Pages

Poésie et Philosophie et un poème de Eudore Évanturel

Pensées du jour

Le nouveau-né est assez vieux pour mourir
                                                  Montaigne


Il n’y a pas de place, nulle part, pour les Ovide Plouffe du monde entier
                                       Ovide Plouffe (Roger Lemelin)

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////


Vidéo que j'irais jusqu'à qualifier d'extraordinaire, un bel exemple d'entraide dans la savane!Vidéo du jour

http://www.youtube.com/watch?v=2nljY6MZ8UA&feature=related
 
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Article du jour, quand la poésie et la philosophie ne font qu'un...

Poésie Philosophique, poésie qui se propose de prêter aux matières de la philosophie, fût-ce les plus abstraites et les plus rebelles, le charme des vers. Ces sortes de tentatives provoquent d'abord l'étonnement, et l'on se demande jusqu'à quel point le langage poétique peut suffire et convenir aux exigences de la vérité philosophique. La poésie, en effet, est toute dans les images, les sentiments et les mouvements passionnés; elle recherche la variété, la souplesse des formes et la vivacité des couleurs; elle sait s'accommoder même d'un style vague et nuageux, s'il est musical; c'est un art : la philosophie exige la précision rigoureuse qui convient à l'analyse, à l'abstraction, à la généralisation, et semble requérir plutôt la prose exacte, aride même, du géomètre; c'est une science. Et pourtant, à l'origine, l'art et la science ont parlé la même langue. Les premiers philosophes de la Grèce ont bégayé leurs systèmes dans l'idiome des poètes : Xénophane, Parménide, Empédocle, empruntèrent le vers homérique pour exposer leurs idées sur la nature; Pythagore, ou plutôt quelqu'un de ses disciples, composa les Vers dorés, où la morale religieuse domine déjà la métaphysique. Il y a, en effet, dans la philosophie, certaines matières qui semblent appeler d'elles-mêmes toutes les richesses et les magnificences du langage poétique. Comment mieux parler qu'en vers de l'être qui préside à l'ordre du monde, des mystères de notre destinée, des aspirations, des craintes et des espérances que le sentiment religieux excite dans l'âme humaine? Aussi loin qu'on remonte dans l'histoire de la littérature grecque, même avant Homère, on retrouve des chants de philosophie religieuse, des hymnes que les légendes attribuent aux personnages mystiques et sacrés d'Orphée, de Musée, des Eumolpides (Eumolpe). Ces premiers interprètes des dieux, comme Horace les appelle, ont pour successeurs les Gnomiques.
Au IIIe siècle avant notre ère, l'hymne de Cléanthe à Zeus est une des sublimes inspirations du Stoïcisme; jamais l'unité de Dieu n'avait été proclamée chez les païens dans un langage à la fois plus précis et plus élevé. A leur tour, les Alexandrins, notamment Proclus, et un chrétien qui ne sépara jamais des doctrines du christianisme les idées platoniciennes, Synésius, évêque de Ptolémaïs, composèrent des chants où la philosophie se confond avec la religion.
Ce genre de poésie n'existe pas chez les Latins, où Lucrèce ( cf son De Natura Rerum) représente seul la poésie philosophique. Mais, dans les temps modernes, on peut citer le poème de la Religion, de Louis Racine, et surtout les Méditations et les Harmonies poétiques de Lamartine, tant admiré de Joufroy, pour avoir su, le premier peut-être, dans des vers dont le mouvement et l'éclat sont parfois incomparables, discuter les problèmes les plus ardus de la métaphysique.
On peut rattacher également à la poésie philosophique les épîtres, les satires, les contes mêmes où l'auteur se comptait à développer quelque pensée morale. (A. H.).

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////




J'ai toujours pensé que les poètes sont les plus grands philosophes, imaginez avoir un contenu signifiant dans un exercice de style aussi concis que 10 lignes! Il faut quand même le faire! Vous retrouverez ici un poète québécois. Malheureusement, pour la postérité, nous n'avons aucun portrait ou photo de lui. Il serait selon les spécialistes,   un des plus grands prosateurs du 19 ième siècle, au Québec...


Poème du jour
 

Au Collège
Il mourut en avril, à la fin du carême
(Eudore Évanturel Québec, 22 septembre 1852 - Boston, 16 mai 1919)

C'était un grand garçon, un peu maigre et très blême,
Qui servait à la messe et chantait au salut.
On en eût fait un prêtre, un jour: c'était le but ;
Du moins, on en parlait souvent au réfectoire.
Il conservait le tiers de ses points en histoire,
Et lisait couramment le grec et le latin.
C'était lui qui sonnait le premier, le matin,
La cloche du réveil en allant à l'église.
Les trous de son habit laissaient voir sa chemise,
Qu'il prenait soin toujours de cacher au dortoir.
On ne le voyait pas comme un autre au parloir,
Pas même le dimanche après le saint office.
Ce garçon n'avait point pour deux sous de malice,
Seulement, à l'étude, il dormait sur son banc.
Le maître descendait le réveiller, souvent,
Et le poussait longtemps - ce qui nous faisait rire.

Sa main tremblait toujours, quand il voulait écrire.
Le soir, il lui venait du rouge sur les yeux.
Les malins le bernaient et s'en moquaient entre eux ;
Alors, il préférait laisser dire et se taire.
L'on n'aurait, j'en suis sûr, jamais su le mystère,
Si son voisin de lit n'eût avoué, sans bruit,

Qu'il toussait et crachait du sang toute la nuit.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire