Les corps de deux victimes du
drame de Savar, en banlieue de Dacca, sont retrouvés enlacés dans les
décombres de l'immeuble de neuf étages, le 25 avril.
Citations du jour
PHOTO TASLIMA AKHTER
Citations du jour
Science flies you to the moon. Religion flies you into buildings.
Richard
Dawkins
Dans la mesure où nous vivons à l’époque des mass médias, des livres de
poche, et de tout ce qui est
vulgarisation, l’homme de lettres, le philosophe est devenu, c’est vrai, une
sorte de prêtre, de sage : on attend de lui des réponses à tous les
problèmes. Aujourd’hui, la culture est
la véritable religion de notre époque.
Alberto Moravia
L’anormal c’était moi. J’étais antifamille, antisocial, en un mot
artiste. L’activité artistique ne peut être que contraire à la morale, à la
raison et à la famille, qui est l’institution morale et raisonnable par
excellence, bien que fondée sur des bases sauvages complètement absurdes et
folles : la famille est une réunion de gens qui n’ont pas choisi d’être
ensemble.
La famille est toujours la même. Elle ne peut pas
changer. C’est une forteresse d’égoïsme primitif. Les parents sont les généraux
et les enfants, les soldats.
Par ailleurs, la famille ne peut échapper au problème des générations : celle-ci, indépendamment des différences d’âges, créent des différences culturelles qui rendent les personnes étrangères les unes aux autres. La famille ne peut regrouper ces individus que par un phénomène physiologique.
Heureusement, les enfants sont souvent de même nature que les parents, et alors cela peut marcher entre eux. Mais lorsque ce n’est pas le cas, la famille devient un enfer.
Alberto Moravia
La philosophie du fascisme dérive de l’élan vital de
Bergson, de la volonté de puissance de Nietzche et des études sur la violence
de Sorel. C’est en fait, un phénomène européen, mais qui a éclaté en Italie
parce que la bourgeoisie y était moins puissante et devant, donc imposer sa
dictature afin de protéger ses intérêts.
Alberto Moravia
On ne pourrait
plus, aujourd’hui, électriser les foules en leur parlant de l’Empire romain ou
de la race allemande. Il ne faut pas oublier que les masses ne sont actrices de
l’histoire que depuis le début du siècle. Auparavant, elles étaient
complètement dépourvues d’expérience politique, très sensibles à l’appel de la
rhétorique, des grands mots, bref, complètement ignorantes. Elles ont été à la
fois victimes et inspiratrices – les 2 choses vont ensemble – de démagogues
comme Hitler et Mussolini qui, tout en étant très primaires intellectuellement,
bénéficiaient de grands pouvoirs, physiologiques pourrait-on dire, de
communication.
Alberto Moravia
L’art est la recherche de
l’absolu, tandis que la politique appartient au domaine du possible, du compromis avec la réalité. La recherche de l’absolu en
politique, ne peut d’ailleurs déboucher que sur une catastrophe, sur le
fascisme ou sur le stalinisme.
Alberto
Moravia
Bien que New York me
semble être une des plus belles villes
du monde, je n’aimais pas y vivre. New York sous vide, vous creuse, vous
dévore. Au début, on se croirait dans un Luna Park excitant et exaltant ; ensuite, lorsqu’on s’y habitue, tout
change : on perçoit les grincements implacables de la machine sociale.
Tout apparaît comme mécanique ; on ressemble à Charlie Chaplin dans Les
Temps modernes, aux prises avec une grande machine qui ne fonctionne peut-être
pas très bien mais qui ne s’arrête jamais.
Alberto Moravia
Si l’on ne veut pas travailler parce que le travail moderne est une aliénation, il vaut mieux se mettre en dehors de la société, accepter la condition de marginaux qui n’est pas une condition misérable. D’ailleurs, les marginaux ont toujours existé. Ils ont une fonction sociale et spirituelle, ils entretiennent une idée de l’homme plus libre, plus poétique que celle que donnent les gens intégrés dans la société. La contreculture, c’est une forme de culture.
Alberto Moravia
Musique du jour
Le dernier album d’un groupe de musique électronique mythique
Une vidéo avec un nounours moins sadique que celui que vous retrouverez plus
bas !
Orbital
| New France (feat. Zola Jesus)
Orbital
| Never
Un vidéo avec des chats!
Orbital
| Wonky | Official Video
Un groupe de musique électronique que j’ai découvert récemment…. Il y a des influences d’Ozric Tentacles, mon groupe fétiche!
