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Wittgenstein

Nous avons un invité d’honneur aujourd’hui, je parle nul autre que  Ludwig Wittgenstein.   C’est selon le moi le plus grand philosophe, et non, ce n’est pas François Leboeuf! Wittgenstein est associé à la philosophie des mathématiques, à la théorie du langage, etc. C’est drôle parce qu’on peut scinder sa pensée en deux temps. Il y a le premier Wittgenstein et le second.

 Il s’est beaucoup aussi fait connaître pour sa critique de la métaphysique. Il a essayé de cibler de ce que la philosophie peut parler et ne pas parler, d’une certaine façon, il a essayer de l’épurer. Peut-être peut-on faire un parallèle avec la critique de la raison pure de Kant… Avant de vous laisser lire plus loin, j’ajouterais que notre invité n'était pas un grand érudit, on peut d’une certaine façon dire que sa pensée est originale, ce qui en fait peut-être sa plus grande force.

Je vous invite à lire les citations qui vont suivre, et qui plus est, vous retrouverez un texte qui parle de la vie de notre philosophe. Vous allez constater qu’il est assez spécial !  Faites un peu d’effort, lisez jusqu’à la fin du texte et votre labeur sera récompensé, vous devez le connaître!

CITATIONS EN RAFALE DE CE MAÎTRE DE LA PENSÉE!!!!!!!


Dieu ne se révèle pas lui-meme dans le monde. Ce qui est mystique n'est pas comment est le monde, mais le fait qu'il est....
                                                                                                                                 Wittgenstein


Les vrais problèmes de la vie, en effet ne peuvent pas prendre la forme de questions.
Une réponse qui ne peut etre exprimée suppose une question qui, elle non plus, ne peut etre exprimée. L'énigme n'existe pas.
Si une question se peut absolument poser, elle peut aussi trouver sa réponse.Le septicisime n'est pas refutable, mais est evidemment depourvu de sens s'il s'avise de douter là où il ne peut être posé de question. Car le doute ne peut exister que là où il y a une réponse; et celle-ci, que là ou quelque chose peut etre dit
Nous sentons que même si toute les possibles questions scientifiques ont trouve leur reponses, nos problèmes de vie n'ont pas même ete effleurés. Assurement, il ne subsite pas alors de question; et cela même constitue la réponse.
 
La solution du probleme de la vie se remarque à la dispartion de ce problème
                                                                                                                                 Wittgenstein

On a dit que Dieu pouvait tout créer, sauf seulement ce qui contredirait aux lois de la logique. En effet, nous ne pourrions pas dire à quoi ressemblerait un monde illogique.
                                                                 Wittgenstein

Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse.
                                                                 Wittgenstein


Le monde est tout ce qui a lieu.
                                                                 Wittgenstein

La logique remplit le monde : les limites du monde sont aussi ses propres limites.
                                                                 Wittgenstein

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.
                                                                 Wittgenstein

Ce qui peut être montré ne peut pas être dit.
                                                                 Wittgenstein

Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.
                                                                 Wittgenstein

La mort n'est pas un événement de la vie. La mort ne peut être vécue.
                                                                 Wittgenstein

"La philosophie est une lutte contre la manière
dont le langage ensorcelle notre intelligence."

                                                                 Wittgenstein

"La philosophie n'est pas une doctrine mais une activité."
                                                                 Wittgenstein


 ======================SA VIE==========================================


Le Figaro, no. 18572
Le Figaro Littéraire, jeudi, 22 avril 2004, p. 1,3

DOSSIER

Plusieurs essais sur l'auteur du « Tractatus logico-philosophicus » paraissent
Wittgenstein, dandy de l'absolu

