire de la formation, dans les tout premiers instants de l’Univers, des atomes légers, vestiges de ces temps torrides, et dont nous reparlerons bientôt.

Mettant fin à cette intéressante discussion, il me demande si j’aime la musique. Devant ma réponse positive, il me propose de jouer des études de Chopin. Je l’écoute  longtemps ému par la sensibilité de son interprétation, malgré le manque de souplesse de ses doigts.

Le rayonnement fossile fut découvert environ un an plus tard. Il eut ainsi, quelques jours seulement avant sa mort, la confirmation par l’observation de la valeur de la théorie qu’il avait développée trente ans plus tôt. Il en éprouva une grande satisfaction.


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Abbé Georges Lemaître



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Abbé Georges Lemaître avec Einstein



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1 commentaire:

  1. Bonjours,
    waoowww ! votre article est vraiment super intéressant !!! dites ? bon voilà ? moi même j'ai un blog sur l'astronomie ( http://astrogeoscience-astronomie.blogspot.com/ ) et je cherche des inspirations sur des thématique intéressante sur les histoires et thèmes dans le domaine de la physique fondamentale !
    Alors je me demande si je peux m'inspirer de votre Article ? donc si oui ?! j'aimerai mettre votre nom pour vous mettre en source dans l'article que je vais écrire ?

    Merci

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