Entheogenic
- Yage
Entheogenic
- We Are One
Entheogenic
- Liquid Universe
Vidéos
du jour
On a fait un film sur la ségrégation raciale par rapport à Jackie Robinson sans jamais faire mention de sa grande popularité à Montréal.
Jackie Robinson chez les Royaux de Montréal
Playing
with Lava - Dumb and Dangerous?
Costa
Rica, incroyable traversée d'un paresseux !
Animal étrange si c’en est un…
L'ornithorynque
Vidoéo fascinante sur la douleur pouvant être provoquée
par des entités du règne animal.
Top 10 morsures/piqûres les plus
douloureuses
Le vidéo le plus violent que j’ai vu dans ma vie avec des
toutous, à ne pas montrer aux enfants…
Two Fingers - 'Vengeance Rhythm' (Official
Video)
C’est intéressant de voir
la réaction des itinérants.
Abercrombie & Fitch Gets a Brand Readjustment
#FitchTheHomeless
J’ai lu l’Immoraliste d’Alberto Moravia, pour
faire suite, j’ai lu une série d’entretiens avec ce dernier parue aux éditions
Stock
Livre du jour : Le roi est nu
Alberto
Moravia, de son vrai nom Alberto Pincherle, est un écrivain italien du XXe
siècle, né à Rome le 28 novembre 1907 et décédé le 26 septembre 1990 à Rome.
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Lisiez-vous
beaucoup à cette époque ?
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Je
ne faisais que cela. Je lisais en moyenne un livre par jour. Mes auteurs
favoris étaient des poètes : Dante,
l’Arioste, Leopardi, Mallarmé, Baudelaire et, surtout, Rimbaud. Mais
aussi le théâtre de Shakespeare, de Goldoni, de Molière, Boccace, Manzoni,
Tolstoï, Gogol. Cependant, mon véritable maître a toujours été Dostoïevski. A
tel point que j’ai longtemps pensé que je ne pourrais jamais écrire parce qu’il
avait déjà tout dit. Je m’étais tellement
identifié à lui qu’il m’était impossible de penser autre chose.
Dostoïevski est le véritable fondateur de l’existentialisme. Il l’a crée en
plaçant l’homme au premier plan par rapport à lui-même, et non plus dans ses
rapports avec la société. Si j’ai écrit
un roman existentialiste, ce n’est pas tellement parce que j’étais précoce mais
surtout parce que j’avais lu Dostoïevski à l’âge où les autres enfants lisent
des fables.
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Qu’est-ce
qui vous avait particulièrement touché chez lui ?
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L’ambiguïté
du crime. Dostoïevski me donnait une idée du mal très différente de l’idée
traditionnelle. Je comprenais que « le mal » n’existait pas ; que nous
étions tous en même temps innocents et coupables. La vie intérieure très
complexe, mais aussi l’ironie de cet auteur me plaisaient beaucoup. En fait,
tout chez lui m’attirait. J’ai vécu certains romans de
Dostoïevski jusqu’à l’union physique. Quand j’ai lu pour la première fois Crime et Châtiment, à 10 ans, j’ai éprouvé la sensation de vivre la situation
dépeinte. Il y a chez Dostoïevski un certain idéalisme angélique mêlé de
passions troubles, d’érotisme souterrain qui me plaît beaucoup…
-
Avez-vous
jamais tenté une psychanalyse ?
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Non,
je ne crois pas au «psychanalysme». Je pense que le niveau culturel et
intellectuel des psychanalystes est inférieur au mien et, donc, je ne peux me
confier à eux. Il faudrait, au fond, que ce soient des prêtres. Ceux-ci, bien
que souvent beaucoup plus bêtes que les gens qu’ils ont confessés durant des
siècles, agissaient au moins au nom de l’Église. La psychanalyse, elle, ne peut
agir qu’en son propre nom… Je crois à la psychanalyse comme vision du monde,
mais pas tellement comme thérapeutique. La méthode peut fonctionner à condition
d’y croire, comme la magie et comme tout ce qui ne relève par d’une mécanique.
Freud et Marx ont été les créateurs d’une certaine vision
du monde plutôt que d’une thérapeutique vraiment efficace. Ils ont su
diagnostiquer, mais je ne crois pas qu’ils aient véritablement apporté des
remèdes. Il reste encore à prouver que la psychanalyse soit une thérapie – de même
que la révolution. Peut-être y parviendra-t-on un jour. Je n’ai pas, quant à
moi, pratiqué l’analyse de même que je ne suis pas non plus un révolutionnaire
militant.