Patrice BOLLON
«Dites-leur que cette vie fut pour moi merveilleuse. » C'est par ces drôles de mots énigmatiques, murmurés à ceux qui le veillaient sur son lit de mort, qu'atteint d'un cancer qu'il se refusait à soigner, Ludwig Wittgenstein prit, le 29 avril 1951, à tout juste 62 ans, congé définitif de l'existence. Une phrase digne de ces Vies des saints comme on en offrait jadis, en fin d'année, aux élèves des catéchismes, mais doublement mystérieuse. D'abord parce qu'on ne sait pas qui Wittgenstein désignait par ce « leur » impersonnel : ses amis ? ses ennemis ? le monde entier ? Ensuite et surtout, parce que s'il y eut une vie à laquelle l'adjectif de « merveilleux » ne convient guère, ce fut bien la sienne.
Elle fut, en effet, non seulement ponctuée d'horribles drames à répétition trois de ses frères se suicidèrent ; ses deux meilleurs amis (amants) moururent avant 30 ans, l'un accidentellement, l'autre de maladie , mais aussi, comme celle de Nietzsche, placée sous les signes conjoints de l'errance, de la souffrance et de la solitude. Né Autrichien, Wittgenstein passa l'essentiel de sa vie en Angleterre, dont il finit par acquérir la nationalité. Mais jamais il ne résida plus de trois ans au même endroit. Tour à tour ingénieur, officier engagé volontaire, instituteur pour les pauvres, architecte, brancardier, etc. cette instabilité n'était cependant rien en comparaison du chemin de croix que fut son existence intérieure.
Dénonciateur inlassable de toutes nos évidences, il était habité en permanence par la peur de perdre la raison ; et s'il ne se suicida pas, c'est qu'il s'agissait, pour lui, d'un « mauvais usage de la volonté ». D'une intransigeance folle, il pouvait se détourner de quelqu'un pour un seul mot mal employé, qui lui faisait supposer que jamais cette personne ne comprendrait ce qu'il cherchait à exprimer. Homosexuel en un temps où les « invertis » devaient se cacher, il éprouvait enfin un intense sentiment de honte qui l'amenait, après avoir « fauté » dans le quartier du Prater à Vienne, près de la Grande Roue, ou les bars interlopes de Londres, à se replier de longs mois dans des cabanes isolées au bord de la mer, en Norvège ou en Irlande, pour méditer et purger sa culpabilité. Fasciné par le silence, il songea d'ailleurs plus d'une fois à entrer dans les ordres.
En même temps, bien qu'il n'ait publié de son vivant qu'un seul livre, le Tractatus logico-philosophicus ce chercheur d'absolu trouvait les autres imparfaits il fut très tôt reconnu comme l'égal des plus grands. Devenu après maintes aventures professeur de philosophie à Cambridge, son enseignement, très peu académique il refusait les cours ex cathedra, au profit de « classes de conversation » tenues dans son appartement , était suivi par des élèves enthousiastes. Et les dictionnaires le portent en général à l'origine de deux des courants les plus importants de la philosophie du XXe siècle, le positivisme logique et la philosophie analytique, qu'il avait par avance rejetés. Car, s'il craignait le plagiat de ses idées, l'incommodaient plus encore les phénomènes de mimétisme de la part de ses « disciples ».
À part cela, il parlait aux oiseaux, comme saint François d'Assise, jouait les fugues de Bach sur sa clarinette, pouvait siffler des symphonies entières en s'accompagnant au piano, se nourrit un temps exclusivement de cacao ; et, last but not least, on lui attribue même un miracle, il est vrai fort prosaïque, celui d'avoir fait repartir une machine à tisser tombée en panne dans le village de Basse-Autriche où il fut instituteur en faisant taper en rythme par les ouvriers sur le châssis avec des briques !
Huitième et dernier enfant du plus puissant maître de forges de l'empire austro-hongrois, tout avait pourtant commencé pour le mieux pour lui, à sa naissance à Vienne, en 1889. Prototype du bourgeois israélite intégré sa famille s'était convertie au protestantisme depuis des générations et se sentait profondément autrichienne , son père Karl était aussi un mécène averti : intime de Brahms, de Mahler et de Clara Schumann, qui venaient régulièrement tâter du piano dans son palais, il finança la première exposition des artistes de la Sezession viennoise, l'avant-garde picturale menée par Klimt.
Une façade brillante derrière laquelle les tragédies s'accumulaient : musicien prodige, le frère aîné de Ludwig se suicidait par noyade, à 26 ans, en Amérique, pour échapper à l'influence de son père, qui voulait en faire son successeur ; poète, le second se pendait deux ans plus tard à Berlin, en raison, semble-t-il, d'une homosexualité mal assumée ; officier, le troisième se tira une balle dans la tête en 1918, pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi. Quant au quatrième, Paul, pianiste de renommée mondiale, ayant perdu le bras droit pendant la guerre, il usa plus tard de sa fortune pour commander aux grands compositeurs des oeuvres. Ravel lui dédia son Concerto pour la main gauche.
Plus adapté en apparence que ses frères, Ludwig Wittgenstein se destinait au métier plus paisible d'ingénieur. De fait, c'est via de sérieuses études de mécanique à Berlin puis à Manchester, où l'on dit qu'il dressa les plans d'un moteur d'avion à turbopropulsion, qu'il se passionna pour la logique et, à travers elle, la philosophie. Venu rencontrer à Cambridge Bertrand Russell, alors considéré comme le plus grand logicien du monde avec l'Allemand Gottlob Frege, il y fut rapidement adopté par la confrérie des Apôtres, réunie autour de Keynes et issue du groupe de Bloomsbury. Russell dit même un jour à la soeur aînée de Wittgenstein, Hermine, que c'est de Ludwig qu'il attendait « les plus grands progrès de la philosophie à venir ».
La mort de son père en 1913, puis la guerre de 14-18, où, bien que réformé, il s'engagea, devint officier et fut fait prisonnier par les Italiens, devaient tout changer pour lui. Résolu à embrasser la carrière de philosophe, il commença, de retour de captivité, par se délester de son héritage, qui en faisait l'un des hommes les plus riches d'Europe, le distribuant à ses soeurs avec obligation pour elles de financer des bourses pour les artistes dans le besoin, comme Rilke, Trakl et Kokoschka, qui en furent des bénéficiaires. Puis, sous l'influence de la lecture de l'Abrégé des Évangiles de Tolstoï, redevenu pauvre, condition pour lui de toute pensée libre, il se fit instituteur dans un village de montagne, où les paysans l'accusèrent de sévices à l'égard des enfants (le procès qui s'ensuivit devait l'innocenter) et publiait le Tractatus, en 1922, après nombre de refus d'éditeurs.
Organisé en propositions numérotées selon un schéma arborescent (les propositions de 1 à 7 étant de même « niveau » ; la 1.1, un commentaire de la 1 ; les 1.11 et 1.12 des précisions de la 1.1 ; etc.), ce véritable Ovni de la pensée, écrit dans un style nu, sans la moindre référence livresque, se présente au premier abord comme une sorte de « mise en logique » totale de l'Univers (« Le monde est tout ce qui arrive », dit la proposition 1).
Élargissant les recherches de Russell et de Frege, Wittgenstein tentait d'y faire le départ entre ce qui peut être dit, car logiquement « bien formé », et ce qu'il faut taire car dépourvu de sens, le livre s'achevant sur l'aphorisme 7, si souvent cité : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. » Par là il pensait avoir résolu tous les problèmes de la philosophie ce qui ne peut, ou ne devrait pas, se dire, mais seulement « se montrer », l'éthique ou l'esthétique, relevant du domaine de la mystique et étant, pour cette raison, laissés au libre choix de chacun.
Le Tractatus paru, Wittgenstein décidait d'abandonner pour toujours la philosophie. Invité par les membres néopositivistes du Cercle de Vienne (Schlick, Waismann, Carnap), qui se recommandaient de lui, à exposer sa doctrine, il se contenta de leur réciter, le dos tourné, des poèmes de l'Indien Tagore, concluant sa performance en proclamant que « la philosophie, on ne devrait, pour bien faire, ne l'écrire qu'en poèmes ». Et, après avoir démissionné de son poste d'instituteur et travaillé six mois comme jardinier dans un couvent, il se mit à réaliser pour sa soeur Gretl une maison en tant qu'architecte, une autre de ses passions, dans un style moderne puriste ultra dépouillé.