Marx lui-même a dit très justement qu’on ne peut pas juger
un mouvement ou une personne (moi, je dirais une époque) d’après ce que ceux-ci
disent d’eux-mêmes, mais d’après ce qu’ils sont vraiment. Or, nous ne savons
pas réellement ce que sont la psychanalyse ou le communisme; il nous manque le
recul de quelques siècles.
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Et
les Italiens se laissaient faire (Dictature sous Mussolini) ?
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Le
pays était complètement inerte. Les Italiens avaient délégué les pleins
pouvoirs au Duce et se contentaient de l’applaudir lorsqu’il faisait des
discours. Ils avaient pour Mussolini et le régime la même confiance que celle d’un
jeune héritier qui ne comprend rien aux affaires et qui laisse un administrateur se charger de tout.
Un bon matin, l’héritier a la mauvaise surprise de découvrir que son cher
administrateur l’a complètement ruiné… C’est exactement ce qui s’est passé en Italie.
Un jour, sans comprendre ce qui arrivait, les Italiens se sont retrouvés en
guerre…
Mussolini, qui avaient été accueilli comme un sauveur,
auréolé d’une légende qui le faisait passer pour un être exceptionnel, qui
savait et pouvait tout – on a même écrit dans journal sicilien, lors d’une
éruption de l’Etna, en Sicile, que le Duce viendrait l’arrêter par son regard –
a mené le pays à un désastre sans précédent ; et le peuple ne s’en est
rendu compte qu’au dernier moment.
-
Vous
souvenez-vous des débuts du fascisme ?
Je
conserve une image inoubliable de la «Marche sur Rome». A l’époque, j’avais 15
ans. Assis sur une fontaine de la Piazza del Popolo, cette splendide place due
à l’architecte Napoléon, Valadier, j’ai vu entrer, par la porte dessinée par
Michel-Ange, des bandes de paysans, d’artisans, de petits bourgeois, de
propriétaires terriens, tous armés de fusils de chasse ; ils avaient des
balles accrochées autour de la ceinture et étaient vêtus de chemises noires et
de pantalons militaires gris-vert… On aurait dit une partie de chasse. Pendant
que je regardais, une guêpe m’a piqué dans le cou. Le souvenir de cette douleur
atroce que j’ai ressentie toute la journée est, pour moi, intimement lié à
celui de la fameuse «Marche sur Rome».
Rome était alors complètement en dehors des luttes et des
véritables guerres civiles qui divisaient le Nord ; on ne comprenait pas
la signification de la Marche. La ville n’était pas du tout agitée. A l’époque,
on peut dire que le fascisme lui-même ignorait ce qu’il était. Il s’agissait
vraiment de quelque chose de «créatif» dans le sens d’obscure et d’inconscient.
Personne ne savait ce que cela allait devenir. Les fascistes se prenaient pour
des révolutionnaires alors qu’ils allaient établir la dictature de la
bourgeoisie et du capital. Mussolini est arrivé au pouvoir avec des ministres
libéraux. On les appelait les fiancheggiatori, c’est-à-dire ceux qui protègent les
flancs, comme à l’armée. Pendant 3 ans, ce fut une situation hybride, avec un
gouvernement formé de fascistes et de libéraux.
Je ne comprenais
pas les événements. D’ailleurs, ceux qui entamèrent consciemment une lutte
politique furent peu nombreux; il s’agit là d’un phénomène purement italien.
Déjà au Moyen Age, dans les luttes entre les Guelfes et les Gibelins, les gens
ne savaient pas où se trouvait l’Empire ni ce qu’il était par rapport à l’Église.
Aujourd’hui, les gauchistes qui n’ont jamais lu Marx de même que les fascistes
qui n’ont jamais lu Nietzsche, ne savent pas pourquoi ils se battent ; l’essentiel,
pour eux, est de se battre…
Le fascisme est un phénomène très complexe ; ce n’est
pas seulement un Etat policier, mais un grand parti de masse créé par la
bourgeoisie qui adopte certaines techniques socialistes et réussit à étendre
les valeurs bourgeoises au peuple. Lorsque la bourgeoisie se rend compte que
les institutions parlementaires et libérales qu’elle-même a crées ne peuvent
plus la protéger et que son pouvoir est contesté, elle impose une dictature. C’est
un processus simple. La dictature de la bourgeoisie s’appelle fascisme comme la
dictature du prolétariat s’appelle stalinisme. Quand j’entends parler les
étrangers (et même parfois les Italiens) du fascisme comme d’un mystère, cela m’agace ;
il n’y a aucun mystère dans le fascisme.
Livre du jour : Le Roi est Nu
aux éditions STOCK
Alberto Moravia
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