Ce n'est que sur les instances pressantes de Russell qu'il revint, en 1929, à la pensée. Installé pour toujours à Cambridge, sa vie prit alors un cours plus « normal », quoiqu'il scandalisât ses pairs par son refus de porter l'habit et de dîner avec eux à la « table haute » des professeurs et, comme nous l'avons dit, par son étrange méthode d'enseignement. Russell dut même bientôt avouer qu'il ne comprenait plus rien à ce qu'il disait, l'accusant d'avoir rompu avec la logique pour se rapprocher de la religion.
À partir de 1933, Wittgenstein n'eut en effet de cesse de répudier son premier livre, qu'il jugeait « naïf » et « réducteur ». De tous les penseurs, sans doute est-il même le seul dans l'histoire à avoir combattu ce pour quoi il avait auparavant sacrifié sa vie. On comprend, dans ces conditions, la difficulté de saisir la portée d'ensemble de son oeuvre. Ce d'autant plus qu'à l'instar de celle de Nietzsche, à laquelle elle fait beaucoup penser par sa manière c'était, lui aussi, un grand styliste, un « philosophe-artiste » , elle forme un continent entier, non systématique et des plus diversifiés, traitant aussi bien de logique que de morale, d'esthétique, d'anthropologie, de psychologie, voire il vénérait Goethe de la théorie des couleurs...
De fait, comme toutes les grandes oeuvres, la sienne est redevable d'une infinité de lectures : celle, d'abord, explicite, des sujets abordés. Wittgenstein a beaucoup apporté à la réflexion sur les fondements des mathématiques, qu'il ne considérait pas tautologiques (leurs conclusions se bornant à formuler d'une autre façon leurs axiomes de départ), mais, via l'énoncé de nouvelles connexions logiques, comme une « création grammaticale » à part entière. De même peut-on voir en lui une sorte de préstructuraliste dans les commentaires qu'il fit du Rameau d'or, le dictionnaire des mythes du monde entier collationnés par Frazer : pour lui, les « cultures » représentaient des entités complètes, totalement disjointes.
Il fut enfin l'un de ceux à avoir le mieux perçu, au XXe siècle, les liens unissant la pensée au langage : « On entend toujours (...), note-t-il ainsi dans les Remarques mêlées, le journal par aphorismes qu'il tint toute sa vie, que la philosophie ne fait à proprement parler aucun progrès, que les mêmes problèmes philosophiques qui occupaient déjà les Grecs nous occupent encore. Mais ceux qui disent cela ne comprennent pas la raison pour laquelle il doit en être ainsi. (...) Tant qu'il y aura un verbe « être » qui semblera fonctionner comme fonctionnent « manger » et « boire », tant qu'il y aura les adjectifs « identique », « vrai », « faux », « possible », tant que l'on parlera d'un flux du temps et d'une extension de l'espace, etc., etc., les hommes viendront toujours heurter à nouveau les mêmes difficultés énigmatiques et contempler d'un air fixe ce dont aucune explication ne semble pouvoir venir à bout ». À quoi il opposait la nécessité de concevoir toute pensée comme un « jeu de langage », lié au choix d'une « manière de vivre ».
Sous ce renversement d'optique se tenait pourtant, pour Wittgenstein, un autre objet, implicite et bien plus fondamental : celui de la conduite de la vie. En donnant pour bases aux diverses doctrines de l'existence des décisions de « formes de vie », on peut même soutenir qu'il ne faisait jamais que retrouver la leçon, toujours neuve, de la philosophie antique. Celle-ci, à l'entendre, n'avait pas pour mission de forger des théories, d'inventer d'autres mondes, mais de clarifier celui qui nous a échu, afin de nous aider à développer notre conception propre, personnelle et quotidienne, des choses. École de rigueur, d'honnêteté intellectuelle et de liberté d'esprit, mais aussi de tolérance et de tact social, l'oeuvre de Wittgenstein, inséparable de sa vie, s'annonce en ce sens comme une sorte de savoir inquiet, tragique et « gai », de la vie. Volontiers prophétique, ce grand singulier était d'ailleurs convaincu, à l'instar de Nietzsche, d'appartenir à une époque non encore advenue : « J'ai dit un jour, et peut-être à juste titre, écrit-il encore dans les Remarques mêlées : de l'ancienne culture, il ne restera qu'un tas de décombres, et pour finir un tas de cendres, mais il y aura des esprits qui flotteront sur ces cendres. » Puisse le sien nous aider à en finir avec nos temps si confus, si mous !.

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